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“Un des enjeux et la vraie marge de progression en numérique se situe au niveau des capacités de conception”

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Dr Emmanuel CHATILLON

Hortense PIZZATO

 

 

 

 

 

 

Le Dr Emmanuel Chatillon est utilisateur de solutions numériques depuis 7 ans. Il y a 2 ans, lors du déménagement du cabinet à Montauban, il a fait le choix, avec son épouse et associée Virginie, d’intégrer un(e) prothésiste et un laboratoire de prothèse numérique à leur cabinet. Pour lui, le numérique n’a pas toujours été un long fleuve tranquille mais il insiste sur la volonté et la force des réseaux d’entraide indispensables pour éviter ou surmonter les obstacles. Passionné par le numérique, il doit aussi parfois se raisonner pour maintenir l’objectif défini, celui d’un cabinet d’omnipratique de proximité.

Fil Dentaire : Quand avez-vous sautez le pas du numérique ?
Emmanuel Chatillon : Ce fut en 2015 avec l’achat du CEREC. Nous avions des amis sur Paris qui en étaient
équipés et ils nous en disaient le plus grand bien notamment au niveau des ajustages. de mon côté, j’avais
beaucoup de mal à être régulier sur la prothèse que je faisais en traditionnel. Je rencontrais régulièrement des
problèmes d’occlusion et d’ajustage. Je ne m’en sortais pas. Nous avons donc acheté le CEREC et là, miracle, ça ajustait et c’était pour moi déjà une grande victoire. Puis lors d’une formation, nous avons rencontré Thibault Casas qui était équipé à l’époque, en plus du CEREC, d’une chaîne complète ZirkonZahn afin de produire de la zircone au cabinet. a cette époque, les matériaux n’étaient pas si évolués qu’ils le sont actuellement mais son exemple est resté dans nos têtes.


Nous avons suivi ensuite d’autres formations au sein de cabinets dentaires (Kunkela academy, dentcof) où
systémiquement le prothésiste était présent au cabinet et cela apportait une vraie plus-value quant à la qualité du
travail délivré.
En même temps, nous avions comme projet de déménager le cabinet et de l’agrandir. Le projet d’intégrer un
laboratoire et un prothésiste à notre structure est arrivé là.
Fil Dentaire : Hortense, avant d’arriver au cabinet où en étiez-vous avec le numérique ?
Hortense Pizzato :Ma formation de prothésiste a suivi le cursus traditionnel (BtS, Bac pro). au terme de mes
études, j’ai travaillé en tant que métallurgiste pendant 2 ans. C’est lors de cette expérience professionnelle que j’ai découvert la CFAO. Mais c’était très rudimentaire : nous faisions essentiellement quelques chapes. Je ne faisais qu’une partie du chemin en numérique : nous commencions avec du plâtre que nous scannions et nous finissions en traditionnel par la stratification par exemple. Il faut dire que les laboratoires ont pris du temps à s’équiper car cela reste de lourds investissements. après cela, je suis arrivée au cabinet dentaire pour faire du 100 % numérique.
Emmanuel Chatillon : S’il y a 80 % des laboratoires qui sont équipés c’est surtout pour la CAO (Conception
Assistée par Ordinateur), mais la production finale n’est pas toujours effectuée pour des questions de coût en FAO (usinage/impression). Par exemple, le disilicate de lithium (ex : emax ou LiSi) est surtout pressé. La cire peut être usinée mais la mise en forme finale est également réalisée par pressée. C’est plus rentable mais cela demande beaucoup plus de manutention que nous ne pouvons nous permettre au sein de notre laboratoire.
Hortense Pizzato : Je n’ai pas vraiment eu de formation numérique. J’ai été un peu jetée dans le grand bain mais j’ai dû me débrouillée seule. Ce ne fut pas simple mais finalement très formateur.
Emmanuel Chatillon : il y avait la volonté.. Et c’était important d’avoir la volonté de bien faire. Effectivement,
on s’est jeté dans le grand bain. Mais autant elle que nous parce que notre production a reposé sur elle, donc il fallait que ça aille.


Fil Dentaire : Comment s’est alors passée la mise en place du laboratoire internalisé ?
Emmanuel Chatillon : Il y a eu des rencontres qui ont été décisives tout au long de mon parcours professionnel. Ces rencontres ont constitué un réseau national et local qui nous a beaucoup aidé surtout au début. Hortense a
également amené avec elle son réseau qui s’est avéré d’une grande aide. L’expérience de chaque contact nous a apporté des informations qui nous auraient pris plusieurs mois à découvrir par nous-mêmes. Nous savons
maintenant qui appeler et pour quoi et c’est vraiment génial. C’est en gros la puissance du réseau et la bonne
volonté d’Hortense qui ont fait que la production a pu se mettre en place… ah et Youtube aussi avec des tutos, des tutos et encore des tutos !
Hortense Pizzato : J’ai beaucoup appris d’autres prothésistes. Quand on ne se sent pas capable au début, il
ne faut pas hésiter à externaliser le design. Cela permet de beaucoup échanger, apprendre, et se lancer tranquillement puis prendre confiance.
Fil Dentaire : Quels conseils matériels donneriez-vous à ceux qui souhaiteraient se lancer dans le numérique ?
Emmanuel Chatillon : On dit souvent qu’il ne faut pas s’obstiner à chercher la bonne solution car elle a surement déjà été trouvée ; il faut simplement la copier. Il faut voir comment ça se passe ailleurs. Si cela se passe bien, on fait pareil et c’est finalement plus simple. Pour les caméras, l’important ne se situe pas au niveau du coût. Il faut échanger avec des utilisateurs qui possèdent les mêmes caméras voire le même distributeur. Car quand, sur un secteur géographique, une caméra est largement diffusée et que le distributeur fait du bon boulot, cela se sait. Nous avons eu une installation à la dure. Mais comme nous avions un distributeur qui ne nous a pas lâchés, nous avons pu sortir la tête de l’eau. Pour moi, c’est essentiel.

Hortense Pizzato : Pour le côté laboratoire, il faut se renseigner auprès de prothésistes, leur poser des questions. L’activité d’un laboratoire numérique intégré dans un cabinet dentaire est très différente de celle d’un laboratoire indépendant. Il faut donc bien la décrire afin de trouver les machines les plus adaptées. de la même manière, il ne faut pas se fermer des portes et dans l’évaluation des besoins, penser aux besoins futurs avec des solutions anticipées ou évolutives.
Fil Dentaire : Quels sont les avantages d’un laboratoire numérique internalisé ?
Emmanuel Chatillon : Le problème des laboratoires de prothèse, c’est la masse de travail qu’ils ont. Ils doivent par ailleurs enchaîner les cas de différents praticiens, avec différentes exigences, différentes caméras et différents flux. C’est d’une complexité folle ! Comme ils sont obligés d’enchaîner les cas, lorsque l’on rencontre un problème sur un cas mais que l’on ne sait pas pourquoi, il est très long et difficile de remonter le cas et de comprendre d’où vient le problème et s’il vient de de chez eux ou de chez soi.
Cela a amené beaucoup d’incompréhension. d’ailleurs, en y réfléchissant avec le recul, je pense qu’à plusieurs
reprises cela venait de moi. avec le prothésiste au cabinet, nous avons voulu simplifier les choses avec un seul flux de travail. Nous restons confrontés à des problèmes mais ils sont plus liés à des problèmes d’organisation et de fonctionnement. Nous sommes une équipe jeune, en plein développement qui se retrouve confrontée à ses propres limites.
Fil Dentaire : Quelle est la production du laboratoire internalisé ? Vous êtes-vous fixé des limites ?
Hortense Pizzato : Le fait numérique nous offre plein d’opportunités, même trop ! On a envie de tout tester, de
tout faire. C’est génial. Mais après il faut rationaliser. Nous ne faisons pas de métallurgie par exemple.
Emmanuel Chatillon : On pourrait envisager de tout faire au cabinet. Mais a-t-on intérêt à tout faire au cabinet ? Le gros avantage d’avoir le laboratoire intégré au cabinet est de pouvoir réaliser rapidement des éléments qui rendent service à nos patients : du chairside pour les inlays onlays, les couronnes unitaires, les provisoires… Mais il y aussi le reste de la production dont il faut bien définir les contours pour ne pas s’éparpiller. Car nous sommes confrontés à nos propres limites qui sont avant tout humaines. L’objectif de notre laboratoire est celui d’un cabinet de proximité. Il faut savoir parfois s’emballer un peu pour se faire plaisir mais toujours garder à l’esprit que notre priorité est de répondre le plus efficacement et simplement aux besoins de nos patients.

 

 

 

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A propos de l'auteur

Dr. Karim NASR

Docteur en Chirurgie Dentaire
Maître de Conférences des Universités - Praticien hospitalier
Faculté de Chirurgie Dentaire de Toulouse - CHU de Toulouse
Praticien libéral

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