JEUDI 27 NOVEMBRE l 9h00 à 12h00 l Grand amphithéâtre l séance Prestige
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Responsable scientifique : Charles Toledano l Intervenants : Christian Verner, Sofia Aroca, Michèle Reners, Franck Renouard, France Lambert, Philippe Colin, Marie Clément, Michel Bartala, Gil Tirlet
PREAMBULE
Dans une époque où l’image immédiate prend souvent le pas sur la vérité clinique, la Séance Prestige du Congrès ADF 2025 revient à l’essentiel : le recul, le doute, et l’honnêteté.
Sous la direction scientifique de Charles Toledano, cette matinée réunit neuf praticiens majeurs, issus de disciplines complémentaires, qui ont accepté de confronter leur expérience à la réalité du temps long.
Par-delà les succès, il s’agit ici de partager ce que des décennies de pratique enseignent vraiment : l’humilité
devant le vivant, et la maturité du geste.
À cette occasion, nous avons rencontré Charles Toledano, également Directeur scientifique du congrès
2025, pour évoquer la genèse de cette séance et les valeurs qui la sous-tendent.
LFD : Cette séance prestige place le recul clinique au coeur du débat. Pourquoi était-il important, selon vous, de remettre cette dimension du temps au centre du congrès 2025 ?
Lorsque l’ADF m’a proposé de diriger le congrès scientifique cette année, j’ai souhaité remettre la Clinique — avec un grand C — au centre de nos séances.
Avec les années, on comprend que la clinique ne se résume pas à l’application d’un protocole : elle est faite d’expérience, de gestion des échecs, de prévention du vieillissement des restaurations, et d’écoute des patients.
Par exemple, avec Olivier Étienne, nous codirigeons le DU d’Esthétique du sourire à Strasbourg. Nous demandons à nos candidats au moins cinq ans d’expérience clinique avant de postuler. Cette exigence n’a rien d’élitiste : elle reflète simplement la conviction qu’il faut avoir rencontré les difficultés du quotidien — échecs, douleurs, fractures, vieillissement des matériaux, insatisfaction de certains patients —
pour pouvoir réellement mesurer la valeur d’un enseignement clinique.
Lors de mes conférences, une question revient souvent : « Très bien pour la théorie… mais toi, que fais-tu vraiment au cabinet ? »
Cette interrogation traduit le besoin de relier la science à la réalité du terrain. C’est précisément l’ambition de cette séance prestige : partager des conseils issus du recul et de l’expérience, et pas uniquement de la littérature scientifique parce que le recul clinique, c’est le temps qui transforme la connaissance en expérience Nous avons tenu à ce qu’elle soit gratuite et ouverte à tous les visiteurs du congrès, même non-inscrits au programme scientifique, car nous la considérons comme une séance essentielle et fédératrice.
Vous avez réuni des cliniciens venus d’horizons différents — chirurgie, parodontologie, restauratrice,
esthétique. Qu’espérez-vous de ce croisement d’expériences ?
J’ai organisé cette séance avec Patrice Margossian, responsable scientifique implantologie, et Benjamin Cortasse, responsable scientifique parodontologie.
Nous avons chacun choisi trois conférenciers dont nous connaissons la compétence, mais aussi l’honnêteté intellectuelle.
Notre objectif : bâtir un programme multidisciplinaire sincère, où les cliniciens partagent leurs réussites comme leurs échecs, sans filtre. Voici un aperçu du programme :
• Franck Renouard : conseils à un praticien qui débute en implantologie.
• Michèle Reners : trente ans de recul sur le traitement non chirurgical de la maladie parodontale.
• Christian Verner : évolution des techniques chirurgicales en parodontologie.
• Michel Bartala : quand et comment envisager les tenons radiculaires pour reconstituer les dents délabrées.
• Gil Tirlet : retour honnête sur plus de dix ans de pratique des bridges cantilever.
• Sofia Aroca : les clés du traitement des récessions gingivales.
• Marie Clément : prévenir et gérer le vieillissement des restaurations esthétiques antérieures.
• Philippe Colin : préserver l’os péri-implantaire.
• France Lambert : préserver les tissus mous périimplantaires.
Un véritable panorama du recul clinique à travers les disciplines, où chacun livre une expérience vécue.
Les jeunes praticiens évoluent dans un monde d’images instantanées et de cas spectaculaires.
Comment leur transmettre la valeur du temps, de l’échec et de la remise en question ?
Ce thème est d’une actualité brûlante. Les réseaux sociaux nous montrent chaque jour des cas
spectaculaires, souvent parfaits… mais presque toujours sans recul.
On y voit la dentisterie du résultat immédiat, rarement celle du suivi, du vieillissement ou de la gestion des
complications.
Nous vivons à l’heure de la dentisterie émotionnelle, dopée par le numérique et l’intelligence artificielle.
Ces technologies sont attirantes, fascinantes, mais posent des questions fondamentales : Les promesses qu’elles véhiculent sont-elles tenables ? Le geste clinique reste-t-il le garant du succès ? Les protocoles sont-ils reproductibles ? Les jeunes praticiens, surtout, ont besoin de l’expérience et de la sagesse de ceux qui ont déjà commis des erreurs avant eux. Les praticiens plus expérimentés ont besoin de savoir qu’ils ne sont pas seuls à avoir rencontré des difficultés. Le recul clinique transforme la connaissance en discernement et aide souvent à faire les meilleurs choix.
En tant que directeur scientifique du congrès ADF 2025, comment avez-vous articulé cette “Édition POPOPOP”, visuellement audacieuse et symboliquement forte, avec les grandes questions qui traversent la profession ? Quelle lecture souhaitez-vous que les congressistes en retiennent ?
J’aimerais que chaque congressiste reparte avec le sentiment d’avoir appris quelque chose de concret et immédiatement applicable dans son exercice quotidien.
C’est l’esprit que j’ai voulu insuffler à l’ensemble du comité scientifique : si nous sommes tous spécialistes, nous parlons avant tout aux omnipraticiens.
Je ne souhaitais pas d’un congrès élitiste, mais je tenais tout de même à ce que le niveau scientifique soit irréprochable. Avec mon comité scientifique, nous avons réussi à créer une ambiance professionnelle mais tout de même amicale, voire même familiale, pour conjuguer exigence, ouverture et convivialité.
Cette édition « POPOPOP » se veut à la fois énergique et optimiste, à l’image d’une profession en mouvement, curieuse, exigeante et tournée vers l’avenir.

