Dr. Philippe PIRNAY : Votre ouvrage « Les médicaments en odontostomatologie » est un outil particulièrement clair, précis, de lecture aisée, bien documenté, et qui était attendu par la profession. Comment l’idée de cet ouvrage est apparue ?
Dr. Vianney DESCROIX : Cet ouvrage est d’abord né de la volonté des éditions Maloine de proposer aux chirurgiens dentistes (étudiants, internes, praticiens) un livre de pharmacologie spécifiquement destinés aux besoins de notre profession. Il nous a alors semblé important avec le docteur Yasukawa, co-auteur de ce livre, de rédiger un ouvrage utile et pratique tant sur le fond que sur la forme. Ainsi, nous avons tenu à ce qu’on puisse y retrouver évidemment les médicaments d’usage courant en odontologie mais aussi la grande majorité des dispositifs médicaux, produits que l’on retrouve que très rarement dans ce type d’ouvrage et qu’il est particulièrement difficile de référencer. Il s’agissait principalement pour nous de permettre aux chirurgiensdentistes de retrouver dans un même ouvrage tous les éléments nécessaires et suffisants à la prescription des médicaments et au maniement des dispositifs médicaux.
Dr. P. P. : Comment évaluez-vous le risque iatrogène au cours d’une prescription médicamenteuse par un chirurgien-dentiste ?
Dr. V. D. : Tout prescripteur doit avoir à l’esprit qu’aucune prescription n’est anodine, et qu’un accident dû à un médicament peut survenir aussi bien du fait d’une interaction médicamenteuse que du statut médical du patient. Ainsi, le risque iatrogène médicamenteux peut-il et doit-il être prévenu avant tout par une parfaite connaissance du questionnaire médical et une anamnèse approfondie du patient, seules façons de connaître son état de santé général et les médicaments qu’il est amené à prendre de façon chronique ou ponctuellement.
Dr. P. P. : Vous avez judicieusement précisé que « ce n’est pas le médicament qui soigne, mais bien la justesse du diagnostic et la connaissance de la pathologie ». Pourquoi une telle précision ?
Dr. V. D. : Les Français sont avec les Américains les plus gros consommateurs au monde de médicaments. Cette surconsommation de médicaments ne semble pas pour autant être liée à un état de santé plus mauvais des Français que de leurs voisins européens. Il nous est apparu important de rappeler, sans doute une évidence, que le médicament n’est pas un « objet magique » et qu’à lui seul il ne peut pas tout. Il n’a d’intérêt que dans des indications bien précises qui ne peuvent être précisées que par une bonne connaissance de la physiologie, de la pathologie et du diagnostic.
Dr. P. P. : Vous n’avez pas un parcours commun. Pourquoi avez-vous choisi une double formation, la pharmacie et la chirurgie dentaire ?
Dr. V. D. : Après mes études de chirurgien dentiste, j’ai ressenti le besoin d’acquérir une formation plus poussée et pointue en biologie et en physiopathologie humaine, tout ceci associé à une attirance personnelle et particulière pour les sciences pharmaceutiques. Cette seconde formation en pharmacie très enrichissante sur le plan cognitif demande bien sûr de la volonté personnelle mais aussi un soutien sans faille de l’entourage tant familial que professionnel. Il m’a été possible de mener à bien ce parcours, grâce entre autre, à la confiance de la faculté de chirurgie dentaire de Paris 7.
Dr. P. P. : Aujourd’hui, quels sont les motifs de votre exercice dentaire ?
Dr. V. D. : J’ai décidé depuis un certain nombre d’années d’orienter mon exercice vers les fonctions universitaire, hospitalière et de recherche. Je consacre aujourd’hui l’intégralité de mon activité à l’enseignement de la pharmacologie et de la thérapeutique, à la prise en charge des patients au sein d’un service hospitalier et à la recherche en biologie et pathologie orale.
Dr. P. P. : Quel est votre plus agréable souvenir dans votre exercice de praticien ?
Dr. V. D. : Mon expérience en tant que praticien est encore modeste et en devenir. Mais je sais déjà que le métier de soignant est sans doute un des plus gratifiants. Je n’ai donc pas de souvenir en particulier mais plus une satisfaction en général de pouvoir soulager, rassurer et soigner des patients.
Dr. P. P. : Et celui d’une expérience que vous aimeriez partager avec nos confrères ?
Dr. V. D. : Le choix d’une carrière d’enseignant chercheur ne s’est pas fait au hasard. Elle correspond très exactement à ma volonté de partager entre confrères des connaissances et des expériences professionnelles. Aucune autre profession n’aurait pu me permettre d’être aussi souvent au contact de mes confrères et avec eux, de faire évoluer la discipline odontologique.
