L’ADF terminé, c’est avec plein de motivation que je reprends l’exercice de mon métier avec des idées et des projets plein la tête.
Mais rapidement la réalité me rattrape ; la difficulté de motiver et rassurer mes patients ainsi que mon équipe avec toujours les mêmes problématiques : Docteur, je suis votre assistante depuis 3 ans, je mérite une augmentation…
Docteur, je viens à mon rendez-vous de contrôle quotidien, je sais qu’il me manque des dents et que j’ai une mauvaise mastication, je fume, je n’ai pas une bonne hygiène, je sais que je risque d’avoir des abcès sous mes anciennes couronnes mais Docteur, les implants sont trop chers et ma mutuelle ne les rembourse pas.
Etes-vous toujours certain de ne pas vouloir me faire un bridge ?
Et puis le rendez-vous d’après : Docteur, Je suis très mécontente : pourquoi m’avez-vous fait un bridge ? Vous avez effectué un implant à ma sœur et c’est bien mieux ! Je pourrais vous attaquer pour ça.
Mais heureusement, Madame Martin sur qui nous avons réalisé un magnifique traitement, il y a 2 ans, au maxillaire, revient pour la réhabilitation mandibulaire…
Ouf … Allez, j’aime mon métier, je suis un bon praticien et un bon chef d’entreprise ! Il faut juste mettre de l’ordre dans tout cela mais par où vais-je commencer ?
La formation !
Il s’agit de mettre en place une méthode raisonnée et progressive de formations permettant d’améliorer la gestion, le savoir-faire et le faire savoir !
Tout d’abord, dressons un bilan objectif de mon activité :
- chiffre d’affaires,
- bénéfice,
- nombre d’heures travaillées,
- nombre de semaines de vacances,
- type d’actes réalisés,
- stress
- responsabilité médicolégale
Et… Mon projet de vie (personnelle)
Ne jamais perdre de vue que le cabinet n’est pas ma vie mais fait partie de mon projet de vie.
Quels sont mes projets personnels, ma situation familiale… me permettant ainsi de savoir : quel serait mon salaire idéal ?
Nous vivons dans une société qui nous dicte la performance comme moteur de vie et la concurrence comme référentiel. Ainsi, même s’il est aisé de penser : « Je dois gagner le plus possible », ce n’est pas moins dangereux pour soi-même, pour les autres et évidemment pour son activité.
Ainsi, je dois me situer dans mon référentiel personnel : comment puis-je donner le meilleur de moi-même de manière harmonieuse afin de trouver un équilibre. Etre plus heureux, plus épanoui et plus performant au cabinet !
Tout d’abord, je dois abandonner les idées reçus et les frustrations :
Profil 1
« Je ne fais d’implant, pas de CFAO ni de facettes donc je ne suis pas un bon praticien.
Par contre, je suis un praticien humain et moral car mes patients ne payent rien et je suis toujours le premier à dépanner.
J’ai assisté à la conférence de ce célèbre praticien : facile pour lui, tous ses patients sont beaux, riches et intelligents.
Moi …de toute façon, mes patients n’ont pas d’argent ».
Profil 2
Je suis le meilleur, je n’ai rien à apprendre de personne. Ils ont tous tort et au pire, j’ai raison.
Je fais le plus gros chiffre d’affaires de la région, je n’ai plus besoin de quoique ce soit.
Peu importent nos idées reçues, il s’agit de mettre en place « de petits pas progressifs et permanents » (Groupe Edmond Binhas).
Pour ma part, étant omnipraticien avec une expérience en implantologie, il devient pratique d’extraire, implanter, greffer… je peux donc potentiellement devenir dangereux pour mes patients.
Ainsi, le menu pour moi, cette année, c’est formation en parodontologie et endodontie : je dois réapprendre à me battre pour les dents de mes patients. Et puis… conserver coûte moins cher que d’implanter !
L’an prochain, j’opterai pour une formation « d’esthétique », parfaitement adaptée à mon exercice d’omnipratique, afin d’appréhender les protocoles de soins conservateurs d’excellence.
Je dois protéger mon activité, pourquoi pas une formation d’expertise… j’ai en tête un très bon ouvrage sur la recommandation des bonnes pratiques pour commencer.
Enfin, je dois me maintenir facilement à jour, une revue professionnelle ne me ferait pas de mal…
Où vais-je trouver le temps, l’argent… ? Alors pourquoi pas une formation de gestion de cabinet !
Donc, si je résume, ce dimanche, je préviens me proches, je pars au cabinet et je mets en place mon projet de carrière : tout d’abord, je choisis mes formations sur 3 ans. Grâce à ces formations, je saurai jauger mes investissements matériels et humains. Il me faudra donc former mon équipe et affiner mon recrutement, trouver mes correspondants. Enfin, il faudra que je fasse savoir à mes patients que mon cabinet est exceptionnel !
Alors peut-être dois-je commencer par les formations en gestion, management et communication ? Ensuite, j’aimerai bien reprendre les bases de la dentisterie adhésive et de la parodontologie car c’est l’essentiel de mon activité actuelle et cela me permettra d’éviter un changement trop brusque auprès de mes patients voire même d’inclure une activité de dentisterie esthétique. L’implanto, je la laisse à mon correspondant avec lequel je fonctionne très bien, peut-être que dans une seconde étape, j’envisagerais d’intégrer cette activité.
En conclusion
Vous l’aurez compris, il y a dans mes propos de l’expérience personnelle et collective. L’idée est de réfléchir sur la mise en place d’un équilibre dynamique de son cabinet : pour cela, la formation est l’outil indispensable du chirurgien-dentiste d’aujourd’hui.
Il convient donc de mettre en place, de manière raisonnée et non émotive, un programme de formation continue qui déterminera nos investissements humains, matériels ainsi que notre évolution intellectuelle et psychologique.
A bon entendeur !
