En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.

LEFILDENTAIRE est un site réservé aux professionnels de la santé dentaire.
Si vous n'êtes​ pas un professionnel de santé, vous pouvez obtenir des réponses à vos questions par des experts sur Dentagora.fr en activant le bouton Grand Public.

Je suis un professionnel Grand Public

La chirurgie naviguée en pratique quotidienne

0

Premier bilan après 2 ans d’évolutions

La chirurgie naviguée, lorsqu’elle est intégrée dans une activité d’implantologie, a de nombreux intérêts. Après une courte phase d’apprentissage et un entraînement à la chirurgie en regardant sur un écran, la procédure s’avère fiable, reproductible, et rapidement indispensable… Nous avions publié dans cette revue un article à nos débuts dans la navigation. Voici un état des lieux après 2 ans d’expérience.

Tout d’abord, le principal intérêt de la navigation est évidemment de faire des traitements implantaires prothético-guidés. On intègre donc facilement à la planification des wax-up numériques. Ces derniers nous permettent souvent d’améliorer le dialogue entre celui qui pose les implants et celui qui fait la prothèse. Cela nous permet aussi de simplifier l’étude des cas. Dans certaines situations, lorsqu’il est difficile de faire concilier les volumes osseux et le projet prothétique, une analyse reliant ces deux impératifs permet souvent de faire les bons choix.

En pratique, la chirurgie devient moins invasive puisqu’il n’est plus nécessaire de faire des décollements important. Parfois, elle est même réalisée sans lambeau. Dans les réhabilitations complètes, les suites opératoires sont beaucoup plus simples. En effet, dans les techniques all on Four, il était parfois nécessaire de décoller la face antérieure du maxillaire ou de la mandibule pour voir respectivement la face antérieure du sinus et l’émergence du nerf alvéolaire inférieur. Cela n’est plus nécessaire.

Un avantage majeur de cette technologie est l’optimisation de l’os restant. Dans certains cas, cela permet d’éviter de réaliser des greffes ou des comblements sinusiens (Fig.1).
Dans d’autres cas, cela permet de repousser au maximum les indications de all on Four ou de all on Six (Figs. 2à 6).

fig2

Fig.2 : patiente de 71 ans ayant une situation dentaire terminale avec un bout à bout incisif, un décalage du milieu maxillaire sur la gauche et des atrophies osseuses maxillaires postérieures. Une étude avec Smile Cloud® permet de visualiser le projet esthétique en recentrant le milieu, en améliorant l’occlusion et la dimension verticale.

Les implants postérieurs sont mis au plus proche du sinus grâce à la précision de la navigation. Cela nous a permis dans notre pratique de diminuer de façon significative les indications de pose d’implants zygomatiques ce qui est un bénéfice pour les patients.

La durée d’intervention est souvent diminuée ce qui est très confortable pour tous. Cependant, il n’y a pas de gain de temps dans l’absolu car la préparation avec le cone beam, la planification et les échanges avec le laboratoire prennent du temps en amont.

fig3

Fig.3 : planification avec les logiciels X Nav® en intégrant un wax up numérique. Les implants postérieurs sont positionnés au plus proche des sinus pour optimiser l’os restant. / Fig.4 : radiographies post-opératoires des implants Nobel Biocare® N1™ avec les piliers multi-unit. / Fig.5 : vues du bridge provisoire en post-opératoire lors de la mise en charge à 24 heures. Prothésiste Guillaume Glory. Laboratoire Design Implant (Arradon – 56). / Fig.6 : vues cliniques de la patiente en pré et post-opératoire.

Les interventions réalisées avec le X Guide sont variées. Cela peut concerner les implants unitaires, surtout lorsque les espaces sont étroits ou qu’il existe un obstacle anatomique (nerf, sinus, racine, implant). Les édentements pluraux, surtout lorsqu’il n’y a pas beaucoup de repères prothétiques. Dans le secteur antérieur, afin de faire coïncider les exigences esthétiques avec les axes implantaires. Les réhabilitations complètes sont aussi une indication de choix. Nous avons vu que l’optimisation de l’os restant était décisif. de plus, dans les situations de bridges à émergences dentaires, la navigation permet aussi de garantir les axes des implants qui sont plus exigeants que pour les bridges avec de la fausse gencive. Une technique intéressante consiste à réaliser des réhabilitations « ad integrum ». Elle consiste à prendre une empreinte des dents du patient avant qu’elles soient extraites. Une fois la cicatrisation osseuse acquise, on fait passer un cone beam au patient avec un X Clip et on réutilise comme wax up l’empreinte initiale pour repositionner les implants en fonction des dents préexistantes.

L’image perçu par les patients de cette technologie est excellente. Avec la qualité de l’image sur l’écran, cela représente un outil pédagogique pour que le patient comprenne son traitement. Ils sont, la plupart du temps, rassurés par le fait que tout soit planifié et qu’il y ait une assistance informatique. L’adhésion des patients a toujours été acquise.

un nouveau protocole X Mark est sorti pour pouvoir opérer des patients sans qu’ils aient fait le cone beam avec le X Clip. Ce protocole s’adapte aussi aux patients complètement édentés.

Il existe des utilisations alternatives du X Guide mais d’après nous la pose d’implants zygomatiques n’en fait pas encore partie. En effet, ce geste nécessite une attention particulière endobuccale et il est difficile de suivre simultanément l’écran et le forage. Cependant, au cours de ce geste, le X Guide peut apporter des informations sur le placement des implants, mais sans permettre un véritable guidage. Enfin, nous pouvons utiliser le X Guide pour poser des implants extra-oraux en vue de stabiliser des épithèses faciales. Cela sécurise les interventions par rapport à la chirurgie guidée et apporte une plus grande simplicité de réalisation. Le bénéfice est aussi au profit de l’épithésiste qui peut s’assurer en amont du bon positionnement des implants.

CONCLUSION

Ce qui ressort de presque deux années d’utilisation, c’est la simplicité de mise en oeuvre. Par rapport à la chirurgie guidée, la précision nous semble bien meilleure. De plus, il y a une flexibilité qui permet de changer de planification juste avant ou même pendant l’intervention, avantage non négligeable.

Alors, est-ce que la navigation est une charge ou un levier de croissance ? Même si elle nous paraît aujourd’hui indispensable dans notre pratique, elle nous semble aussi un véritable levier dans notre activité. Elle nous permet d’aborder plus facilement des situations difficiles, d’améliorer la communication auprès des confrères et des patients, de diminuer les durées opératoires et de sécuriser la chirurgie. Les traitements que l’on propose aujourd’hui aux patients ne sont plus les mêmes qu’avant ces deux années d’expérience en chirurgie naviguée.

Partager

A propos de l'auteur

Dr. Julien GUIOL

Exercice privé, Quimper
Exercice hospitalier, service de chirurgie maxillo-faciale.
CHU Hotel Dieu, Nantes.

Laisser une réponse