En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.

LEFILDENTAIRE est un site réservé aux professionnels de la santé dentaire.
Si vous n'êtes​ pas un professionnel de santé, vous pouvez obtenir des réponses à vos questions par des experts sur Dentagora.fr en activant le bouton Grand Public.

Je suis un professionnel Grand Public

“Travailler numériquement, c’est aussi réinventer la communication dentiste/prothésiste”

0

Dr Julien DELRIEU

Rencontre avec l’équipe du Laboratoire de la Save installé à 25 km de
Toulouse et qui a fait dès le début le choix du numérique. Ils partagent
avec nous leur expérience et leur mode de fonctionnement. Le Dr
Julien Delrieu, jeune praticien qui a sauté le pas du numérique il y a
un an, évoque avec nous ses débuts et leur collaboration.

Mickael CHARDAVOINE

Maelys GAIGHER

François CHETRAM

 

 

 

 

Fil Dentaire : Pouvez-vous présenter votre structure (pour le laboratoire) et vous présenter pour nos lecteurs ?
Mickaël Chardavoine : Je suis gérant du laboratoire. Mon cursus scolaire est classique jusqu’en 3ème, puis, CAP, brevet technique des métiers et brevet de maitrise. J’ai fait plus de 20 ans en cabinets dentaires privés, ce qui m’a permis d’apprendre notamment différentes ficelles de ce qui se passe au fauteuil. Je me suis installé à mon compte en 2015. d’abord tout seul. J’ai décidé de me mettre directement au numérique. aujourd’hui, le laboratoire regroupe 14 personnes.
Maïlys Gaigher : Je suis responsable du laboratoire depuis 1 an. J’ai un brevet technique des métiers supérieurs. Je gère essentiellement le secteur de l’adjointe en numérique et physique. Je fais aussi de la réception et du traitement des empreintes optiques tout comme François.
François Chetram : Mon poste est centré sur l’activité numérique du laboratoire : réception des empreintes optiques, modélisation, impression des modèles et l’usinage des prothèses. Je suis arrivé au laboratoire il y a un an et demi directement en sortie de l’école, titulaire d’un BTS en prothèse dentaire.
Mickaël Chardavoine : Il y a également 3 personnes en télétravail avec une activité uniquement centrée sur le numérique (notamment la conception) nous permettant d’avoir accès à toutes les solutions logicielles (Dental Wings, 3Shape, Exocad) avec une grande expertise sur ces dernières.

Fil Dentaire : Quel est le rôle des employés en télétravail ? Pourquoi avoir fait ce choix ?
Mickaël Chardavoine : Leur activité correspond à 30 % de notre production numérique. Ce sont des info-prothésistes avec des compétences très poussées sur les logiciels dont certains sont formateurs parce qu’ils ont travaillé pour l’éditeur.
Maïlys Gaigher : Aujourd’hui, lorsqu’on se lance dans le numérique, si l’on veut réussir, il ne faut pas être que prothésiste. Il faut aussi être très « geek » et avoir un gros bagage informatique. Cela est d’ailleurs peut-être plus vrai pour les prothésistes que pour les dentistes.
Mickaël Chardavoine : Lors de l’installation, on vous donne le logiciel comme on vous donne une caméra. Et on vous fait juste la formation de base. Mais est-ce qu’avec cela vous connaissez le logiciel à 100 % ? La formation se fait réellement en appelant la hotline lorsque l’on bute sur un problème. Il est d’ailleurs très rare d’avoir des formations sur les logiciels, du moins proposées par les éditeurs. Au fur et à mesure des problèmes, on avance et on gagne en expertise. C’est aussi pour cela que nous avons fait le choix de travailler avec des personnes qui connaissent parfaitement les logiciels parce qu’ils les utilisent à 80 % alors que nous, on plafonne peut-être à 30- 0 %. Nous travaillons également avec d’autres sociétés de design externalisées notamment pour les planifications implantaires. Ces choix nous permettent de pouvoir répondre à toutes les demandes de nos clients et parer à toutes les éventualités, ce que nous n’aurions pas pu faire autrement.


Fil Dentaire : Dr Delrieu, pouvez-vous vous présenter également ? Quand avez vous franchi le pas du numérique ?
Julien Delrieu : Je suis omnipraticien et je travaille également à la faculté comme assistant hospitalo- universitaire. Je suis sorti de la faculté en 2017. J’étais en flux de travail conventionnel (physique) jusqu’à ce que le cabinet où je suis collaborateur fasse l’acquisition d’une caméra il y a environ un an. J’attendais ces premiers pas dans le numérique avec pas mal d’impatience car cela faisait partie de ce qui m’intéressait dans les évolutions à donner à mon activité. J’ai d’abord continué avec le prothésiste avec lequel je travaillais déjà auparavant. Et puis, à la suite de quelques soucis et des changements de personnel, j’ai décidé de repartir en quête d’un laboratoire qui pourrait m’accompagner sur ma transition numérique. Le bouche à oreille et les conseils ont fait le reste.
Fil Dentaire : Comment s’est passée l’intégration de ces nouveaux flux numériques ?
Julien Delrieu : J’ai appris complètement sur le tas. Il y avait quelques modules de formation en ligne avec des vidéos You Tube principalement. Il y avait aussi un petit modèle de démo livré avec la caméra que je n’ai pas trouvé particulièrement formateur car assez différent de la réalité.
Je m’étais dit que j’allais commencer doucement avec des petites restaurations ; mon premier cas fut un bridge 7 éléments. Les échanges avec le laboratoire m’ont également beaucoup aidé.
Finalement, l’intégration s’est faite rapidement si bien que sur la dernière année, j’ai dû faire 2 ou 3 empreintes physiques en tout. Cela étant, je suis particulièrement intéressé par les nouvelles technologies. J’ai un côté geek qui fait que c’est peut-être plus simple d’avoir envie d’aller chercher la solution au problème par soi-même et j’accepte de galérer un petit peu jusqu’à trouver la solution.
Maintenant, je conseille à celles et ceux qui n’ont pas ce tropisme de s’orienter vers une caméra plus facile d’accès avec un vrai accompagnement personnalisé.


Fil Dentaire : Quels conseils pourriez-vous donner à un(e) praticien(ne) qui souhaiterait se lancer dans le numérique ?
Mickaël Chardavoine : Nous avons mis en place un vrai protocole avec nos praticiens, notamment les nouveaux. Tout d’abord, nous insistons pour que la fiche de laboratoire soit parfaitement remplie et complète. Cela paraît idiot mais c’est la base. Une erreur et nous sommes obligés de refaire la commande. Ensuite et surtout, nous demandons de bien analyser les empreintes avant envoi. Ce n’est pas toujours simple car les praticiens ne sont pas formés à avoir un oeil critique vis à vis d’une empreinte optique.
Maïlys Gaigher : La qualité des empreintes est vraiment très importante. Il y a parfois, de notre côté, besoin d’un vrai travail sur l’empreinte elle-même afin de la rendre exploitable : boucher les trous, éliminer les artefacts, tout ce qui peut gêner les logiciels de conception. Cela peut prendre énormément de temps.
François Chetram :Avec le plâtre, il nous est possible de tricher ; on bouche, on gratte. Même s’il existe des outils de retouche informatique, le numérique pardonne moins. Les praticiens ne le comprennent pas toujours, alors nous faisons des captures d’écran, des vidéos en direct pour leur faire toucher du doigt ces difficultés.

Maïlys Gaigher : De manière générale, nous échangeons beaucoup avec nos praticiens, sur les étapes à réaliser en amont du cas, sur la qualité des empreintes, pour éviter les obstacles et les incompréhensions. Il est plus facile d’anticiper que d’essayer de rattraper après.
Mickaël Chardavoine : C’est simple, il faut être rigoureux. Et commencer par des empreintes simples, par exemple faire une gouttière de blanchiment, pour s’exercer et se jauger. Ensuite, on peut se lancer dans les choses « sérieuses » avec par exemple une couronne simple ou un inlay. L’intégration de l’empreinte optique passe aussi par une organisation de votre planning. Elle ne s’improvise pas et demande du temps. Et même si cela demeure rare, il faut prévoir le problème informatique. Il faut avoir un bon SAV, une hotline accessible. Néanmoins, il faut aussi composer avec leurs horaires d’ouverture. ainsi mieux vaut-il éviter les rendez-vous avec prise d’empreintes compliquée entre midi et 14h ou après 18h. C’est également valable pour nous d’ailleurs.
Julien Delrieu : Au début, la patience est le maitre mot. Car comme pour les empreintes physiques, il y a une phase d’apprentissage que l’on a parfois oubliée. En débutant, il est tout à fait normal d’avoir l’impression de prendre plus de temps ou de faire de moins jolies empreintes. On change complètement de technique. Il faut donc être patient mais actuellement cette courbe d’apprentissage est tout de même relativement courte. Aujourd’hui encore, après un an, je prends plus de temps pour une empreinte optique bouche complète qu’avec une empreinte physique. L’autocritique immédiate me pousse à l’améliorer, même quand ce n’est pas forcément nécessaire. très sincèrement, moi ça m’agace de voir les petites flèches bleues sur le logiciel qui me disent : « attention, il y a un trou dans l’empreinte ». Mais il faut garder à l’esprit que le temps passé à réaliser une bonne empreinte n’est pas du temps perdu, bien au contraire.
Fil Dentaire : Quels avantages pourriez-vous citer à passer par des flux de travail numériques ?

Julien Delrieu : Je ne sais pas si c’est le fait d’être passé sur des empreintes optiques qui a relevé mon niveau
d’exigence ou si cela vient des technologies – surement un peu des 2 – mais j’ai constaté une réelle amélioration des adaptations (intrados et occlusion) de mes prothèses. Je ressens depuis un vrai gain en termes de confiance et de prédictibilité dans ce que je vais recevoir et poser. En physique, c’était l’angoisse de la découverte. La durée des rendez-vous de pose glissait souvent. Ce n’est plus le cas maintenant. J’ai gagné en temps et en sérénité.


Mickaël Chardavoine : Le numérique nous apporte beaucoup d’avantages. J’en citerai 2 qui parlerons surement
à vos lecteurs. Quand on livre un modèle, ce dernier n’est pas carotté, afin de s’assurer notamment pour les points de contact qu’il n’y a pas un mouvement du moignon dû à la carotte. En plus, cela nous permet de travailler le profil d’émergence avec le profil de la gencive en place, contrairement au détourage du modèle en plâtre qui supprime cette gencive.
Ensuite, nous avons des praticiens qui tracent les limites sur les empreintes optiques qu’ils nous envoient. On peut les retoucher un peu mais si elles sont faites même à 60 % c’est un gain énorme pour nous notamment lorsqu’elles sont peu visibles. Cela est impossible en flux traditionnel. Enfin, travailler numériquement, c’est aussi réinventer la communication dentiste/prothésiste. Nous avons fait le choix d’utiliser les outils modernes de messagerie instantanée (ex : Whatsapp) pour échanger plus efficacement avec nos clients. Nous avons créé des groupes d’échange par praticien et par domaine d’application.

Maïlys Gaigher : Les fabricants de caméras proposent des chats sur leurs portails d’envoi. Mais cela ne fonctionne pas car il n’y pas de notifications et donc l’information n’est pas reçue.

Là, c’est immédiat, tout le monde voit les images et en fonction des messages, nous savons qui doit répondre et si c’est traité. Encore une fois, nous échangeons énormément et dès qu’il y a un doute nous envoyons une photo, un film, des messages audio.
Mickaël Chardavoine : Les nouveaux praticiens avec lesquels on travaille nous font souvent remonter que les problèmes qu’ils ont pu rencontrer avec d’autres laboratoires étaient dus au manque d’échange. Les outils
existent alors utilisons-les !

QUELS OUTILS NUMERIQUES

Dr JULIEN DELRIEU
Caméra
• Medit i700

LABORATOIRE DE LA SAVE
Scanners
• 1 scanner Euromax Opera System
• 1 caméra intra orale Opera Mach (Euromax)
Imprimantes
• 4 imprimantes modèles Shining 3d et 2 Phrozen
• 1 imprimante pour le calcinable Opera System
• 1 imprimante pour cire et PEI Formlabs
Usineuses
• 2 usineuses Roland dwx-52dci
Logiciels de conception/planification
• Dental System (3Shape)
• Exocad
• Dental Wing

Partager

A propos de l'auteur

Dr. Karim NASR

Docteur en Chirurgie Dentaire
Maître de Conférences des Universités - Praticien hospitalier
Faculté de Chirurgie Dentaire de Toulouse - CHU de Toulouse
Praticien libéral

Laisser une réponse