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FACETTE OU COMPOSITE COMMENT CHOISIR ?

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Face à un délabrement d’une incisive maxillaire, le praticien a parfois du mal à faire le choix entre une restauration directe ou indirecte. Cet article a pour but de faire le point sur les critères qui pourront aider le praticien à prendre la bonne décision pour restaurer cette dent avec un succès à court et à long terme.

INTRODUCTION

L’incisive centrale à une place dominante dans l’esthétique du sourire. C’est également une dent qui est soumise à des contraintes mécaniques importantes notamment en termes de flexion. restaurer cette dent présente plusieurs difficultés : réussir une intégration esthétique parfaite tout en garantissant sa solidité à long terme. Pour faire son choix, le clinicien devra prendre en compte plusieurs critères.

CONSIDÉRATION SCIENTIFIQUE

Lorsque l’indication est bien posée, les restaurations indirectes en céramique présentent un taux de survie élevé aux alentours de 94 % à 12 ans. (1-2-3)
Concernant les restaurations composites en méthode directe, le taux de survie se situe aux alentours de 90 % à 10 ans(4) Cependant d’autres études tendent à montrer que le taux de survie des restaurations directes est plus praticien dépendant.

CRITÈRES DE DÉCISION

Lors de la consultation, un certain nombre de critères doivent être pris en compte afin de répondre à la demande du patient.
Le praticien doit garder à l’esprit le gradient thérapeutique (tirlet et attal 2009) afin d’être le plus économe possible en tissus et permettre ainsi la potentielle réintervention, tout en proposant à son patient un soin esthétique et fonctionnel.
Perte de substance : Lorsque le praticien doit restaurer une dent il doit d’abord se poser la question de la préservation tissulaire. En effet, la restauration d’un angle incisif ne doit pas entrainer la mutilation de toute la face vestibulaire de la dent afin de réaliser une facette. Lorsque la perte de substance est réduite, il convient, en première intention de réaliser une restauration directe en composite afin de préserver le maximum de tissu sain. Si cette restauration venait à se casser à plusieurs reprises, une restauration indirecte partielle en céramique pourrait être envisagée (chips en céramique). Lorsque la perte de substance est plus importante, une stratification composite reste possible, cependant la restauration indirecte permettra une meilleure intégration esthétique tout en assurant un taux de survie important.

Perte de substance minime, traitée par restauration directe.

Complexité de la restauration : Lors de la consultation, il est nécessaire de prêter une attention particulière à l’anatomie des dents à restaurer. En effet, certaines dents présentent une anatomie simple, tant sur le plan chromatique qu’au niveau de leur état de surface (macro et micro géographie). ainsi, il sera plus facilement envisageable de réaliser une restauration directe en composite sur une dent avec peu de caractérisation et un état de surface simple que sur une dent présentant une cartographie chromatique complexe ou encore un état de surface marqué difficilement imitable en méthode directe.

Perte de substance modérée traitée en restauration directe avec stratification
simplifiée (composite Asteria A3, NE). Macro et micro-géographie très peu marquées.

Attentes du patient : En tant que soignant, notre devoir est de prodiguer un soin de qualité tout en répondant aux attentes de nos patients. Concernant les soins esthétiques, les patients n’ont pas tous le même niveau d’exigence. Le praticien se doit de prendre en compte ce paramètre afin de proposer le traitement qui répondra au mieux aux attentes de son patient.

Dent présentant une caractérisation chromatique complexe ainsi qu’un état de surface
marqué. Il a été choisi de traiter cette dent par facette en céramique feldspathique afin
de garantir un résultat au jeune patient aux attentes esthétiques élevées. (Laboratoire Prothésia Chateauneuf de Grasse)

Le patient se présente au cabinet suite à un trauma traité en urgence. La restauration
sur la 11 n’a tenu que 24h.

L’analyse esthétique nous montre la malposition initiale de 11 et 21. Cependant, le
patient souhaiterait corriger cette malposition.

Restauration composite réalisée lors de la consultation d’urgence. Les proportions des
incisives centrales sont incorrectes du fait de la correction de la malposition.

Préparation pour restaurations adhésives en céramique.

Résultat 3 semaines après collage des facettes en céramique. (Laboratoire Prothésia)

Ainsi, nous pourrons proposer un composite simplifié, sans stratification, avec un coût raisonnable à un patient qui n’attend de nous qu’un résultat fonctionnel. Nous nous orienterons plus aisément vers une stratification composite complexe ou une restauration indirecte en céramique chez un patient souhaitant un résultat esthétique élevé.
Compétence du clinicien/laboratoire : La stratification composite est un exercice complexe nécessitant une courbe d’apprentissage importante. ainsi, le praticien doit connaitre ses capacités en termes de résultats esthétiques et proposer des solutions thérapeutiques adaptées à ses compétences cliniques. de même, la réalisation d’une facette unitaire en céramique reproduisant la dent contro-latérale est très complexe et nécessitera de se rapprocher d’un laboratoire maîtrisant ces techniques de réalisation. Lors de la réalisation d’une restauration indirecte en céramique il sera indispensable de fournir au laboratoire de prothèse les informations nécessaires à la réalisation de celle-ci pour espérer une bonne intégration esthétique. Pour cela une série de photos est envoyée en haute qualité et au format natif afin de réaliser un protocole Elab.

Prise de teinte en lumière polarisée avec carte grise pour protocole ELAB. La
première photo est réalisée en début de séance afin d’éviter les erreurs de teinte dues
à la déshydratation de la dent.

Une deuxième photo est réalisée en fin de préparation afin de donner les informations
colorimétriques du substrat au technicien de laboratoire.

Logiciel Elab Prime permettant au prothésiste de faire le choix des poudres à utiliser.

Intégration esthétique à 1 mois post opératoire. Laboratoire Prothésia.

Des dispositifs permettent maintenant un transfert de ces informations de façon simplifié.

Rayplicker Handy :
dispositif de prise de teinte
numérique par
spectrophotométrie

Cartographie chromatique issue du logiciel rayplicker.

Enfin, le nombre de dents à traiter peut également être pris en compte pour le choix des restaurations. En effet, la réalisation d’un composite stratifié pour une ou deux dents peut facilement s’envisager lors d’une séance de soin d’une à deux heures. Lorsque le plan de traitement intègre la restauration d’un grand nombre de dents, il devient compliqué de réaliser ces restaurations en une séance tout en se faisant honorer correctement. dans ce cas, la réalisation de facettes en céramique permettra de réduire considérablement le temps au fauteuil et permettra d’assurer le résultat esthétique.

ALTERNATIVE THÉRAPEUTIQUE

La technique des facettes en composite injecté représente une excellente alternative aux restaurations directes et aux facettes(6) . En effet, elle va permettre de réduire le coût et le temps de traitement au fauteuil tout en assurant un résultat prédicable à nos patients. La technique consiste à injecter un composite fluide directement en bouche grâce à une clé en silicone transparent issu d’un wax-up préalablement validé à l’aide d’un mock up. Cette technique va permettre de réduire le coût tissulaire de nos restaurations car le praticien va pouvoir s’affranchir de la préparation des zones de contre dépouille. de plus, le composite étant injecté directement sur site, on va pouvoir travailler avec des couches de composite très fines. Grâce à cette technique, nous allons nous affranchir d’une des difficultés majeures des restaurations directes en composite que représente la reproduction de la macro et la microgéographie de la surface de la dent. En effet, ces éléments seront réalisés par le technicien de laboratoire sur le wax-up. La précision des silicones transparents nous évite de réintervenir sur l’état de surface. Un simple brillantage à l’aide d’un disque silicone sera alors réalisé.

Situation initiale

Clé d’injection en place. (Exaclear GC)

Clé d’injection en place. (Exaclear GC)

Situation finale. (Composite Geanial universal injectable A3, GC

Conclusion

Il n’existe pas de consensus concernant le choix entre restauration directe et indirecte, le clinicien devra prendre en compte différents facteurs pour proposer à son patient un soin de qualité durable dans le temps. Le composite a l’avantage d’être économe en tissus et peu onéreux mais il est parfois difficile d’obtenir un résultat esthétique parfait, notamment à cause du liseré grisé qui peut parfois apparaître à l’interface dent/restauration. La facette en céramique va permettre une meilleure prédictibilité en termes de rendu esthétique, notamment par le fait que toute la face vestibulaire va être masquée par la restauration. Cependant, cette thérapeutique nécessite une bonne communication avec le laboratoire pour le choix de la couleur et du matériau. Le coût tissulaire et financier de ces restaurations est plus important mais elles devront être privilégiées pour les patients exigeants ou en cas de délabrements importants pour assurer un taux de survie élevé. Enfin, la technique des composites injectés peut être une bonne alternative aux facettes en céramique. En effet, elle rend le résultat beaucoup plus prédictible que les restaurations directes et elle facilite les étapes cliniques, tout en étant économe en tissus.

Bibliographie

  1. – Gurel G, Morimoto S, Calamita MA, Coachman C, Sesma N. Clinical performance o f porcelain laminate veneers: outcomes of the aesthetic pre-evaluative temporary (aPt) technique. the International journal of periodontics & restorative dentistry. 2012;32(6):625-35.
  2. Fradeani M, Redemagni M, Corrado M. Porcelain laminate veneers: 6- to 12-year clinical evaluation–a retrospective study. the International journal of periodontics & restorative dentistry. 2005;25(1):9-17.
  3. Peumans M, De Munck J, Fieuws S, Lambrechts P, Vanherle G, Van Meerbeek B. a prospective ten-year clinical trial of porcelain veneers. the journal of adhesive dentistry. 2004;6(1):65-76.
  4. Siegward D. Heintze, Valentin Rousson, Reinhard Hickel. Clinical effectives of direct anterior restorations- a meta analysis. dental Material 31 (2015) 481-495)
  5. Flavio F. Dermarco at Al. anterior composite restaurations: a systematic review on long-term survival and reasons for faillure. dental materials 31 (2015) 1212-1224.
  6. Ali Salehi. international dentistry – african edition VOL.9, NO. 3 60-68.

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A propos de l'auteur

Dr. Jean David Boschatel

Exercice privé à Bouc bel Air
Conférencier national et international
Membre de BioTeam Marseille
Membre ITI France

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