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Rassurer le patient et le praticien : parler argent est-ce un tabou ?

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Peut-on priver le patient d’un traitement sous prétexte qu’il n’est pas totalement remboursé ? A-t-on le droit de décider à la place de notre patient ? Telles sont les questions que pose notre relation à l’argent. Malheureusement, le sentiment de culpabilité ressenti par nombre de nos confrères les pousse souvent à ne pas proposer l’alternative préventive ou esthétique sous le prétexte que la CPAM ne les prend pas tous en compte.

L’activité de prévention et thérapeutique est bien un service important rendu à nos patients. Nous devons faire passer notre responsabilité médicale avant le côté financier. En tout état de cause, il est aujourd’hui crucial pour le maintien de traitements de qualité, de proposer les meilleurs et les plus adaptés des traitements. Il s’agit ni plus ni moins de l’obligation élémentaire d’information du patient.

Ce concept est désormais développé de façon extensive dans la plupart des établissements hospitaliers sous l’appellation d’ETP (Éducation Thérapeutique du Patient). Il faut bien se souvenir que si nous, praticiens de la cavité buccale, ne lui délivrons pas cette information à propos de sa santé dentaire, il y a peu de chances que le patient en entende jamais parler.

Alors on peut se demander pourquoi nous sommes si gênés par rapport aux prix demandés ? Pourquoi le mot argent est si « culpabilisant » ? Pourquoi, enfin, est-il si difficile pour nous de faire passer notre vocation médicale avant les aspects financiers ?

Pourquoi, nous, chirurgiens-dentistes sommes-nous si mal à l’aise dès qu’il s’agit d’aborder ce sujet ?

Les causes de ce malaise sont nombreuses :

  • serment d’Hippocrate
  • pas d’enseignement dans les facultés sur comment aborder ce sujet avec le patient
  • mais aussi culpabilisation de la part de certaines compagnies d’assurances, de syndicat de laboratoires, de l’État, de la Sécurité Sociale, des médias
  • malaise culturel français vis-à-vis de l’argent, etc.

Le patient consommateur

Or, pendant que nous travaillons dans nos cabinets (de plus en plus pour payer les charges croissantes et maintenir notre niveau de vie), la société change, nos amis changent, notre personnel change, notre famille change et le patient lui aussi a changé.

Le patient n’est plus un patient, il est devenu consommateur de santé.

À ce titre, il est exigeant, informé et infidèle, c’est un zappeur.

Pour mieux comprendre comment le patient décide de réaliser ou pas un traitement, il est utile de rappeler les trois questions que se pose plus ou moins consciemment tout individu face à une dépense :

  1. Est-ce que l’information que je reçois est claire, objective, compréhensible et loyale ?
  2. Quel avantage vais-je en retirer ?
  3. Est-ce que je peux assumer financièrement cette dépense ?

Si la réponse à une seule de ces questions reste floue, alors il y a un problème immédiat pour le patient.

Cela explique pourquoi certains patients qui ont de l’argent ne réalisent pas les traitements et d’autres avec peu de moyen au contraire y adhèrent pleinement.

Si à chacune des questions la réponse est positive, il y a de fortes chances que le patient accepte le traitement.

En revanche, s’il y a le moindre problème sur un seul des points, il le refusera. Mais aujourd’hui, les éléments à prendre en compte dans la décision du patient vont à mes yeux beaucoup plus loin. De nombreux patients sont des baby-boomers. Mais que veut le patient baby-boomer ? En réalité, il veut tout. Mais il veut tout… tout de suite. Ces patients s’inscrivent dans une nouvelle problématique du temps. C’est là un phénomène nouveau. En effet, les études les plus récentes dans ce domaine ont montré qu’on ne peut plus se contenter de proposer de la qualité, de l’ambiance et du service. Il faut également intégrer cette notion de temps. D’ailleurs, l’évolution des traitements implantaires en témoigne avec la proposition de mise en charge immédiate notamment.

Par ailleurs, l’une des grandes caractéristiques de ces patients est qu’ils dépensent leur argent pour des choses dont ils n’ont pas besoin. Une autre attente du baby-boomer réside dans la demande de la qualité. C’est pourquoi, désormais, la qualité du service offerte au patient s’impose de plus en plus comme une nécessité à la hauteur de la qualité des traitements.

Plan-de-traitement

Aux trois premières questions citées précédemment, je rajouterai donc aujourd’hui trois éléments à prendre en compte, qui vont entraîner le patient à réaliser ou non le traitement que vous lui proposerez.

  1. L’émotion : la plupart des décisions sont prises émotionnellement. Dans nos relations avec les patients, nous n’avons pas toujours affaire à des êtres de logique. De nombreuses décisions sur le plan de la médecine de confort relèvent de choix émotionnels. Notez que ce comportement est le fait de tous les consommateurs quel que soit leur niveau de revenus. Les patients consommateurs ne réagissent plus à la logique du POUVOIR D’ACHAT mais à la logique du PLAISIR. En témoigne, l’avènement récent des « bars à sourire. » Sans ouvrir de polémique sur la légitimité de tels établissements, je n’en constate pas moins que les patients ne se posent pas la question si la centaine d’euros demandée est remboursée ou pas !
  2. Les patients prennent leurs décisions instantanément. Nous sommes dans la décision « impulse ».
  3. Ces décisions sont prises définitivement. Le patient ne reviendra pas en arrière. Il restera persuadé qu’il a fait le bon choix.

C’est donc aux praticiens de réinventer la réponse à leurs désirs et à leurs priorités.

En conclusion, pour tout traitement non pris en charge par les organismes de remboursement, l’argent est encore un sujet tabou et pour nombre d’entre nous. Les raisons en sont certes de nombreux facteurs externes mais également le blocage mental de certains praticiens vis-à-vis de l’argent.

De nombreux chirurgiens-dentistes consciencieux et sérieux ne proposent plus ou pas encore de traitements implantaires ou esthétiques à leurs patients.

L’une des raisons en est ce blocage vis-à-vis de l’argent. Malheureusement, au bout du compte, le patient est privé d’un traitement qui lui permettrait d’avoir une santé dentaire optimale. C’est pourquoi, il est impératif d’aborder clairement et de façon non émotionnelle ce sujet avec lui.

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A propos de l'auteur

Dr. Edmond BINHAS

Fondateur de la Binhas Global Dental School


Adresse : 183 Avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine, France

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