En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.

LEFILDENTAIRE est un site réservé aux professionnels de la santé dentaire.
Si vous n'êtes​ pas un professionnel de santé, vous pouvez obtenir des réponses à vos questions par des experts sur Dentagora.fr en activant le bouton Grand Public.

Je suis un professionnel Grand Public

LE NUMÉRIQUE DENTAIRE : UNE ÉVOLUTION OU UN RÉEL PROGRÈS ?

0

Le monde dentaire évolue depuis de nombreuses années, avec des virages technologiques que l’on ne compte plus. Comme tous les secteurs, il n’échappe pas à la transformation numérique. Alors, où en sommes-nous aujourd’hui, et surtout, où allons-nous ?

UNE TRANSFORMATION QUI DURE DEPUIS PLUS DE 20 ANS
Quel avenir pour les laboratoires ? Cela fait maintenant plus de deux décennies que notre métier est en pleine mutation numérique. Je me souviens, jeune prothésiste, avoir introduit les premières technologies de design et d’impression 3D dans l’entreprise familiale. Un véritable choc générationnel !
Vingt ans plus tard, qu’avons-nous accompli ?
À travers cet article, je vous propose de faire le point sur la pratique d’un cabinet dentaire et de son laboratoire, et d’esquisser une vision de l’avenir.

DES ÉVOLUTIONS À DEUX VITESSES
Les transformations semblent rapides… et lentes à la fois. Elles s’inscrivent dans un mouvement global, à l’image du monde qui nous entoure : tout s’accélère.
Mais il est essentiel que cette évolution technique soit au service du progrès.
Est-ce vraiment un progrès de réaliser la même céramo-métal, mais avec des machines-outils ou une imprimante 3D ? Est-ce une avancée significative d’imprimer un châssis ? Ces technologies ne sont que des moyens, pas une finalité. C’est la notion de progrès, tangible et mesurable, qui doit guider nos choix.
La notion de progrès ne se limite pas à remplacer l’humain par la machine, mais bien à améliorer l’ensemble de la chaîne de soins. Un progrès réel se mesure par ses effets : une prothèse plus précise, plus confortable, plus durable. Il ne s’agit pas d’une prouesse technique, mais d’un bénéfice clinique et humain.
Sur le plan biomécanique, les outils numériques permettent de mieux modéliser les contraintes appliquées à chaque restauration. On anticipe les zones de pression, on ajuste la répartition des forces, on personnalise les formes selon l’anatomie du patient. Cela réduit le risque d’échec, prolonge la durée de vie des prothèses et améliore considérablement le confort du patient.
Les nouveaux matériaux disponibles grâce aux technologies numériques représentent une avancée majeure. Zircone multicouche, résines haute résistance, matériaux hybrides : ces innovations permettent de produire des prothèses plus légères, plus esthétiques, mais aussi plus respectueuses de la structure dentaire résiduelle.
Ce progrès se manifeste aussi par la conservation tissulaire. Moins on taille, mieux c’est. Grâce à des matériaux plus résistants et des outils de planification numérique, on parvient à proposer des restaurations plus minimalistes, donc plus respectueuses du vivant.
Les nouvelles technologies nous offrent la possibilité de travailler avec des matériaux innovants, qui permettent des restaurations moins invasives, plus reproductibles et plus naturelles.
Comment exploiter ces outils pour améliorer la qualité des soins, renforcer la communication entre les acteurs, et fiabiliser nos prothèses ?

VERS UNE AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ DES SOINS
Comment exploiter ces outils pour améliorer la qualité des soins, renforcer la communication entre les acteurs, et fiabiliser nos prothèses ? Aujourd’hui, si l’on utilisait toutes les technologies disponibles, cela donnerait :
· côté cabinet : imagerie médicale 3D, caméra intraorale, photographie 3D, simulateur de mouvements mandibulaires (modjaw).
· côté laboratoire : logiciels de conception (CAD), impression 3D, usinage numérique.
Ces outils permettent un diagnostic plus précis, une planification optimale, et donc des restaurations plus fiables. Le résultat final est mieux maîtrisé, anticipé.
On gagne en esthétique, en biomécanique, tout en restant conservateur.
Prenons un exemple : une planification pré-implantaire guidée avec un pilier sur-mesure SSA est bien plus efficace qu’une pose manuelle accompagnée d’un simple pilier de cicatrisation. Le respect des tissus mous et de l’espace biologique est bien meilleur.

DES LABORATOIRES EN PLEINE MUTATION
Quels changements majeurs s’annoncent à court terme dans nos laboratoires ?
Chaque évolution implique des investissements matériels, mais aussi une montée en compétences des équipes. Les enjeux sont à la fois financiers et humains.
Les laboratoires évoluent vers un modèle de PME structurée, en constante adaptation aux nouveautés.
Il y a vingt ans, les techniciens oeuvraient derrière un établi. Aujourd’hui, ils sont devant un PC, pilotant des machines. La touche manuelle subsiste, mais elle s’allie désormais à une maîtrise numérique.
Le savoir-faire du prothésiste a évolué : à l’esthétique s’ajoute désormais la gestion numérique des fichiers et des équipements. C’est cette complémentarité entre la technologie et l’humain qui fait la qualité d’une prothèse. Le logiciel est un outil, au même titre qu’une spatule. Regardez un technicien sculpter une dent sur écran : c’est aussi fascinant que le travail d’un céramiste avec sa poudre et son pinceau.
Lorsque j’ai assisté à ma première démonstration d’une imprimante 3D dentaire, j’ai été aussi fasciné qu’inquiet.
Comment cette machine, en quelques heures, pouvait-elle remplacer des jours de travail manuel ? Mais rapidement, j’ai compris que ce n’était pas un remplacement, mais une nouvelle manière de créer.

ET DEMAIN ?
L’intelligence artificielle s’invite dans le dentaire, tout comme l’automatisation, sa soeur jumelle. Le flux numérique va continuer d’accélérer les transformations, réduisant les erreurs humaines, facilitant les tâches répétitives, et permettant de gagner en temps et en efficacité.
Un enjeu de taille quand on sait que la démographie des prothésistes est en baisse, alors que les besoins en prothèses, eux, augmentent.
Mais attention aux dérives : la crainte serait de voir se standardiser les sourires. Or, créer un sourire, c’est d’abord comprendre le désir du patient, et le traduire en formes dentaires.

 

CONCLUSION  

À l’échelle mondiale, on observe les mêmes tendances.
En Allemagne, au Japon ou aux États-Unis, les laboratoires s’équipent massivement en scanners 3D, et la formation continue devient un axe stratégique pour rester compétitif.
Gardons la main sur l’émotionnel, sur le sur-mesure, et faisons de la technologie un levier, pas un substitut.
Un témoignage de Mickael, prothésiste à Lyon, résume bien la transformation du métier : « Le numérique a complètement changé notre manière de travailler. Aujourd’hui, je peux envoyer un design en quelques clics et obtenir un retour immédiat du praticien. »
Former les nouvelles générations à cette double compétence – technique et numérique – sera l’un des grands enjeux des prochaines années. Les écoles doivent s’adapter à ces mutations rapides.
La coopération interdisciplinaire entre chirurgiens-dentistes et prothésistes s’intensifie grâce aux outils numériques. La synchronisation des flux améliore les délais, les coûts et la qualité.

Partager

A propos de l'auteur

Alexandre Bienfait

Prothésiste dentaire
Dirigeant du laboratoire Bienfait
Spécialiste en esthétique,
implantologie et prothèse
numérique

Laisser une réponse