Les implants sous périostés (ISP) viennent de fêter leurs 80 printemps. Je n’aurais jamais pensé m’en préoccuper un jour. On nous a appris, à juste titre, qu’il ne fallait surtout pas les utiliser, que leur mise en oeuvre était barbare, que leur métal n’était pas biocompatible, qu’ils ne s’ostéointégraient pas, avec pour conséquence, des résultats à long terme médiocres. Et pourtant….
Le 27 octobre 2017 lors du Syfac, j’assiste à une conférence d’Yvan Poitras, chirurgien-dentiste Québécois de renom. Il présente un implant sous périosté usiné en titane pour traiter des édentements sévères de la mandibule postérieure sans greffe osseuse. Les implants s’ostéointègrent, les résultats sont prometteurs. Et pourtant….
J’ai attendu janvier 2023 pour affronter l’hiver Québécois et rencontrer Yvan Poitras. Il prend le temps de m’expliquer, nous échangeons, la mutation opère. Avec Laurine Birault les premiers cas s’enchainent, d’abord à la mandibule. L’implant s’intègre, la gencive est belle, les patients sont contents. On attend d’être sûr que cela fonctionne avant d’en parler, on nous a tellement dit le contraire. Enfin…
Alors que faut-il penser de ces nouveaux implants sous-périostés ?
Tenter de répondre à cette question est l’objectif de ce numéro spécial. Nous avons voulu vous expliquer les technologies qui permettent de concevoir ces implants et vous donner le maximum d’informations cliniques et pratiques. Nous avons réalisé une revue de la bibliographie sur le sujet et nous vous présentons des cas cliniques pour vous expliquer les étapes de mise en œuvre de cette technique, les résultats que l’on peut espérer, et vous montrer leurs indications principales : la mandibule postérieure et le maxillaire complet atrophiés.
Nous pensons sincèrement que cette évolution peut devenir une révolution, que ces implants vont permettre de rendre service à des patients âgés avec des potentiels ostéogéniques affaiblis, de traiter rapidement des cas complexes et des échecs d’implants conventionnels, et tout cela, en mise en charge immédiate.
A la lecture de ce numéro spécial j’espère que vous comprendrez à quel point cette thérapeutique se situe au carrefour de la biologie et de la biomécanique, à quel point elle utilise la quintessence du numérique. Il va falloir revoir tout ce que l’on nous a appris, remettre en cause tous les dogmes sur lesquels nous nous sommes construits… et c’est passionnant.
