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Interface paro-prothetique

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Bernard Touati – Eric Rompen – Histoire d’une belle amitié professionnelle

Si le « no bone loss » est aujourd’hui devenu un business efficace pour certains, c’est une préoccupation centrale pour Bernard Touati et moi depuis près de 20 ans !

RÉTRO-ACTES

Fin des années 1990, début des années 2000 …
Le débat est alors vif entre partisans et adversaires des implants « tissue-level » ou « bone-level », les publications de Hermann semblant prouver que les implants dits 2- pièces provoquent des pertes osseuses majeures. Alors que cela va à l’encontre des multiples évidences cliniques des utilisateurs d’implants « Bränemark ». Le « micro-gap » entre implant et pilier, associé à un inflammatory cell infiltrate dont l’extension n’est pourtant que de 0.2 – 0.3 mm, est au centre des toutes les conférences. Les meilleurs spécialistes hésitent à m’affirmer qu’une attache épithéliale se forme sur le pilier, la tendance est plutôt à une migration apicale sur l’implant. Les piliers type UCLA en or ont la cote, surtout aux US, leurs partisans affirment qu’ils n’ont pas d’influence négative sur les niveaux osseux.

Dans le même temps, tout le monde accepte une perte osseuse de 1.2 – 1.5 mm la première année. très peu d’auteurs font état à l’époque des travaux, pourtant majeurs, des équipes suédoises (Abrahamsson, Lindhe, …) sur l’espace biologique péri-implantaire. Très peu de conférenciers insistent aussi sur l’influence, déjà démontrée à l’époque sur modèles animaux, de l’épaisseur des tissus mous, du dévissage des piliers, de la composition (biocompatibilité) de ces piliers vis-à-vis du remodelage osseux marginal.

Ou sur l’impact de la géométrie du col intra-osseux de l’implant (spires ou col lisse) sur les pertes osseuses. C’est à cette époque que, face aux incohérences des argumentaires de conférenciers de grande renommée sur les facteurs de stabilité des tissus péri-implantaires, je me décide à développer un exposé dont le titre est « What guides the bone level ? », et que je présente modestement à mon niveau local, mais aussi auprès de Nobel Biocare pour tenter de les convaincre de nous fournir les armes (inexistantes à l’époque) pour un maintien idéal des tissus autour de nos implants.

LA RENCONTRE !

Par chance, cet exposé est entendu par E. Van Dooren, qui en est interpellé. Par je ne sais quelle intuition et quel miracle, il arrive à convaincre Bernard Touati de m’écouter.

Ce fut une rencontre fondatrice !

Un beau jour de 2003, à Anvers, le clinicien-chercheur universitaire inconnu que j’étais a eu l’occasion d’exposer ses arguments en privé au très fameux Bernard Touati.

Malgré son savoir et son expérience, et c’est là l’une de ses grandes qualités, Bernard a su m’écouter attentivement jusqu’au bout et intégrer immédiatement des notions que je lui amenais.

Biocompatibilité, longueur de l’espace biologique, position verticale de l’implant, design et longueur des piliers (abutments) trans-gingivaux, spires jusqu’au col de l’implant, volume pour les tissus mous …. Tous ces paramètres dont j’avais tenté de rationaliser l’importance et l’impact dans mon exposé se trouvaient à l’interface entre prothèse et parodontologie.

A l’interface entre Bernard et moi.

L’étincelle s’est produite, la réaction chimique perdure depuis près de 18 ans ! A la fin de notre discussion, Bernard m’a dit : tu sais comment doit être le pilier biologique idéal ? Et bien dessine-le !

Le dessiner … plus simple à dire qu’à faire. Du moins à l’époque ! Je possédais les notions théoriques des longueurs d’attache de l’épithélium, du conjonctif,  j’avais développé l’intuition que pour mimer l’effet des fibres de sharpey absentes le mieux n’était pas de travailler avec des surfaces rugueuses mais bien en « creusant » l’abutment, mais coucher tout cela sur papier m’a demandé quelques jours de sueur.

LE TALENT…

Jusqu’à ce que, d’une simple touche, Bernard Touati himself rende Robocop sexy.
Oh ce n’était pas grand-chose. Juste un coup de crayon, un simple trait …
Mais qui me laisse un souvenir vif et intact, car j’ai soudainement réalisé ce qui caractérise Bernard Touati : le talent ! Et depuis lors, je reste admiratif…

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Les choses se sont ensuite rapidement enchaînées. Nous avons pu convaincre la firme NobelBiocare de déposer conjointement avec nous un brevet et de nous produire quelques prototypes dès 2004, d’abord en titane, puis en zircone.

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Le concept a été présenté à une large audience pour la première fois à Las Vegas en 2005, puis commercialisé en 2007 sous le nom de Curvy™, après une publication au J. Prosth. Dent. Démontrant une réduction significative du taux de récession gingivale en zone esthétique, voire un gain tissulaire vertical dans plus de la moitié des cas (cf. ci-dessous).

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La gamme de composants Curvy™ est malheureusement, et malgré nos efforts, restée trop incomplète chez Nobel Biocare pour pouvoir mener à une large utilisation clinique, mais reste encore aujourd’hui commercialisée avec succès auprès d’une compagnie israélienne.

Mais en tout état de cause, un changement de paradigme était amorcé : les piliers implantaires étroits, concaves ou cintrés en trans-muqueux sont depuis lors devenus une norme mondiale !

Ensuite, les projets communs de développement avec Bernard se sont enchaînés, comme par exemple ces implants prototypes en zircone, intégrant le concept Curvy™, dont le développement industriel ne s’est malheureusement pas poursuivi malgré d’incontestables succès esthétiques.

A noter que le design implantaire de droite ci-dessous est probablement le seul à ce jour qui puisse maintenir les pics osseux inter-dentaires en zone esthétique.

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Si les piliers Curvy™ étaient une avancée majeure en termes de macro-dessin des composants trans-gingivaux, ils ne résolvaient cependant pas la problématique du dévissage-revissage répété de ces composants, dont chacun ré-ouvre la plaie et provoque une migration apicale de l’épithélium de jonction, menant à terme à une perte osseuse par effet domino.

Dès 2010, nous avons donc commencé à proposer à notre partenaire commercial Nobel Biocare un concept « one-base, one-time » où une base biocompatible et concave est placée sur l’implant dès la chirurgie primaire pour ensuite ne plus être déposée, afin de préserver l’intégrité de la fermeture épithéliale.

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La vie n’étant pas un long fleuve tranquille, ce projet a ensuite malheureusement marqué un long temps d’arrêt pour cause de conflit juridique avec l’un de nos partenaires. Mais dès 2013-2014, nous avons intensément œuvré à la mise au point d’un véritable chaînon manquant, un composant unique, le On1, avec dépôt de brevet. Les piliers dits « de cicatrisation », provoquent en fait des blessures répétées du site péri-implantaire et favorisent inflammation et migration épithéliale apicale de l’épithélium de jonction plutôt qu’une cicatrisation efficace : toute déconnexion du composant trans-gingival rouvre la plaie. L’objectif atteint par le concept On1 est de pouvoir, sur un implant de type « bone-level », placer dès la chirurgie primaire le composant trans-gingival définitif, stérile et biocompatible, qui servira de base à tout type de reconstruction prothétique, plurale ou unitaire, vissée ou scellée.

Plus de dévissage ou déconnexion du pilier, alors que la stabilité mécanique des tissus mous est assurée par le design sous-gingival concave (« platform switching »), contrairement aux implants « tissue-level ». Les premiers prototypes ont été présentés publiquement en janvier 2015, pour une commercialisation la même année.

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Le On1 a récemment bénéficié des toutes dernières évolutions en termes de traitement des surfaces implantaires et d’hydrophilicité, pour une adhésion cellulaire encore améliorée assurant la meilleure herméticité de l’attache épithéliale.

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L’utilisation de ce composant nous permet aujourd’hui de maintenir, de manière routinière, des stabilités osseuses périimplantaires inédites.

L’objectif recherché dès le début des années 2000, le « no bone loss », est véritablement atteint au quotidien !

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