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La peur du dentiste

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Entretien avec Jean Baptiste BOHl

1. Vous avez coécrit un ouvrage intitulé «La peur du dentiste». Comment est né ce projet ?

C’est dans le cadre du laboratoire d’éthique médicale de la faculté de médecine de l’Université Descartes que la réflexion s’est faite sur la prise en charge du patient lors des soins bucco-dentaires. L’odontophobie est omniprésente dans notre exercice. Il manquait un ouvrage sur le sujet …

2. La peur du dentiste est un phénomène peut-être aussi ancien que la dentisterie elle-même. Quels en sont les fondements?

Vous avez raison, la peur du dentiste a toujours été en filigrane des soins dentaires. Les raisons et les causes incriminées sont multiples et variées. C’est d’ailleurs pour cela que ce sujet est développé dans l’ouvrage : car pour traiter un sujet, ne faut-il pas tout d’abord le comprendre ?

Ainsi, l’histoire, la littérature, le théâtre, le cinéma, les religions, finalement tout ce qui constitue notre société apportent des éclaircissements sur ce phénomène ancestral.

3. Quels sont selon vous les quelques points clés sur lesquels agir pour gérer efficacement cette phobie, par définition irrationnelle ?

le livre la peur du dentiste

Il existe de multiples solutions pour réduire « la peur du dentiste », elles sont patient dépendant mais aussi praticien dépendant.

C’est pourquoi ce livre présente celles qui sont faciles à mettre en œuvre mais également celles qui nécessitent une formation.

A mon sens, prendre en considération cette phobie avec humanité et avec compétence constitue le socle de la prise en charge de l’odontophobie.

Tous nos confrères sont confrontés à ce type de patients, ils ont chacun développé une méthode afin d’y faire face.

J’espère que cet ouvrage leur permettra d’affiner leur prise en charge, voire même de s’intéresser à de nouvelles thérapeutiques : la peur du dentiste n’est pas une fatalité !

4. Avoir le sens de l’humour est-il un bon antidote contre cette peur ou un risque que le patient ne se sente pas pris au sérieux ?

C’est une bonne question, l’humour est bien entendu un remède contre beaucoup de problèmes et peut désamorcer des situations tendues : rire chaque jour serait d’ailleurs bénéfique pour la santé. Toutefois, il n’existe pas d’études spécifiques à ce sujet, cela pourrait d’ailleurs tout à fait faire l’objet de recherches.

La difficulté ici est d’utiliser cet outil à bon escient, sans excès et avec finesse. Cela peut être un exercice assez ardu.

5. Les dentistes souffrent ces temps-ci d’une réputation houleuse, mise à mal par les différents scandales qui ont secoué la profession (prothèses douteuses importées de Chine, frais occultes, ou plus récemment l’affaire Mark Van Nierop, dit le dentiste de l’horreur) ; comment peuvent-ils efficacement se démarquer et afficher une image empreinte de professionnalisme ?

Ces scandales sont bien tristes et ne représentent aucunement notre profession. Malgré le tapage médiatique que cela a induit, je suis convaincu que la majorité des patients font la part des choses. Une bonne écoute, l’instauration d’une confiance accompagnées de nos compétences ne peuvent que rassurer nos patients.

6. Votre ouvrage donne aux praticiens les clés pour comprendre et gérer efficacement la peur du dentiste. Ne songez-vous pas, à l’avenir, à rédiger un second ouvrage dans le même esprit, mais cette fois adressé aux patients ?

Oui, il est dédié à la profession, et cherche à aider nos confrères dans cette prise en charge qui peut s’avérer difficile.

Mais il ne présente pas les clés, ce n’est pas un mode d’emploi et nous nous gardons de donner des leçons. Il constitue plutôt un état des lieux des solutions existantes, pouvant diminuer l’anxiété de nos patients, et en répercussion augmenter le bien-être et la satisfaction des praticiens.

Il est certain que ce thème peut s’adresser aux patients, ce sont bien entendu les premiers intéressés.

Mais dans ce cas, le sujet doit être présenté différemment : nous nous adressons aux patients, à ceux qui ont peur ; il s’agit alors de désacraliser cette consultation chez le chirurgien-dentiste, et de montrer au patient que la profession est consciente de son image qui n’est pas représentative de la réalité. On est dans un cliché. Et les clichés ont la vie dure…

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