En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.

LEFILDENTAIRE est un site réservé aux professionnels de la santé dentaire.
Si vous n'êtes​ pas un professionnel de santé, vous pouvez obtenir des réponses à vos questions par des experts sur Dentagora.fr en activant le bouton Grand Public.

Je suis un professionnel Grand Public

Les 10 points clés pour mieux avoir et communiquer la couleur

0

La médecine dentaire esthétique a considérablement évolué ces dernières années avec l’acquisition des nouveaux outils numériques et l’utilisation des canaux digitaux de communication moderne. cependant, une étape fondamentale du succès clinique reste toujours la vision (perception visuelle) et la communication des couleurs. cette étape, improprement intitulée « prise de teinte », reste souvent difficile pour les praticiens parce qu’elle repose sur des connaissances physiques, physiologiques et une prise en compte, de la psychologie et des souhaits du patient. Les praticiens se perdent dans la multitude d’articles et livres scientifiques dissertant doctement sur le degré d’importance des principaux paramètres : luminosité : 70 % ; translucidité : 20 %, saturation 5 % et le reste des paramètres 5 %. Il est souvent difficile d’appliquer cliniquement de telles règles rigides. Le but de cet article est de proposer un protocole clinique applicable dans la pratique quotidienne en s’aidant des connaissances basiques indispensables et des nouveaux outils numériques. Par souci de clarté, nous avons sélectionné les 10 points clés à suivre pour choisir et communiquer la couleur d’une dent.

1) La prise de la couleur s’effectue sur des dents propres encore humides et après avoir éliminé toutes les couleurs vives autour du champ opératoire (rouge à lèvre, écharpe). (Fig. 1)

avant

2) La première étape consiste à déterminer la luminosité de la dent. cette étape s’effectue sous une lumière incidente plus faible. si vous possédez un éclairage à double illuminant (exemple Gamain), il faut se placer sous l’éclairage en faible intensité. si le praticien utilise le 3Dmaster (Vita), il choisit l’échantillon le plus approprié parmi les 5 groupes de luminosité et s’il utilise le Vita Lumin Vacuum, il classe le teintier par ordre de luminosité (16 niveaux) et le fait glisser dans la zone de traitement en moins de 10 secondes en se plaçant un peu sur le côté afin de solliciter les bâtonnets situés à la périphérie de la rétine dans l’oeil. Une photographie en noir et blanc est indispensable pour communiquer cette information au céramiste. (Fig. 2)

fig 1

Fig. 2 : la luminosité est prise sous un éclairage plus faible.

3) Le praticien se replace en lumière plus intense. Sous un éclairage à double illuminant (position lumière forte), le chirurgien-dentiste choisit la saturation et la famille de teinte de la dentine à la jonction entre le 1/3 cervical et le 1/3 moyen puis les mêmes paramètres de l’émail dans le 1/3 incisal. Des photographies avec les échantillons du teintier en place sont pratiques pour donner ces informations au céramiste. Il ne faut jamais choisir la couleur avec l’éclairage du scialytique (halogène ou led). Parce que la lumière du scialytique est très intense et mal équilibrée. Par son intensité, elle élimine toute information sur la couleur. (Fig. 3)

fig 2

Fig. 3 : on remet le maximum d’éclairage pour choisir les autres paramètres de la couleur.

 

4) Il est difficile de visualiser et de communiquer le niveau de translucidité d’une dent. dans le passé, uniquement par observation visuelle, on classait le niveau de translucidité par groupe (A, B, c selon Yamamoto).
Aujourd’hui, la photographie et les logiciels numériques sont des aides réelles dans la vision de ce paramètre. certains auteurs utilisent des filtres polarisés pour mieux voir « à l’intérieur de la dent » mais il ne semble pas que cette étape photographie apporte réellement une aide pour visualiser la structure interne de la dent. (Fig. 4a et 4b)

fig 3

Fig. 4a : les incisives photographiées avec les flash latéraux. / Fig. 4a : les incisives photographiées avec les flash latéraux.

555 ) Nous proposons une autre aide pour visualiser la translucidité à partir de logiciels de retouche de photographie. Il existe sur le marché du numérique des logiciels de retouches (adobe Photoshop free version) qui propose une transformation de l’image appelée : solarisation.

Cet effet de solarisation inverse certaines réflexions de lumière et aboutit à une image colorée qui met en évidence la répartition des masses émail et dentine dans la dent. Il existe deux options pour arriver à l’image en solarisation :

  • on suit le lien : fichier→ filtre→ esthétique→ solarisation (Fig. 5a et Fig. 5b).
fig 4

Fig. 5b : l’image en solarisation permet de visualiser les structures internes de la dent.

  • on suit le lien : fichier→image→ courbe : une droite apparaît à l’écran.

fig 5

On transforme cette droite en sinusoïde très simplement en amenant le point qui est situé sur la jonction ¼ sur la jonction ¾.

fig 6

Puis on descend le point qui est situé au ½ vers le quart et enfin le point qui est situé la jonction ¾ à ¼ (voir schéma)

fig 7

On peut faire varier l’effet en modifiant légèrement la sinusoïde obtenue. L’image en solarisation est une aide visuelle réelle pour comprendre comment la dent est stratifiée. cela peut aider le céramiste à monter les couches mais également le chirurgien- dentiste dans tous les cas de stratifications antérieures directes de matériaux composites. (Fig. 5c, d, e, f)

fig 8

66 ) Les autres paramètres de la couleur décrits comme importants dans la littérature ne modifient pas réellement le résultat esthétique : opalescence- halo. on les identifie essentiellement dans le tiers incisal et il s’agit de détails cliniques qui ne sont pas toujours à reproduire pour satisfaire la demande esthétique du patient.
La communication patient – praticien est très importante à ce stade clinique. (Fig. 6)

fig 9

Fig.6 : les autres paramètres de la couleur sont décrits essentiellement dans les 1/3 incisal .

77 ) L’état de surface de la dent doit être visualisé et décrit parce que cette morphologie de surface modifie la réflexion de la lumière et ainsi influence la luminosité globale de la dent. La dent peut être comparée à la surface d’un fruit : pomme orange- fraise-cerise. Il arrive que la dent présente 2 zones avec une texture de surface différente. dans le 1/3 cervical, la dent est « cerise » et dans le 1/3 incisal la dent est « pomme ». (Fig. 7)

fig10

88 ) Les spectrophotomètres sont utilisés depuis une vingtaine d’année dans le domaine dentaire. Les systèmes qui mesurent à travers leur embout posé sur la dent des zones précises de l’ordre de 2 mm2 sont fiables. Ils sont intéressants pour suppléer un praticien qui aurait des problèmes visuels. Mais ces instruments numériques ne donnent aucune information sur la luminosité globale de la dent qui influence fortement le résultat final. Les autres systèmes, qu’on pourrait classer comme des colorimètres donnent des informations en cartes graphiques de couleur. Ces instruments sont assez volumineux et peuvent se montrer efficaces sur une incisive centrale supérieure. Ils ne sont pas utilisables en postérieur et très difficiles pour une incisive inférieure. (Fig. 8)

fig11

9) Contrôle de la luminosité au stade du biscuit. c’est l’étape la plus importante pour affiner le résultat esthétique final. Au stade du biscuit, une photographie en Noir et blanc est réalisée avec l’échantillon du teintier le plus approprié en place dans la zone à traiter. Cette photographie sert de référence pour le travail du céramiste qui aura la possibilité d’ajuster la luminosité globale de la dent avec la céramique de surface sélectionnée.
Aujourd’hui encore, les poudres céramiques permettent d’abaisser la luminosité finale de la couronne sans trop faire varier les autres paramètres de la couleur. Il est par conséquent recommandé au praticien de toujours communiquer au céramiste l’information d’une dent légèrement plus lumineuse, ce qui sera facilement corrigé après l’essayage clinique. L‘inverse n’est pas envisageable. si une dent est trop grise à l’essayage, le céramiste ne peut rajouter en surface une couche plus lumineuse, car elle n’existe pas .Il doit revoir l’ensemble de la stratification. (Fig. 9)

fig12

Fig.9 : à l’essayage de la couronne, une photographie en Noir et Blanc permet d’ajuster la luminosité.

10 ) Une autre aide numérique a été décrite par un céramiste (s.Hein) basée sur l’utilisation d’un logiciel de traitement d’image. Il s’agit après avoir importé dans le logiciel la photographie clinique et celle de la couronne céramique après cuisson de pouvoir comparer la dent réalisée et les collatérales sur l’écran de l’ordinateur par un copier-coller automatique. La comparaison est possible parce que les deux photographies sont prises avec une échelle de gris de référence placée au contact de la dent, en bouche et avec le maître modèle. c’est une sorte d’essayage virtuel de la couronne à l’écran sans avoir besoin du patient. Le céramiste peut ensuite faire varier le résultat à l’aide d’une pipette colorimétrique et en fonction de 3 poudres de céramique établies faire varier légèrement le résultat clinique. (Fig. 10 a, b, c)

fig13

fig14

Cette aide numérique semble intéressante si on suit les articles cliniques récents de la littérature mais il faut encore du temps pour pouvoir apprécier le réel apport de cette technique et il faudra également apporter un contrôle de la luminosité finale, ce qui manque encore dans le logiciel de traitement. (Fig. 11)

fig15

 

 

Conclusion

En conclusion, le choix de la couleur reste une étape fondamentale dans le traitement d’une restauration céramique essentiellement dans les cas de restauration d’une dent unitaire. on ne peut se satisfaire du choix de certains praticiens de laisser cette étape au céramiste. Une compréhension intelligente des paramètres qui règlent la couleur permet dans tous les cas cliniques de mieux communiquer avec le laboratoire de prothèse et de simplifier les étapes cliniques en limitant le nombre de séances afin d’obtenir pour le bénéfice du patient un résultat esthétique satisfaisant.

Bibliographie

Chu S.J., Fundamentals of color – shade matching and communication in esthetic dentistry: Elements affecting color, Quintessence publishing co. inc. Chicago.19-50,2004

D’incau E, Pia JP, Pivet J. Couleur et choix de la teinte en odontologie. JPIO Esthétique en Odontologie; 41-55,2014

Hein S .Tapia J.Bazos P. eLABor_aid: a new approach to digital shade management . The International Journal of Esthetic Dentistry :Vol12(2) :186-202,2017

Lasserre JF. – Les sept dimensions de la couleur des dents naturelles. Clinic 2007; 28 : 417-430

Paravina R., Performance assessment of dental shade guides, Journal of Dentistry, vol.37, issue.1, pp.15-20, 2009

Vanini L.Mangani F.Determination and communication of color using the five dimensions of teeth. Pract Proced Aesthet Dent ;13(1):19-26 ,2001

Sproull R. Color matching in dentistry. Part I. The three-dimensional nature of color, The Journal of Prosthetic Dentistry, vol.86, issue.5, pp.453-460, 2001.

Touati B, Miara P, Nathanson D. La couleur des dents naturelles, Dentisterie Esthétique et Restaurations Céramiques :61-79, 2000.

Ubassy G. – Formes et couleurs: les clés du succès en céramique dentaire. Editions Cdp 1992.

Zyman P.Etienne JM. Recording and communicating shade with digital photography: concepts and considerations.Pract Proced Aesthet Dent : 14(1):49- 53,2002

Zyman P. Touati B.Des machines qui annoncent la couleur. Fil Dent, 2010.

Zyman P, Jonas P. Le choix de la teinte…vers un protocole rationnel, Réalités Cliniques(4)379-92, 2003

Partager

A propos de l'auteur

Dr PASCAL ZYMAN

Diplômé de la Faculté D.Diderot, Paris VII
CES de biomatériaux dentaires et de prothèse scellés de la même Université.
Président de la Société Française de Dentisterie Esthétique
Membre actif de l’Académie Européenne et Américaine de Dentisterie Esthétique
Pratique limitée à la Dentisterie Esthétique à Paris

Laisser une réponse