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Des arguments dans le prolongement de ceux de Michel ABBOU…

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Chacun d’entre nous a été confronté dans son exercice aux différentes situations cliniques citées par l’ensemble des auteurs et praticiens du très bon numéro de l’information dentaire consacré à l’historique et la genèse de la conception du BCMA (l’information dentaire n°37-octobre 2021).

J’ai lu avec beaucoup d’attention tous les articles et la plupart des références bibliographiques. Je tiens à féliciter l’ensemble des auteurs pour la qualité mise en oeuvre à chaque fois pour chaque sujet.

A l’image de la découverte fortuite des qualités d’ostéo-intégration du titane par le Professeur Bränemarck lors de ses études sur la micro-circulation dans le tissu osseux, l’idée de sectionner l’ailette problématique (décollement ou fracture) d’un bridge collé conventionnel avec deux ailettes d’appui, représente une démarche clinique cohérente et pragmatique. Cette démarche va marquer le début d’une aventure conceptuelle sur la biodynamique du BCMA pour remplacer l’incisive latérale maxillaire.

Il est nécessaire de préciser ici que je n’ai pas la prétention de remettre en cause certaines conclusions citées et encore moins les réalisations cliniques mises en avant par les experts dans ce domaine.

Néanmoins l’analyse faite par Michel Abbou sur le numéro de l’information dentaire consacré au BCMA est pertinente. De nombreux points sont relevés. Taux de survie, alternative thérapeutique à l’implant, thérapeutique minimale invasive, thérapeutique « définitive » etc etc, sont tous des thèmes soulignés et argumentés qui méritent notre attention.

Le temps n’est pas à la polémique, il est à la convergence des idées pour mettre en avant une thérapeutique esthétique et minimale invasive.

Par contre je mettrai en avant également qu’en tant que clinicien, la réalisation d’un BCMA exige en dehors d’un examen clinique complet, une connaissance et une maîtrise de l’ensemble des points du protocole mis en avant par Gil Tirlet et Jean-Pierre ATTAL.

Pour ma part, il semble prudent de ne pas prôner que le BCMA représente une alternative durable à la solution implantaire (lorsque celle-ci n’est pas contre-indiquée) tant que l’enseignement de cette thérapeutique n’est pas dispensée dans l’ensemble des facultés. Même si elle est inscrite dans les recommandations cliniques de la HAS, il ne faut pas oublier les conclusions émises par le groupe de travail et citées par Michel Abbou.

Il est également extrêmement important de rappeler que la réussite de cette thérapeutique nécessite la convergence des compétences cliniques et de laboratoire. Le succès ne pourra pas être prévisible si ce binôme de qualité n’est pas présent.

Comme le hasard peut faire si bien les choses… Je terminerai sur une situation clinique d’une jeune patiente âgée de 24 ans que j’ai reçu ce mois-ci…

Agénésie de la 12, bridge collé céramo-métallique à deux ailettes, présent depuis 10 ans, jamais décollé. Motif de consultation: aspect de la dent intermédiaire différent de sa petite soeur contra-latérale, présence d’un espace source de rétention alimentaire au pied de la dent. Espace qui s’est créé au fil du temps…

Nous pouvons ici citer de nombreux points attachés à la conception prothétique (critiquables certes aujourd’hui …) mais aussi mettre en avant la rigidité du système à deux ailettes qui serait à l’origine de l’absence de stimulation de la crête édentée en regard de la dent remplacée…et à l’origine de l’apparition dans le temps de l’espace sous-prothétique. La présence d’un profil ogival pour loger la partie cervicale de la dent aurait-il permis de maintenir dans le temps le contexte gingival?

La doléance majeure citée est de vouloir croquer dans une pomme sans craindre un décollement…et d’avoir un nouveau sourire harmonieux au niveau de ses incisives.

Ce cas clinique est intéressant dans la démarche thérapeutique, car l’examen radiographique contre- indique la solution implantaire (même en planifiant un implant de petit diamètre 3.0)en l’absence d’aménagement orthodontique. Cependant le réaménagement orthodontique du secteur antérieur semble être une étape nécessaire pour établir une harmonie entre les axes dentaires et le plan sagittal médian.

L’analyse occlusale met en avant une fonction canine et un guidage antérieur ne sollicitant pas les latérales (ce qui est favorable à l’indication du BCMA).

Si l’usage de l’orthodontie est retenu pour la gestion esthétique globale du secteur antérieur, quelle sera alors la temporisation en cas d’orthodontie linguale, vestibulaire, ou par l’usage de gouttières…

La réflexion est complexe mais pas compliquée, reste au praticien de trouver le traitement efficient convenant aux souhaits de la patiente.

Mon orientation thérapeutique sera dans ce cas pluridisciplinaire avec un réaménagement orhodontique pour aboutir à un recentrage des grands axes des centrales (associées ou non à une harmonisation des rapports de proportions entre les incisives) et une solution implantaire unitaire pour la 12.

La temporisation esthétique sera directement liée à la nature du traitement orthodontique mis en place.

Il semble que l’usage du BCMA est parfaitement adapté au plan de traitement global (la patiente refusant l’idée d’une solution amovible).

Si la patiente ne souhaite pas entamer un traitement orthodontique, la solution implantaire ne sera pas possible et dans ce cas, le protocole proposé par Gil Tirlet sera retenu.

Pour conclure, je me permets de citer Gil Tirlet et Jean-Pierre Attal même si les propos datent un peu ( Réalités Cliniques 2015. Vol. 26, n°1: pp. 35-46)

« Le bridge collé cantilever en céramique signe une évolution contemporaine des bridges collés métalliques conventionnels en réponse à la demande des patients. Cette proposition thérapeutique qui reste encore très méconnue des praticiens nécessite une description et une codification précises de ses principaux aspects cliniques afin de pouvoir la démocratiser avec le maximum de sécurité ».

« Son évolutivité dans le temps (possibilité de remplacement par un autre bridge cantilever voire par la mise en place différée d’un implant à échéance du premier bridge) le place ainsi comme une solution de choix dans l’arsenal thérapeutique contemporain dans les situations d’agénésie des incisives latérales ou de trauma avec perte d’une dent antérieure que ce soit chez des sujets jeunes, mais aussi chez des sujets adultes ou de séniors ».

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A propos de l'auteur

Dr. Christophe NIVIERE

Diplômé de la Faculté d’Odontologie de Marseille

Maîtrise de Sciences Biologiques et Médicales

Ancien Assistant Hospitalier et Universitaire Département de Prothèses et d’Implantologie

Diplômé de la Faculté d’Odontologie de Marseille

Maîtrise de Sciences Biologiques et Médicales

Ancien Assistant Hospitalier et Universitaire Département de Prothèses et d’Implantologie

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