Par Jean-Baptiste Seigneuric
Si le phénomène des serial killers a fait évoluer l’investigation en sciences criminelles, il a aussi influencé la littérature policière et redéfini les contours d’un champ romanesque consacré à ces typologies d’homicides. Ce roman met en scène un tueur multirécidiviste, atypique, gouverné par le désir souverain de châtier la nuisance sociale et les manquements aux devoirs de civilité. “Je suis un combattant, un guerrier anonyme contre l’incivisme : un homme comme un autre, invisible. Mais j’ai toujours pressenti ma différence…”
Tout est dit dans cette profession de foi qui entraînera cet agresseur à passer à l’acte, sans retenue compassionnelle à l’égard de ses victimes, au nom de la règle majeure qu’il s’est imposée.
Dans un style alerte et presque cinématographique, l’auteur fait pénétrer le lecteur dans plusieurs scènes de crime où le dynamisme descriptif le dispute à l’intensité des ambiances ressaisies entre les protagonistes. En contrepoint, le développement de l’enquête policière inscrit un fil rouge dans la narration qui aura pour conséquence une révélation aussi surprenante qu’inattendue. Cette livraison iconoclaste et captivante, où le suspense est maintenu de bout en bout, trouvera son acmé dans un achèvement inspiré de la tragédie antique.
Ce roman est recommandé à ceux qui, au-delà de l’évasion que procure la littérature noire, souhaitent s’interroger sur les limites et le ressenti de notre rapport à l’autre dans nos modèles sociaux.
Les 2 encres
186 pages, 18 €