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Dysocclusion dentaire et migraine

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Dans un livre intitulé « La migraine, la comprendre et la guérir définitivement » (1), nous avons montré combien la dysocclusion dentaire joue un rôle essentiel dans la pathogénie des migraines. Notre propos est d’exposer notre façon d’aborder ce que nous appelons le syndrome clinique de la dysocclusion des migraineux, d’en rechercher les causes et de préciser le traitement de chacune d’elles, pour parvenir à la guérison.

Syndrome clinique de la dysocclusion dentaire des migraineux

Le chirurgien-dentiste, comme le médecin, va chercher et trouver les signes qui font partie désormais du syndrome clinique de la migraine, et qui surtout vont l’aider à vérifier les effets de son traitement. L’examen clinique montre une sensibilité anormale provoquée :

  • de divers muscles cervico-céphaliques, droits et gauches, scalènes, masséters, ptérygoïdiens médians, ptérygoïdiens latéraux, sterno-cléidomastoïdiens,
  • de nerfs faciaux à leur émergence de la boîte crânienne,
  • branches internes des nerfs supra-orbitaires, palpées à l’angle supéro-interne de la cavité orbitaire,
  • branches externes palpées 1 à 1,5 cm plus en dehors,
  • nerfs sous-orbitaires palpés à environ 1 cm du bord inférieur de l’orbite,
  • des articulations temporo-maxillaires,
  • de la partie postéro-interne des genoux,
  • et plus encore de la cheville, sous la malléole externe, à gauche surtout.

Les causes du syndrome clinique de la dysocclusion des migraineux

Après plus de quinze ans de travail en étroite collaboration entre dentistes et médecins du CEETMC de Vittel, nous pouvons mettre en relief un certain nombre de causes de dysocclusion intervenant spécifiquement dans la pathogénie de la migraine et qui sont les suivantes :

  • l’inocclusion canine
  • les prématurités
  • les obstacles dans les mouvements de latéralité
  • la supraclusion
  • la béance incisivo-canine
  • les causes iatrogènes.

L’inocclusion canine

Elle est plus ou moins importante. Il faut savoir la rechercher. Il suffit de passer une lamelle de papier entre deux canines, puis de la faire glisser d’arrière en avant. Les dents serrées, la lamelle de papier n’accroche pas. On replie l’extrémité de cette lamelle de papier sur 1 à 2 cm. On refait la même manoeuvre et on replie ainsi l’extrémité de la lamelle de papier le nombre de fois nécessaire pour assurer le contact canin et constater que toute la symptomatologie irritative a disparu.

L’inocclusion est souvent bilatérale. Le comblement de l’espace entre les canines, même d’un seul côté, peut donner un résultat démonstratif. Mais le plus souvent, la mise en contact des canines à la fois à droite et à gauche donne de meilleurs résultats.

La prématurité

Il faut la rechercher systématiquement, par l’interrogatoire, par l’épreuve des papiers encrés. Pour confirmer la nocivité d’une prématurité d’un côté, il suffit de placer, entre les molaires symétriques du côté opposé, une ou deux épaisseurs de lamelle de papier pour constater la disparition immédiate de toute la symptomatologie irritative.

Obstacles dans les mouvements de latéralité

C’est l’anomalie occlusale la plus fréquente. On met en évidence ces obstacles par l’épreuve classique des papiers encrés, en faisant successivement « claquer les dents », et « grincer les dents » de droite à gauche. Cette épreuve objectivise ainsi des obstacles travaillants et non travaillants. Si cette épreuve des papiers encrés n’a mis en évidence qu’un obstacle, travaillant ou non travaillant, la preuve de sa responsabilité est facilement apportée : une lamelle de papier simple, de la largeur de la dent supposée responsable, est placée entre celle-ci et son homologue sur l’arcade dentaire opposée. On fait fermer la bouche et, là encore, toute l’irritation oro-faciale, ainsi que celle de la cheville, disparaît.

L’épreuve des papiers encrés suggère souvent la possibilité de plusieurs obstacles potentiellement nocifs. On teste ces obstacles successivement par l’épreuve des lamelles de papier simple et on ne retient comme pathogènes que ceux où la lamelle de papier entraîne la disparition de l’irritation occlusale.

La supraclusion

Le diagnostic est évident. Les dents mandibulaires disparaissent derrière les dents maxillaires. La distance verticale d’occlusion est réduite.

On retrouve en totalité la symptomatologie du syndrome clinique de la dysocclusion de la migraine. La mise en place d’un rouleau de coton entre les arcades dentaires, de façon à rétablir la DVO, supprime instantanément toute la sensibilité douloureuse provoquée.

Le surplomb incisivo-canin

Les dents supérieures et antérieures, incisives et canines maxillaires, plus ou moins vestibulées, sont très écartées des dents mandibulaires. En rétablissant le contact canin, d’un seul côté, droit ou gauche, ou mieux, à la fois des deux côtés, soit par l’interposition d’un rouleau de coton, soit avec les lamelles de papier, repliées à leur extrémité un nombre de fois suffisant, on fait disparaître sur le champ toute l’irritabilité du syndrome clinique de la dysocclusion des migraineux.

Les causes iatrogènes de dysocclusion

Elles sont fréquentes. Il peut s’agir d’appareils dentaires qui d’emblée bougent à chaque fermeture de la bouche, qui gênent la mastication, ou qui sont mal tolérés secondairement. Ailleurs, ce sont des prématurités créées par des couronnes, et notamment les couronnes en céramique. Il suffit souvent, dans ces cas de migraines d’origine iatrogène, de placer un coton salivaire transversalement entre les dents antérieures, maxillaires et mandibulaires, pour constater la disparition de l’irritabilité neuromusculaire de la région oro-faciale et à distance.

Traitement des causes de la dysocclusion des migraineux

La suppression des causes de la dysocclusion des migraineux conduit à l’amélioration progressive et à la guérison, l’expérience le prouve.

L’inocclusion canine

Dans ce cas, la pose d’un plan de morsure est la solution qui s’impose immédiatement. Le protocole est le suivant : prise de l’empreinte du maxillaire pour la réalisation du plan de morsure. Celui-ci porte deux ergots canins qui sont faits par le prothésiste ou par le chirurgien-dentiste lui-même.

Ces ergots s’intercalent entre les canines maxillaires et les canines mandibulaires. L’épaisseur efficace de ces ergots est obtenue par ajouts et soustractions successifs, en s’aidant des papiers d’occlusion et des lamelles de papier placées alternativement à droite ou à gauche entre ergots et canines sous-jacentes, avec vérification, après chaque manoeuvre, de la sensibilité des ATM, des muscles et nerfs faciaux, des chevilles, des genoux, des ATM. Il faut obtenir, et on obtient, la disparition de tout signe d’irritation neuromusculaire de la tête aux pieds.

Les prématurités

On use la surface de la dent responsable par meulages successifs, en s’aidant des papiers encrés, et surtout en vérifiant, après chaque meulage, l’amélioration et finalement la disparition de tous les symptômes irritatifs du syndrome de dysocclusion.

Les obstacles en latéralité

On les traite par meulages successifs, s’aidant chaque fois de l’épreuve des papiers encrés, jusqu’à ce que ces meulages s’avèrent suffisants. On teste après chaque meulage, par un examen clinique rapide, l’atténuation progressive de tous les signes irritatifs.

La supraclusion

Le test du coton a bien montré que le simple rehaussement de la DVO fait disparaître tous les symptômes irritatifs du syndrome de dysocclusion de la migraine. Nous avons systématiquement recours au plan de morsure.

Le surplomb incisivo-canin

Dans ce cas, le contact canin a disparu. Si on le rétablit, le syndrome irritatif disparaît.

Causes iatrogènes

Pour ce qui est du traitement des causes iatrogènes, telles que certaines prématurités et obstacles travaillants et non travaillants, engendrés par des couronnes dentaires, il est le même que le traitement de ces mêmes causes quand elles sont primitives.

Quand la dysocclusion est en rapport avec des appareils dentaires, on peut être appelé là aussi à corriger certaines prématurités ou certains obstacles travaillants ou non travaillants apportés par ces appareils. Mais le plus souvent, le traitement de la dysocclusion est alors celui de l’obtention d’un retour à un meilleur équilibre et à une meilleure tolérance de ces appareils, voire de leur remplacement. Les difficultés peuvent être représentées par un remaniement des gencives et de l’ossature sous-jacente.

Discussions

La migraine est une affection très fréquente. Elle touche environ 10 % de la population. On la considère encore trop souvent comme une maladie de cause indéterminée. Il est désormais certain que la migraine a des causes bien précises, et que la cause majeure, que l’on retrouve dans tous les cas, est la dysocclusion dentaire. Il faut savoir en rechercher le mécanisme qui est souvent complexe. Sa correction qui doit conduire à la guérison, se fait en général par étapes, ce dont le patient doit être averti d’emblée.

Conclusion

La guérison de la migraine passe en premier par la correction de la dysocclusion dentaire, spécifique à cette pathologie. Elle existe dans tous les cas, encore faut-il vouloir et savoir la rechercher et savoir la traiter, sans négliger toutefois d’autres facteurs, déficit magnésique, anomalie de la position de sommeil, troubles orthoptiques, anomalies podologiques. Le migraineux est désormais en droit d’obtenir sa guérison.

Résumé

La dysocclusion dentaire est la cause majeure de la migraine. Elle se reconnaît à l’examen clinique par une irritabilité spécifique, caractérisée par une sensibilité douloureuse anormale à la pression des muscles scalènes, ptérygoïdiens latéraux et médians, masséters, temporaux, des branches externes et internes des nerfs supra-orbitaires et des nerfs sous-orbitaires à leur émergence de la boîte crânienne, des articulations temporo-maxillaires, et à distance, de la partie postéro-interne des genoux et au niveau de la région sous-malléolaire externe des chevilles. Les épreuves des rouleaux de coton, des papiers encrés, des lamelles de papier placées entre les dents, aident à la recherche et à l’individualisation des raisons de la dysocclusion, prématurité, inocclusion canine, obstacles dans les mouvements en latéralité, supraclusion, surplomb incisivo-canin et causes iatrogènes par couronnes et autres appareils dentaires.

Le traitement de ces anomalies occlusales recourt au plan de morsure qui s’impose très souvent en première intention, aux meulages dirigés par les contrôles cliniques réalisés pendant le traitement, à la correction d’anomalies iatrogènes.

Références bibliographiques

1. On la trouvera détaillée dans le livre : THOMAS J. TOMB E. THOMAS E., « La migraine, la comprendre et la guérir », Ed. Les Heures de France, 135p., 2006

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A propos de l'auteur

Dr. Julien THOMAS

Diplômé du Diplôme Universitaire Européen d’Endodontologie Clinique
Ancien Assistant Hospitalo-Universitaire (Université Paris Diderot)
Exercice limité à l’endodontie (Paris)

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