Voir avant les autres.
Avant de soigner, il faut apprendre à voir.
Et voir, c’est tout sauf regarder. C’est l’attention concentrée, la curiosité intacte, la conscience de l’instant.
Certains praticiens ont ce regard rare : il ne scrute pas, il perçoit.
Ils remarquent une gencive un peu plus pâle, une fatigue musculaire à peine visible, une ombre sur une radio qui, pour d’autres, passerait inaperçue.
Rien ne leur échappe, parce qu’ils ne se contentent pas de ce que l’oeil montre : ils interprètent.
J’ai vu un jour un dentiste poser son miroir, reculer de quelques centimètres et observer longuement son patient avant de commencer.
Silence complet, puis il a dit : “Avant même d’ouvrir la bouche, je sais si la mâchoire est tendue.”
C’est une phrase simple, presque anodine, mais elle dit tout : l’observation clinique n’est pas une affaire de pixels ou de définition, c’est une affaire de perception.
Les technologies peuvent aider, mais elles ne remplacent pas la présence. Une caméra 3D capture une image ; un clinicien capte une intention. C’est tout l’écart entre la donnée et la compréhension.
Le regard du praticien ne s’arrête pas à la cavité buccale. Il scrute aussi le visage, les micro-expressions, la posture, la respiration. Il devine les peurs, l’inconfort, la confiance ou le doute.
Il relie les signes.
Le génie du regard, c’est cette capacité à établir des correspondances entre le visible et l’invisible.
Une chirurgienne expérimentée me confiait récemment : “Les jeunes sont formés à observer les images, pas les visages. Pourtant, une bouche, c’est toujours une personne entière.”
Le regard est un outil clinique, mais aussi un lien humain. C’est lui qui crée la confiance : celle du patient, mais aussi celle du praticien envers lui-même.
Quand on regarde vraiment, on agit avec justesse. On sait quand s’arrêter, quand insister, quand expliquer.
DANS LA PRATIQUE…
Ceux qui voient avant les autres : observation clinique, diagnostic, photo. Photographier, c’est déjà soigner.
• S’accorder quelques secondes de silence avant chaque soin : regarder avant de toucher.
• Revenir à la photo clinique non pour documenter, mais pour revoir le cas avec distance.
• Former les jeunes à “lire” un visage autant qu’une image.
OBSERVER, C’EST DÉJÀ DIAGNOSTIQUER
• Le regard clinique s’affûte par la répétition consciente.
• Chaque photo, chaque plan de traitement revu, nourrit la mémoire visuelle du praticien.
• Comparer les cas avant/après, relire les images sous un autre angle, c’est entraîner son oeil autant que sa main.
• Le génie du regard n’est pas inné : il se construit dans la rigueur de l’observation quotidienne.
Les ordinateurs peuvent simuler un
sourire parfait ; seuls les humains peuvent
juger s’il convient au visage”
Bernard TOUATI – bernardtouati.com – 2014
“Un beau sourire, c’est l’harmonie
entre la fonction, la forme et l’émotion”“A beautiful smile is the harmony
between function, form and emotion”Mauro FRADEANI – Aesthetic Rehabilitation in Fixed Prosthodontics, 2004

“Un beau sourire, c’est l’harmonie

