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Surfaces, prévention et ergonomie

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La présence de micro-organismes sur les surfaces représente un risque potentiel d’infection sur les lieux de soins. Les questions se posent dans notre pratique:

  • Quel est le risque réel d’acquérir une infection liée à la contamination des surfaces ?
  • Quelle est la fréquence et la gravité du risque ?
  • Les facteurs susceptibles de le favoriser et d’en être responsables sont-ils connus ?
  • Est-il possible de supprimer ce risque ou de le réduire ?
  • Les mesures éventuellement proposées pour le contrôler sont-elles efficaces et acceptables ?

Certaines études ont démontré que la contamination de la chambre d’un patient infecté était suffisante pour être la cause de la contamination de gants du personnel (1). Mais il n’est pas déterminé si le nombre de cellules viables contaminant les mains du personnel après contact avec l’environnement est suffisant pour aboutir à une transmission croisée.

Les surfaces sont contaminées soit pas sédimentation des micro-organismes présents dans l’air, soit par contact (2). L’objectif de cet article est de visualiser les possibilités de contamination des surfaces par contacts manuels et d’en déduire des conclusions pratiques sur notre mode de travail, de prévention et d’organisation.

fracture-radiculaire

Fig. 1 : une fracture radiculaire au cours d’extraction Fig. 2 : traçage au rouge carmin

Il y a une vingtaine d’années, j’analysais ma pratique, en réalisant quelques films. Je fus surpris par le nombre de contacts manuels avec les surfaces environnantes, tiroirs, paillasse, petite table, unit etc. Habituellement, ces traces composées de salive, de sang, de pus, sont peu visibles. Je reportais donc ces traces à l’aide d’aquarelle rouge.

Au vu de ce constat, j’imaginais la gestuelle pour retirer, l’apex cassé lors d’une extraction dentaire. J’en reportais les traces colorées en rouge. Ces photos (Fig. 1 à 14), présentées souvent lors de conférences, ont suscité une prise de conscience de l’importance de l’hygiène et l’ergonomie.

Deux films sur des travaux de prothèse furent édifiants. Outre les multiples contacts avec les surfaces environnantes, les gestes se distinguent. J’avais à deux reprises touché le masque, rajusté les lunettes et gratté mon front. Ils signent la constance des habitudes et l’importance du contrôle de la gestuelle (Fig. 15 et 16).

Manches-de-bistouri

Fig. 3 : Après extraction, côté paillasse Fig. 4 : Côté unit Fig. 5 : Manche de bistouri Fig. 6 : Lame de bistouri Fig. 7 : Incision sulculaire et incision de décharge Fig. 8 : Décolleur – le lambeau est récliné Fig. 9 : Contre angle chirurgical Fig. 10 : Ostéotomie. La racine extraite ! Fig. 11 : Fils de suture Fig. 12 : Lambeau suturé Fig. 13 : Fin de chirurgie, côté unit Fig. 14 : Fin de chirurgie, côté paillasse

Certains virus vivant plus de 10 jours à l’air libre, mon exercice changea. Je constituais des cassettes pré-préparées, séquençées, de matériel stérilisable, spécifique au type d’acte envisagé. En premier, ce fut pour la chirurgie.

Ainsi, la cassette à extractions (Fig 17) se constitue de :

  • Pince à suture ;
  • Ciseau courbes ;
  • Précelle droite de préhension ;
  • Seringue à anesthésie ;
  • Aiguilles d’anesthésie para apicale et à tronculaire dans leur emballage ;
  • Compresses ;
  • Sydesmotome courbe et droit ;
  • Élévateurs droit ;
  • Spatule à bouche coupante sur ses bords ;
  • Décolleurs ;
  • Curette ;
  • Miroirs.

J’associais à la cassette, des dispositifs complémentaires parfois nécessaires : un calot, un champ de bouche, des sutures, un bistouri à usage unique, des gants de chirurgie, un contre angle, un set de fraises chirurgicales, un tuyau d’aspiration et une canule métallique, cela stérilisé, sous sachet. L’ensemble cassette et dispositifs complémentaires sont placés dans une boîte plastique (Fig. 17, 18, 19, 20).

Des ensembles similaires furent réalisés pour d’autres disciplines dentaires. Cette organisation limite la contamination de l’environnement, permet d’être plus précis et réduit le temps de traitement. L’hygiène s’avère le meilleur moyen d’aborder l’ergonomie.

Celle-ci n’est pas fondée sur des outils de performance, de gestion, des stratégies justifiées par la recherche de résultat, de performance, mais essentiellement sur une démarche qualité dont le premier moteur est la prévention des infections. Encore faut-il concevoir que la qualité de l’environnement professionnel n’est pas uniquement dépendant des moyens et des techniques de nettoyage, mais en premier lieu, de la maîtrise de la contamination de notre lieu d’exercice.

Dispositif-complementaire

Fig. 15 : Contacts après traitement prothétique Fig. 16 : Après un traitement prothétique Fig. 17 : Cassette prépréparée chirurgie Fig. 18 et 19 : Dispositifs complémentaires situés à proximité Fig. 20 : Extraction Fig. 21 : Hémostatique et sutures nécessaires avec pose d’un champ de bouche

Bibliographie

1. BOYCE et Coll. : Environmental contamination due to méthicillin-resistant Staphylococcus aureus possible infection control implications. Infect. Control Hosp Epidemiol ; 18 : 622-627. 1997
2. BERTROU A et coll., Relation entre contamination et environnement hospitalier. Hygiènes, Vol.VIII, n°3, pp 143-146, 2000
3. RUTALA WA et Coll. : Bacterial contamination of keyboards : efficacy and functional impact of disinfectants 27(4) : 44-47. 2006

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A propos de l'auteur

Dr. Roland ZEITOUN

Membre de l’Académie nationale de chirurgie dentaire
Membre de la Société Française d’Hygiène en Odontologie

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