INTRODUCTION
Les composites antérieurs, soins courants s’il en est dans nos cabinets, représentent souvent un challenge en termes d’intégration esthétique. Nous sommes confrontés à plusieurs obstacles :
♦ rendre invisible le joint collé
♦ copier au plus près la couleur de la dent à restaurer
♦ reproduire une morphologie adaptée
♦ reproduire un état de surface identique
Ce challenge esthétique augmente encore dans les restaurations interproximales de classe 3 qui sont entourées sur 3 cotés par des joints collés et se situent souvent en position centrale dans la dent.
L’objectif de cet article et de cette vidéo est de proposer quelques astuces cliniques permettant d’optimiser nos résultats de couleur et de forme dans cette situation.
CAS CLINIQUE
La situation initiale objective d’anciens composites infiltrés, en particulier en mésial des 2 incisives centrales. Le composite de classe 3 est un acte clinique commun dans notre pratique quotidienne mais représente systématiquement un challenge car l’intégration esthétique d’une restauration en composite de classe 3 est très difficile à réussir du fait de son encastrement vestibulaire et de sa position souvent centrale dans le sourire.
La difficulté clinique principale réside dans l’intégration morphologique et colorimétrique du futur joint collé entre l’émail et le composite.
Le succès de notre traitement consiste à reproduire une harmonie de couleur et de forme dans le sourire de cette patiente de 40 ans.
La réparation des restaurations est toujours préférable à leur renouvellement total dans un objectif de préservation tissulaire. Le contrôle des faces palatines montre une situation saine sans infiltration visible, il est donc décidé de préserver les murs palatins des composites mésiaux des 2 incisives centrales.
Le choix des masses de composite est obtenu par la button technic. Cette technique consiste à photopolymériser des apports de composite de masse dentine sur le tiers cervical (à majorité dentinaire) et de masse émail entre le tiers médian et incisal (à majorité amélaire). (Essentia – GC).
Ce choix est validé par une photo polarisée permettant une meilleure appréciation de la saturation dentinaire et de la luminosité amélaire (ici Médium Dentin et Light Enamel avec le colorimètre Optishade – Bisico).
VIDÉO
Les éléments principaux à respecter sont :
♦ un biseau long, fin et poli
♦ l‘utilisation d’au moins 2 masses de composite d’opacités différentes
♦ un recouvrement de la moitié de la largeur et de l’épaisseur du biseau en masse dentine
♦ la reconstitution globale de la morphologie vestibulaire en masse dentine de saturation adaptée moins 0,5 mm.
♦ une masse de composite émail de luminosité adaptée et d’une épaisseur de 0,5mm pour terminer la reconstitution morphologique et le recouvrement du biseau
♦ un dégrossissage puis un polissage soigneux
En fin de séance, la déshydratation des dents qui ont été isolées par le champ opératoire ne permet pas de contrôler immédiatement la couleur obtenue.
A une semaine post opératoire, les dents se sont totalement réhydratées et le contrôle clinique montre une saturation trop importante et un manque de luminosité des 2 composites mésiaux sur 11 et 21.
La réussite des composites stratifiés est très opérateur dépendante et nécessite souvent une reprise et une finition dans une 2e séance. Prévenir dès le départ le patient de la nécessité de cette 2e séance permet de se laisser une marge de manoeuvre appréciable pour optimiser le résultat final si nécessaire.
Un léger cut back est ici réalisé avec une fraise diamantée bague rouge dans le but de rajouter une masse opalescente le long des faces mésiales et une masse émail lumineuse plus épaisse.
La vue finale objective une intégration colorimétrique et morphologique acceptable de nos composites.
Une harmonie de couleur et de forme est obtenue. Le polissage soigneux permet un meilleur vieillissement des restaurations.
CONCLUSION
Les points principaux à prendre en compte pour optimiser l’intégration des composites antérieurs sont :
l un biseau long, fin et poli dans l’émail l 2 composites de masse émail et dentine de saturation et de luminosité adaptées
♦ la face proximale reconstituée avec une matrice prégalbée
♦ le recouvrement de la première moitié du biseau par la masse dentine
♦ la masse dentine reconstitue quasiment le volume vestibulaire final
♦ la masse émail vestibulaire doit être fine (0,5 mm) et recouvre totalement le biseau
♦ le polissage doit être soigneux pour éliminer les excès au niveau du biseau sans l’attaquer
La réussite des composites stratifiés antérieurs peut cependant nécessiter des retouches lors d’une 2e séance.
Le patient doit en être prévenu avant le traitement pour éviter toute déception et se laisser une marge de manoeuvre souvent appréciable.
