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Les Conseils de Deborah : Organiser la première consultation en omnipratique

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Un cabinet de parodontie reçoit un patient conscient qu’il souffre de “déchaussement”. Un patient qui a pris rendez-vous avec un endodontiste sait que l’expert qu’il va voir est probablement sa dernière chance pour « lui sauver sa dent ». L’implantologiste accueille en consultation des patients qui souhaitent une solution implantaire pour résoudre leur problématique prothétique. « Les spécialistes » (ou reconnus comme tels par l’orientation de leur pratique quotidienne) reçoivent des patients référés par des confrères. Ces patients sont en principe « motivés » par une solution thérapeutique définie et validée au préalable. Et il est probable que ces mêmes confrères aient aiguillé vers d’autres traitements les patients récalcitrants à ces options de soins. Par conséquent, l’implantologiste, le parodontiste, l’endodontiste, l’occlusondontiste …ont en général des taux d’acceptation de ses traitements supérieurs à 85%.

Dans un cabinet d’omnipratique, le quotidien est bien différent. La plupart des patients qui viennent consulter ne savent pas de quoi ils souffrent. Ils se doutent encore moins qu’il puisse y avoir des pathologies sans douleur. Ils saisissent rarement en quoi le temps peut influer sur l’aggravation de leur état bucco-dentaire, que différer ne fera que compliquer les solutions thérapeutiques à venir, ou encore l’aspect irréversible de certaines situations. Il est souvent hors de leur champ de compréhension que « rien ne peut s’arranger seul » car beaucoup de patients pensent encore « que la nature fera les choses comme pour une bonne grippe ! »… D’ailleurs, ne vous disent-ils pas « Docteur, ça va mieux, je n’ai plus mal » ? Nous avons de ce fait en notre qualité de soignant en omnipratique, un important travail à faire de découverte de la personnalité du patient qui consulte, de compréhension de son histoire, de sa logique, de sa demande, de ses attentes… qui sont d’ailleurs parfois, nous l’avons tous constaté, bien éloignées de ses besoins en terme de santé buccodentaire.

Les trois temps de la première consultation de bilan

Un diagnostic de trois quart d’heure

Pour la première consultation d’un patient qui vient pour un bilan de sa bouche, nous préconisons une durée de 45 minutes. 45 minutes pour faire un diagnostic, me diriez-vous, c’est beaucoup trop long !! Vous avez raison, les experts que nous sommes après quelques années d’exercice n’ont besoin tout au plus que de quelques minutes dans l’énorme majorité des cas. Ce qui prend du temps, c’est de découvrir la personne qui est en face de nous, sa vision de la dentisterie, son implication dans sa santé bucco-dentaire, son niveau de compréhension. Quelles sont ses craintes, ses freins ? Qu’est-ce qui fait qu’elle se trouve dans cet état-là, ici et maintenant ? C’est également prendre le temps de lui expliquer l’évolution des ses pathologies, bref, ce qui va se passer si elle ne se fait pas soigner. Mon objectif est donc de partager avec vous la démarche, les approches et les outils les plus pertinents pour « motiver » nos patients non informés ou mal informés. Et par voie de conséquence, bien plus : leur donner envie de retrouver une bouche saine et de la garder en bonne santé !

La première consultation dure 45 minutes et se décompose en trois temps

  • l’entretien praticien-patient au bureau
  • l’examen clinique et les examens complémentaires au fauteuil
  • la synthèse de l’exploration complète de sa bouche à nouveau au bureau

L’entretien

L’entretien se fait toujours dans un espace propice à ce tête-à-tête. En général un bureau, car le praticien doit s’organiser un véritable « coin de communication ». Le fauteuil est un « objet » assimilé aux soins et souvent très connoté de peurs et de douleurs. Ne rêvez pas, même en position assise, le patient est inconfortable et peu enclin à se confier. L’objectif de cet entretien est de comprendre le patient, dans ses attentes, ses craintes et ses désirs. Il est bien plus complexe de faire un « diagnostic de personnalité » qu’un diagnostic clinique ; commencez vos entretiens en étant centré sur la personne et non sur ses dents, à l’aide de question larges, ouvertes. Vous influencerez moins ses réponses…laissez-le se livrer. « Qu’est-ce qui vous arrive Mme Rochemolle ? » ou bien « Qu’est-ce qui vous amène à consulter, Monsieur Michu ? » sont deux bonnes questions pour démarrer un premier entretien. Gardez toujours à l’esprit de mieux comprendre le patient, ses critères, ses valeurs, sa logique. Pour cela, reformuler et relancer l’échange par d’autres questions d’exploration, par exemple : :

« Qu’est-ce qui vous fait penser que… ? »,

  • « Qu’est-ce qui est important pour vous… ? »
  • « En quoi est-ce gênant … ? »
  • « Que pensez-vous de ? »
  • « A quand remonte votre dernier bilan… ? »

L’examen clinique et les examens complémentaires

Il se déroule bien évidemment au fauteuil. C’est bien sûr, un temps de recueil d’éléments de diagnostic, mais également une collecte d’informations comme supports d’explication et de communication pour le patient. Les outils incontournables à avoir à sa portée sont : un petit miroir face à main, du révélateur de plaque, un appareil photo numérique (ou une caméra endo-buccale), un logiciel dentaire bien paramétré par vous ou votre assistante. Pour ceux qui pratiquent les tests bactériens, un microscope, des tests de prélèvements paro ou cario sont aussi nécessaires.

La synthèse du co-diagnostic complet au bureau avec le patient

Sous la dictée du praticien, l’assistante complète la saisie du bilan initial

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Le but du « débriefing » au bureau est d’exposer au patient l’ensemble des problématiques, des pathologies et des risques présents dans sa bouche à ce jour. Lui faire prendre conscience de ces différents points se révèle souvent complexe. D’une part, le patient doit intégrer de nouvelles données avec un champ lexical inconnu. D’autre part, il peut être difficile d’expliciter certains cas en termes accessibles. Souvenez vous donc de l’adage qui dit : « une image vaut mille mots » et organisez votre bureau en un coin de communication pertinent. Il existe des animations DVD très bien faites ; rien n’est cependant plus percutant que de découvrir sa propre bouche affichée à l’écran : un agrandissement de telle papille inflammatoire, de tel amalgame fissuré, d’une égression de l’antagoniste, d’un amas de tartre, d’une fistule, d’une carie… Quatre photos prises en une minute avec des écarteurs et un miroir endo-buccal suffisent généralement : une vue de face en occlusion, une de l’arcade inférieure, une avec miroir de l’arcade supérieure et en rétro incisif à la mandibule. Les photos sont intégrées dans la fiche du patient. La saisie du schéma initial est également très explicite, le codage est simple : en vert est colorié ce qui a été traité et qui ne pose pas de souci, et en rouge le sont les pathologies existantes, en résumé tout ce qui ne va pas. Le décryptage en deux couleurs est simple et pédagogique. Le but est d’aider le patient à comprendre ce qui se passe dans sa bouche et d’objectiver les pathologies, les dégradations et les évolutions néfastes de ses problèmes. Sur le négatoscope, on affiche la radio panoramique ou le status rétroalvéolaire afin d’avoir une vision globale de la bouche et d’étayer vos explications. Des modèles pédagogiques peuvent également venir appuyer votre discours, et n’hésitez pas le cas échéant à faire un petit croquis pour vous faire comprendre. Il est probable que vous entendrez vos patients dire après un bilan de 45 minutes : « Mais on ne m’a jamais expliqué tout cela… si j’avais su… je vais régulièrement faire un contrôle.. comment se fait-il que… si on avait fait des radios on se serait aperçu que… »

Mais qui a dit que c’était les patients qui n’étaient pas motivés !?

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A propos de l'auteur

Dr. Deborah TIGRID

Présidente de Feed Back Medical

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