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Rencontre avec Gérard Scortecci

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Le Fil Dentaire : Dr Scortecci, votre nom est familier à bon nombre de confrères. Vous êtes notamment l’inventeur du disque implant et le dirigeant du DU d’implantologie basale. Vous présidez le congrès Euro Implanto qui se déroulera les 26 et 27 avril prochain à Nice, comment ce projet est-il né ?

Dr Gérard Scortecci : À l’origine, le projet était de réaliser Euro Implanto à Barcelone, où nous avions été très bien accueilli à l’Hôtel Princesse Sophia, il y a quelques années. Finalement, c’est Nice, capitale de la Côte d’Azur avec tous les attraits que l’on imagine au printemps avec son Palais de la Méditerranée, face à la mer, à quelques minutes du deuxième aéroport international de France, qui a été choisi. Nous avons reçu le soutien de la Municipalité et de la DGOI* (3 000 implantologistes en Allemagne) puis de l’ICOI** (présente dans 100 pays), alors que j’étais loin de me douter que j’allais devenir son prochain président.

* Deutsche Gesellschaft Oral Implantologie

** International College of Oral Implantologists

LFD : L’expérience clinique confrontée aux dogmes est le titre de ce congrès, pensez-vous que les dogmes soient un obstacle à l’avancée de l’implantologie ?

GS : C’est Steve Jobs qui, s’adressant aux nouveaux diplômés d’une université américaine, leur disait : « Don’t be trapped by dogma » – ne pas se laisser emprisonner par les dogmes. « Think different » était son slogan. Atteint par la maladie, il a continué jusqu’au bout à inventer ! Jobs innove, simplifie, épure. Pour lui, ce qui compte, c’est l’expérience utilisateur. Le dogme est par définition quelque chose de figée et d’inamovible. La science, la médecine et l’implantologie ont chaque fois progressé à contre-courant des dogmes, en faisant bouger les lignes. Pendant mes études, il ne faisait aucun doute pour tous mes professeurs que les implants dentaires ne marcheraient jamais.

En effet, contrairement aux implants orthopédiques, ils font communiquer le milieu externe, la cavité buccale septique, avec le milieu interne, l’os, parfaitement stérile. Selon le consensus de l’époque, cette situation ne pouvait qu’engendrer des pathologies. Aujourd’hui, plus personne ne soutient ce dogme totalement contredit par des milliers d’études cliniques multicentriques. Avec le Comité Scientifique nous avons choisi cette thématique qui se trouve être d’actualité avec les soucis rencontrés avec certains produits qui ont été retirés du marché car ils se sont révélés cliniquement délétères à court, moyen ou long terme. De fait, c’est l’expérience clinique qui représente le socle le plus sûr pour qu’une innovation devienne une thérapeutique médicalement avérée (« evidence-based medicine »). C’est d’ailleurs ce qu’avait déjà soutenu PI Branemark que j’avais eu l’occasion d’inviter aux Journées Dentaires de Nice en 1987. Le professeur Edmond Benqué, qui nous fait l’honneur d’ouvrir le premier Euro Implanto le jeudi 26 avril 2012, rendra hommage au découvreur de l’ostéointégration, sans qui l’implantologie ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.

LFD : Les conférenciers internationaux que vous réunirez à cette occasion sont très prestigieux et très nombreux. Le congrès se déroulant sur 2 jours, comment s’articuleront les interventions ?

GS : Il y a un total de 38 intervenants, dont 35 européens. Chacun dans son domaine partagera son expérience clinique, que ce soit dans les stratégies des tissus mous, des greffes de blocs, de la mise en charge immédiate, du nouveau concept dans l’utilisation des implants étroits, l’approche « flapless », le traitement du secteur postérieur, l’implantologie basale et l’approche simplifiée des régions sous sinusiennes. Les grands noms de l’implantologie européenne sont au programme. D’autres moins connus auront également la parole pour décrire leur expérience au quotidien. Tous disposeront de 20 minutes pour aller à l’essentiel, suivi de 3 minutes de questions/réponses. En dehors des européens, nous avons invité des personnalités marquantes du pourtour méditerranéen, dont le Professeur Itzhak Binderman de l’Université de Tel Aviv, au parcours professionnel et scientifique remarquable. Prothésiste dentaire avant ses études médicales, il est aujourd’hui enseignant et chercheur internationalement connu dans le domaine du tissu osseux.

J’ai eu le plaisir de collaborer ces dernières années avec le Professeur Binderman dans la conceptualisation et la mise au point des ostéotenseurs matriciels dont le but est de reprogrammer la matrice osseuse avec les propres cellules souches du patient en vue de la pose d’implants. Il nous révélera qu’elles sont les meilleures biostructures servant d’échafaudage aux reconstructions osseuses avant la pose d’implants. Le Dr. Zeev Ormianer, School of Dental Medicine, Tel Aviv University, conférencier international, qui a fait la Une de la revue polonaise d’implantologie orale, examinera les conséquences de la pose et de la mise en charge immédiate des implants. Le Dr. Skander Ellouze de l’Université de Tunis, également conférencier international et auteur d’un ouvrage qui fait référence, présentera les mini implants dans une orthodontie au service de l’esthétique. Parmi nos hôtes officiels, nous aurons également le plaisir d’accueillir le Président de l’Association des Implantologistes de Turquie, le Dr Ali Ozzeybek, de l’Université d’Ankara et membre de l’ICOI.

LFD : Pouvez-vous donner à nos lecteurs un avant-gôut de certaines thématiques qui seront abordées lors de ce congrès ?

GS : Parmi les temps forts du congrès figurent les résultats sur plus de 30 ans d’expérience clinique continue avec les implants ostéointégrés selon les principes définis par PI Branemark (Fig. 1). Comment ce concept a pu évoluer de l’implantologie totale à la suédoise, à l’origine essentiellement ancrée dans l’os basal résiduel mandibulaire vers une implantologie alvéolaire partielle voire unitaire au quotidien avec ses impératifs fonctionnels et esthétiques extrêmement exigeants (Fig. 2,3) ? On commence à y voir clair sur les péri implantites apparaissant à court, moyen et long terme. Quels sont les patients à risque ? les zones à risques ? les états de surface implantaires à risque ? Le fameux « triangle des Bermudes » dans les secteurs latéraux mandibulaire (Fig. 4) livre ses secrets aux travers des analyses statistiques cliniques multicentriques, tous systèmes implantaires confondus.

Y a-t-il un traitement des péri implantites ? Peut-on sauver des implants partiellement atteints voire légèrement mobiles ? Comment gérer un os cicatriciel pratiquement acellulaire ou mal vascularisé ? Comment préparer le terrain muqueux et osseux en fonction du biotype ? Activation ostéogénique, ingénierie tissulaire, greffe autologue, membranes collagènes, PRF, biomatériaux, blocs, apport de tissus conjonctif ? Une combinaison de ces techniques (Fig. 5) ? L’orthodontie pré implantaire par corticotomie au piezotome ou bien l’approche transpariétale avec les ostéotenseurs ? L’intérêt des mini implants. Le « full zirconium », le Prettau, le Zirconzahn par technique de fraisage multiaxe informatisé ou l’utilisation des pantographes, avancées remarquables que nous devons au génie de Mr Steiger. Toutes ces approches seront présentées par un prothésiste de renommée internationale (Fig. 6). L’optimisation et le rajeunissement du sourire dentolabial seront abordés par un chirurgien face et cou en binôme avec un chirurgien-dentiste ; ils feront le point au plan technique sur ce secteur d’activité qui bouge et fait polémique. L’arrivée de nouveaux matériaux en implantologie comme le PEEK, les évolutions de l’implantologie basale (Fig. 7), la gestion des pathologies sinusiennes avant greffe sont autant de points forts qui seront développés au travers d’exemples cliniques par des professionnels rompus à ces méthodes.

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LFD : Nous vous remercions et vous souhaitons une grande réussite pour ce congrès qui promet un programme riche et très intéressant.

Propos recueillis par Patricia Levi

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A propos de l'auteur

Dr. Gérard SCORTECCI

Responsable DU d'Implantologie Basale, Université de Nice-Sophia Antipolis

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