Le mot du Dr Alain Villette
Faisons un petit zoom arrière. En 1906, le Dr Nogué, notre génial prédécesseur décrivait, pour la première fois et avant l’anesthésie para-apicale (!), l’anesthésie diploïque. Après un siècle d’obscurantisme, l’AFPAD a proposé cette anesthésie au public à travers des formations sous le nom d’anesthésie transcorticale.
À ce jour, cette technique n’est pas encore enseignée dans les facultés car aucun « anesthésiste enseignant » n’a suivi de formation.
Par contre, de nombreux chefs de service, de pédodontie d’abord, d’odontologie conservatrice et des services d’urgence ensuite, se sont formés et pratiquent cette technique dans leurs services. Je ne citerai que les facultés de Gand, Genève et Valence pour l’étranger, Rennes, Marseille, Toulouse, Montpellier, Nantes, Lyon pour la France. N’est-ce pas une évolution ? Nous pourrions même dire une « révolution » !
La conférence sur « l’anesthésie diploïque des dents mandibulaires » faite à la demande du comité scientifique de l’ADF en 2008, en est aussi une autre.
L’avènement de l’anesthésie ostéocentrale plus performante et plus facile que l’anesthésie transcorticale constitue la dernière évolution clinique. Les autres évolutions se situent au niveau technique.
L’AFPAD a travaillé sur l’amélioration des aiguilles. Ses travaux ont abouti d’une part, à la réalisation d’aiguilles particulièrement performantes en anesthésie intraligamentaire et d’autre part, à réaliser des biseaux spéciaux moins douloureux pour toutes les autres techniques. Qui a dit que l’anesthésie n’évoluait pas ?
Perspectives ?
Arrêter la machine à fabriquer les pulpites en supprimant l’anesthésie intrapulpaire. Faire évoluer favorablement notre image auprès du public.
La maîtrise de la douleur fera que nos patients ne viendront plus nous voir quand il sera trop tard. Ce qui aura, obligatoirement, une répercussion sur le coût final des soins.
Pour résumer, ce qui nous attend dans un futur proche, c’est :
- moins de douleur
- moins de produit
- plus d’efficacité !
Pour terminer, une perspective onirique ! Pourquoi pas des facultés dentaires sans douleur… Peut-être dans 20 ans, qui sait ?
Témoignages de praticiens…
Dr Bertrand-Charles Iungo-Laffont
- Omnipraticien – Expérience hospitalière de chirurgie
- Rouen (76)
« Je désirais comprendre pourquoi certaines anesthésies posaient certains problèmes dans ma pratique quotidienne, même après plus de 20 ans de métier, savoir si les confrères étaient également concernés et quelles solutions pratiques pouvaient être apportées. Après la formation, et dès réception du matériel, installé dans la foulée, je m’y suis mis tout de suite, sans trop d’appréhension, en commençant par des anesthésies simples. Mais rapidement, le confort qu’apporte cette technique m’a permis de progresser dans le champ des applications. Je n’ai pas vraiment rencontré de difficulté : une pédale de plus, un fil de plus c’est vrai, mais vite oublié. Par contre, cette technique nécessite d’expliquer au patient le pourquoi de la lenteur de l’injection, ainsi que le bruit légèrement désagréable de « perceuse », au moment du franchissement de la corticale osseuse. Légère difficulté au début, pour éjecter l’aiguille, qui fut vite réglée par la hotline. Les rappels anatomiques, physiologiques faits au moment de la formation étaient nécessaires, même après autant d’années de pratique. La crainte de l’échec anesthésique a pratiquement disparu, gain de temps important car plus de confort pour moi et mes patients. La gestion de plusieurs actes au cours d’une même séance s’en trouve très facilitée. »
Dr Emmanuelle Noirrit
- MCU-PH Odontologie pédiatrique
- Toulouse (31)
« J’ai participé à une formation de l’AFPAD afin de me familiariser avec la technique de l’anesthésie ostéocentrale et avec les systèmes d’injection contrôlée électroniquement. De retour au cabinet, il faut évidemment quelques jours d’apprentissage avant de se positionner correctement par rapport au patient et de bien avoir en main l’appareil ; mais la formation nous prépare parfaitement et personnellement, j’étais impatiente de mettre en pratique cet enseignement. Désormais, j’ai plus confiance dans mes anesthésies grâce à la prise en main « stylo » plus précise et à la diffusion rapide du liquide anesthésique directement intra-osseuse; les patients apprécient l’absence d’anesthésie des tissus mous et les risques de morsure sont évités chez l’enfant. Il devient possible de soigner lors d’une même séance, des dents sur des quadrants différents, sans inconfort majeur. »
POUR EN SAVOIR PLUS SUR L’AFPAD
Association Française pour la Perfection de l’Anesthésie Dentaire
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