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L’arracheuse de dents – Patrick Boussignac

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Rencontre avec Boussignac, un des artistes originaux de notre époque, en marge des modes, boudé par les galeries et la critique, peut être parce qu’inclassable …

Le Fil dentaire : D’après votre personnalité, quelle est votre vision de la peinture ?

C’est d’abord l’art de la lenteur, de la réflexion et dans ce monde où tout est speed, c’est comme une parenthèse qui nous permet de reprendre notre souffle et de regarder vraiment en face les choses qui importent dans nos vies d’êtres humains, la vraie beauté, la nature, les sens et sensations, la présence des femmes, des mythes sur lesquelles nos civilisations sont construites etc ..
La peinture est un concentré d’images : alors qu’au cinéma il faut 24 images secondes pour créer un mouvement, la peinture elle, concentre en une image, un mouvement, une expression, un ressenti.

LFD : Pourquoi avez-vous choisi cette forme d ‘expression ?

Je pourrais dire avec prétention que je n’ai pas choisi la peinture mais que c’est elle qui m’a choisi. Dès ma plus petite enfance, j’ai été fasciné par le dessin, les formes extérieures de la vie, par les peintres, les histoires en noir et blanc que me contaient une télé intelligente de l’époque des années 60.
A 7 ans, je savais déjà que je serai peintre.

LFD  : Avez-vous été tenté par la poésie ou la musique ?

Si bien sûr, j’ai écrit de nombreux poèmes comme j’ai joué dans plusieurs groupes musicaux comme chanteur et guitariste. Mais je ne supporte pas la médiocrité, j’ai arrêté même si en travaillant je pense que j’aurai pu devenir un bon chanteur, j’avais les capacités pour cela mais c’est le peintre qui l’a emporté CAR dans la peinture, je sens que j’ai beaucoup plus choses à exprimer. Plus qu’en tant qu’artiste de scène …
Quant à la poésie, je continue pour moi et j’essaie surtout d’en distiller dans mes toiles, qu’elle soit leur architecture. Les grands classiques français surtout m’ont imprégné de leur talent et j’essaie de retrouver leurs esprits dans mes thèmes.

LFD : Que pensez-vous des créations contemporaines ?

Pas grand chose pour être sincère et sans tomber dans un poujadisme de bon aloi, il ya très peu d’artistes vivants qui m’intéressent (à part les Odd Nerdrum, Neo Rauch, etc . ;). Je vois une gadgetisation de l’art et parfois quand j’entre dans une galerie je me demande si je ne suis pas dans un magasin de gadget ou de jouets ; Beaucoup d’artistes pensent que changer un objet d’échelle est de l’art. Le culte du rien, le culte du gore ou de l’infantilisme m’ennuie. Je crois que nous vivons une fin de civilisation et l’art est à liage de cette fin, malheureusement je ne verrai pas la Renaissance…
La morbidité dans l’art ne m’intéresse pas, c’est comme une tautologie, notre époque est déjà assez morbide comme cela, sans en rajouter. Je compare l’art actuel à celui de la mode, on fait défiler des cadavres vivants, en disant aux jeunes filles charnelles, vous devez être comme cela pour plaire aux hommes – comme les galeries montrent leur “créations ” en disant c’est cette direction que doit prendre l’art ! celle du tombeau … non merci ..

LFD : Sous quelle forme l’inspiration vous vient-elle ?

Je ne crois pas à l’inspiration. Je pourrais dire comme Picasso : “je n’en cherche pas, je trouve”.
Mais c’est vrai toutes mes idées me viennent comme cela en marchant, en somnolant … “L’inspiration”, disons plutôt l’imagination est un muscle qu’il faut entraîner et cela, je l’ai fait depuis des années. J’ai programmé mon cerveau pour qu’il travaille tout seul et me sorte de temps en temps, un joli sujet de toile (rires)

LFD : On voit beaucoup de figures humaines dans vos toiles, qu’est ce que l’humain pour vous ?

C’est d’abord notre propre réflection. Je m’adresse à des humains et en cela, il faut que nous ayons un territoire commun. A être trop elliptique, trop distancié, mon public passera à coté de mon message, je ne lui parlerai pas …
Or ma peinture a tout sauf d’un côté egocentré. Je n’ai pas envie de parler de ma petite personne, mais de ce que nous avons tous en commun, un inconscient collectif, etc.  Et l’humain est un champ infini à exploiter car le paysage d’un visage s’ouvre sur tant d’autres paysages.

LFD : Vous voyez votre création comme un outil pour exploiter des idées profondes ou bien comme une créature qui vit sa vie indépendamment de vous, de votre conscience ?

Je dirais les deux : d’abord pour créer une émotion comme une accroche de spectateur, pour mieux le perdre ensuite. Je ne veux pas tout maîtriser et imposer une vision orthodoxe de mon travail. Dire, vous devez comprendre ça  et rien d’autre !  Non, je veux d’abord que le spectateur se retrouve puis se perde, fasse son petit chemin intérieur …
Comme je le répète souvent, mes toiles sont des petits court métrages, je vous donne la bobine de film, je vous donne les personnages, je vous donne un amorce d’histoire, à vous de trouver la fin …

Merci

www.boussignac.com

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