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Banc d’essais 2019 7 scanners intra-oraux

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Introduction

Depuis plus de 30 ans, les techniques de prise d’empreinte optique et de CFAO ont subi un essor colossal. Ces dernières années ont d’ailleurs été le théâtre d’énormes progrès tant sur le plan matériel que logiciel, mais aussi avec l’arrivée de nombreux compétiteurs.

Le marché des scanners intra-oraux est aujourd’hui arrivé à maturité, cependant l’offre devient tellement pléthorique qu’il est difficile de s’y retrouver.

Ces technologies deviennent incontournables dans nos exercices quotidiens, et cet investissement important, se réalisant pour beaucoup sur plusieurs années, se doit d’être réfléchi pour choisir le bon outil permettant d’accompagner intelligemment le développement numérique du cabinet.

Quel est mon besoin? Quel est mon budget? Quelles sont les évolutions possibles? Comment vais-je communiquer avec mon laboratoire de prothèse? Qui sera mon distributeur? Qui me formera ? Quels seront les coûts annexes? Autant d’interrogations qui devront être croisées afin de faire un choix judicieux.

Cet article, je l’espère, vous apportera quelques éléments de réponse et vous aidera à faire vos choix de manière clairvoyante et objective. Je suis moi-même utilisateur de systèmes d’empreintes optiques et de CFAO depuis plus de 8 ans. D’abord avec le système CEREC BlueCam, puis OmniCam, puis avec la chaîne de laboratoire Zirkonzahn, complétée ensuite par un scanner intra-oral 3Shape TRIOS 3 et la suite logicielle 3Shape.

Au fil de ces années d’utilisation, nous avons vu les écarts entre les caméras de prise d’empreinte se resserrer. J’ai pu tester pendant plusieurs semaines, 7 scanners intra-oraux. Vous trouverez le descriptif technique de l’ensemble de ces caméras dans un tableau comparatif.

On retrouve trop souvent dans la littérature des études in vitro qui certes mettent en valeur certaines caractéristiques d’une caméra intra-orale, mais qui bien souvent sont assez éloignées des conditions réelles d’utilisation en bouche. En effet, la salive, les joues, la langue, la musculature, l’ouverture buccale mais aussi le poids de la caméra et la taille de son embout sont autant de facteurs qui vont influer sur la numérisation, sur notre capacité à respecter le chemin de scannage idéal et au final avoir un impact sur la qualité de l’empreinte obtenue.

C’est pourquoi j’ai voulu tester ces caméras en conditions réelles d’exercice avec un test in vivo en arcade complète mais aussi avec 4 tests in vitro pour pousser la partie matérielle et logicielle dans ses retranchements. Les moyennes obtenues sont ainsi plus représentatives, mais restent à pondérer tant elles sont proches pour certaines. N’oublions pas que les bactéries mesurent entre 1 et 4 microns et un cheveu entre 50 et 100 microns !

photo de famille

Figure 1 : photo de famille

Eléments de langage

La transition de la prise d’empreinte conventionnelle analogique vers l’acquisition numérique implique l’apprentissage de notions techniques et d’éléments de langage.

Un système de prise d’empreinte optique se compose de 3 éléments indissociables : Une caméra, un ordinateur et un logiciel.

  • La caméra : c’est elle qui assure l’enregistrement des images qui permettront la reconstruction 3D, celles ci-sont transmises soit par voie filaire soit sans fil à une unité d’acquisition.
  • L’unité d’acquisition : celle-ci est composée d’un ordinateur équipé d’une carte graphique capable d’exploiter ces données 3D à la volée. Celui-ci peut être portable, on parlera alors de système Pod ou Flex; ou intégré dans un chariot avec écran conçu par le fabricant, on parlera alors de Cart ou Move.
  • Le logiciel : il permet de contrôler l’acquisition des données et les manipulations sur les fichiers 3D générés. On trouve des logiciels qui peuvent être simplement destinés à l’enregistrement d’empreintes ou d’autres qui intègrent des fonctions plus évoluées de modélisation de prothèses, d’analyse orthodontique, implantaire etc.

Il est important de comprendre qu’une caméra de prise d’empreinte optique n’enregistre que ce qu’elle voit. En conséquence, il faut anticiper cette lisibilité, par exemple à l’aide de cordonnets rétracteurs afin d’assurer un bon enregistrement des limites périphériques.

La plupart des systèmes sont partiellement ou totalement ouverts, c’est à dire qu’ils permettent l’export et pour certain l’import de fichiers standardisés (STL, PLY, DICOM).

Enfin, certains systèmes peuvent être connectés à des imprimantes 3D ou à des usineuses afin de produire des éléments prothétiques.

Présentation des systèmes et prise en main

3Shape® – TRIOS 3 ET 4 : la référence matérielle et logicielle

3Shape TRIOS 4 Wireless

Figure 2 : 3Shape TRIOS 4 Wireless Figure 2b : 3Shape TRIOS 3

3Shape est une société Danoise créée par deux camarades d’université en 2000 : Tais Clausen et Nikolaj Deichmann.

Spécialisée dans les solutions logicielles et matérielles pour le dentaire et l’audioprothèse, elle marque les esprits année après année en proposant des solutions toujours plus innovantes et percutantes.

Cette année, l’offre des scanners 3Shape TRIOS et de sa suite logicielle a été entièrement revue pour mieux répondre aux besoins des professionnels du dentaire :

  • la Trios 3 Basic se positionne en entrée de gamme en offrant la possibilité aux praticiens de passer des techniques d’empreinte analogiques au numérique, pour un coût contenu. Animée par le même moteur que la TRIOS 3, elle bénéficie de sa précision documentée, de l’intelligence artificielle d’aide au scannage (Ai Scan) qui élimine immédiatement les passages de joue, de langue, d’écarteurs et accélère la vitesse de numérisation. L’enregistrement en couleurs réelles et la prise de teinte sont aussi inclus. L’offre logicielle est volontairement limitée sur ce modèle qui est proposé en version Cart, Pod ou Move, en filaire uniquement. Elle permet la numérisation et l’envoi des données de scan au laboratoire via la plateforme 3Shape communicate ou tout simplement en exportant un fichier STL ouvert.
  • la TrIOS 3 est identique sur le plan matériel, néanmoins elle intègre des fonctions logicielles plus évoluées : le TRIOS. Patient Monitoring qui permet de suivre au fil des visites les mouvements dentaires, les érosions, les abrasions; le TRIOS Treatment Simulator qui permet de manière automatique de simuler les résultats d’un traitement orthodontique; le TRIOS Smile Design qui permet de travailler très simplement le sourire sur des photographies du patient et de générer un rendu photo-réaliste très motivant; et le TRIOS Patient Specific Motion, qui permet un enregistrement des mouvements mandibulaires du patient directement avec la caméra. C’est le seul système à proposer ce type d’enregistrement dynamique de l’occlusion grâce à la caméra. Elle est proposée en version Cart, Pod et en Move, avec ou sans fil.
  • la Trios 4 va encore plus loin. Cette 4ème et toute nouvelle génération de scanner intègre une précision accrue et deux technologies supplémentaires de diagnostic carieux : la fluorescence, pour la détection des caries de surface et la transillumination infrarouge qui permet de diagnostiquer les lésions carieuses interproximales très précisément sans rayonnement nocif pour le patient. La technologie employée se base sur des infra-rouges envoyés sur le côté des dents, permettant une meilleure visibilité qu’avec les techniques de réflexion NiRi comme chez iTero. Elle est proposée en version Move ou Pod, avec une connectivité filaire ou wireless.
  • Les caméras Trios 3 et Trios 4 peuvent, en option, intégrer un module de conception et d’usinage d’éléments prothétiques au fauteuil : TRIOS Design Studio, un module de planification et de création et impression de guides chirurgicaux : Implant Studio, un module de conception de gouttières et d’impression Splint Studio; et Clear Aligner Studio, un module pour la production d’aligners en cabinet ou le collage indirect de brackets : Indirect Bonding Studio.

Tous ces add-on peuvent s’ajouter et s’enlever à tout moment sur le dongle de licence et permettent un travail au sein de la même interface sans avoir besoin de sortir du logiciel.

Ergonomie matérielle : deux types de prise en main sont possibles : Pen (TRIOS 3, TRIOS 3 Basic et TRIOS 4) ou pistolet (TRIOS 3). C’est à ce jour la seule caméra à proposer, en option, une solution sans fil. C’est un réel avantage au quotidien qui offre une liberté sans précédent. En fonction des modèles, le praticien pourra s’orienter vers les versions en Cart ou Move à écran tactile, ou en Pod à couplé à un ordinateur portable (ou fixe).

Ergonomie logicielle : c’est le grand point fort de l’écosystème 3Shape. Un seul et même logiciel, une seule et même interface.

Simple, élégante et didactique, Dental Desktop permet de centraliser l’ensemble des fonctionnalités. Selon les besoins du praticien, il est possible d’enrichir cette interface en ajoutant des modules. Cela permet d’avancer à son rythme dans le numérique.

La suite Studio comporte 5 add-on :

  • Design Studio est le logiciel de modélisation d’éléments prothétiques au fauteuil (chairside). La mouture 2019 a été profondément améliorée, avec des conceptions automatisées, optimisées et des capacités de modélisation de prothèses sur implants avec de multiples embases. La pré-équilibration des prothèses en occlusion dynamique se fait grâce à l’enregistrement préalable du Patient Specific Motion. Il existe des connections directes avec les principales usineuses et imprimantes 3D du marché, ce qui permet en quelques clics de lancer l’usinage ou l’impression de la pièce prothétique tout en restant dans la même interface.
  • Implant Studio est un logiciel de planification implantaire et de conception de guides chirurgicaux à appui dentaire, muqueux ou osseux. La version 2019 permet désormais de préparer, en amont de la chirurgie, la prothèse provisoire transvissée ou une vis de cicatrisation personnalisée, le tout imprimable ou usinable en un clic.
  • Splint Studio permet de créer en quelques clics des gouttières de bruxisme, de surélévation ou de protection et de les imprimer.
  • clear aligner Studio et Indirect Bonding Studio sont des logiciels destinés à l’orthodontie : création d’aligners orthodontiques ou de gouttières de collage indirect.

DentsplySirona® Omnicam et PrimeScan : une mise à niveau nécessaire

DentsplySirona PrimeScan

Figure 3 : DentsplySirona PrimeScan Figure 3b : DentsplySirona Omnicam

Il aura fallu attendre presque 3 ans après la fusion en 2016 de Dentsply et de Sirona pour voir arriver le successeur de l’Omnicam.

Deux caméras sont donc présentes au catalogue actuellement : l’Omnicam, sur le marché depuis 7 ans et la toute nouvelle PrimeScan. Toutes deux sont disponibles en version Connect (prise d’empreinte seule et envoi vers le laboratoire) ou en version CEREC AC (empreinte, modélisation et usinage).

  • L’Omnicam est une caméra sortie en 2012, couleur, sans poudrage en théorie, mais en pratique un léger voile améliore grandement la vitesse et la qualité de l’acquisition. Elle reste un excellent compromis pour qui souhaite travailler sur des empreintes plutôt sectorielles, ou pour ouvrir le flux numérique vers son laboratoire.
  • La PrimeScan est une toute nouvelle caméra, dévoilée début Février 2019 avant l’IDS. Plus grosse et bien plus lourde que l’Omnicam, elle bénéficie d’un large capteur, ce qui lui permet une acquisition rapide et fluide des données, mais présente l’inconvénient d’être encombrante au quotidien dans les petites bouches ou dans les zones à forte tonicité musculaire.

La présence d’une vitre à plat comme sur l’Omnicam n’améliore pas la maniabilité en zones postérieures. Très attendue, on est au final assez déçu par le manque d’innovation, surtout dans cette gamme de prix.

Ergonomie matérielle : Omnicam et PrimeScan se déclinent en version Cart ou AF (connectée à un ordinateur FIXE). Les deux caméras sont filaires. La version 2.0 du Cart propose un contrôle de l’interface tactile sur l’écran ou via un trackpad.

Fait assez surprenant, l’écran inclinable se retrouve souvent dans une position gênante pour l’utilisation du trackpad tactile.

On aurait envie d’avoir plus de degrés de liberté pour être à l’aise. L’Omnicam a un poids contenu d’un peu plus de 310 grammes et une taille d’embout relativement fine, le tout dans un design bien équilibré. La PrimeScan quant à elle va à contre-courant de la tendance actuelle sur le marché de l’empreinte optique, avec un poids record de 530 grammes et un embout XXL de 16x16mm, ce qui nuit à l’ergonomie.

Ergonomie logicielle : le logiciel CEREC SW est clairement un outil efficace pour gérer les étapes de numérisation et de conception d’éléments prothétiques simples. La version 5.0 qui accompagne la PrimeScan n’apporte pour le moment pas de nouveauté, mais simplement une interface revue et adaptée au tactile de l’écran. L’envoi des données au laboratoire est simple et passe par le Cerec Connect dont doit être équipé le laboratoire pour traiter les données de numérisation.

Le point faible reste la vieillissante chaine numérique DentsplySirona qui oblige à jongler entre plusieurs logiciels.

Prenons l’exemple du guide chirurgical : une fois le wax-up virtuel réalisé sous CEREC SW, il est nécessaire de l’exporter dans un fichier propriétaire (.ssi), puis de la charger dans le logiciel de planification implantaire Galileos Implant pour positionner les implants (cette étape de transfert peut se faire via une clé USB). Lorsque la planification implantaire est réalisée, en adéquation avec le projet prothétique, il faut de nouveau exporter un fichier (.cmg.dxd) à charger dans le logiciel CEREC SW (via une clé USB par exemple), pour enfin pouvoir créer le design du guide. La modélisation du guide n’a pas évolué depuis très longtemps et les designs produits par CEREC SW ne sont pas modifiables (pas de renfort, de marquage texte, de découpe..). En sortie, une seule option de production: l’usinage via l’usineuse DentsplySirona MCXL.

L’export STL du guide pour l’impression 3D n’est pas possible.

A noter, seuls les CBCT DentsplySirona sont compatibles.

CEREC SW est très rapide pour les temps de post-traitement: les calculs commencent à se faire en arrière-plan alors même que l’on continue à scanner dans un autre catalogue d’images, ce qui permet de gagner du temps en accédant rapidement aux étapes de modélisation.

Align Technology iTero : très orienté orthodontie

iTero Element 2 Flex

Figure 4 : iTero Element 2 Flex

Les caméras iTero sont parmi les plus diffusées dans le monde, et pour cause : l’intégration dans le flux Invisalign y est très poussée. La gamme comporte aujourd’hui 2 modèles de caméras : l’Element 2 et l’Element 5D disponible en Flex ou en Cart. La qualité de numérisation est identique sur ces deux scanners. Ce qui différentie le 5D est l’intégration d’un module de détection de caries par infra-rouges. La technologie employée ici utilise de la réflexion, procédé qui permet d’enregistrer les images de diagnostic caries en même temps que la numérisation des arcades. Cependant cela se traduit par des images infrarouges de moins bonne qualité qu’avec les procédés de transillumination infrarouge.

Ergonomie matérielle : A première vue, le design de l’iTero détonne tant il tranche avec ceux des caméras concurrentes.

L’embout est incliné et le corps massif. Avec la PrimeScan, c’est une des caméras les plus lourdes que j’ai pu tester (470g). La fenêtre de numérisation a été conçue pour enregistrer au contact des dents, ce qui, combiné au poids et à la longueur du corps oblige à se faire aider.

L’enregistrement est fluide, la caméra enregistre facilement les incisives par contre la taille de l’embout complexifie la chose dans les espaces étroits. Un point intéressant pour l’hygiène, les embouts plastiques sont à usage unique et leur surface souple n’est pas blessante pour le patient.

Ergonomie logicielle : Ici, pas de fioritures, l’interface est simple et fonctionnelle; et ne sert qu’à faire de la numérisation intra-orale. Elle nécessite d’être connectée sur la passerelle web d’Align Technology. En fonction de ce que l’on souhaite faire, on définit une indication (orthodontie, restauration, export labo..) puis la numérisation démarre. Les temps de traitement son globalement courts. La simulation automatique de traitement d’orthodontie est bluffante. Seul bémol, la complexité pour récupérer une empreinte numérique en STL au travers de la passerelle web: il faut laisser le temps au logiciel de se synchroniser sur le cloud pour ensuite se connecter via un navigateur internet sur la passerelle d’Align.

A ce stade, une fois le cas sélectionné, un fichier est téléchargé en STL ou PLY. On aurait aimé un export direct et simple depuis le logiciel d’acquisition. Si le laboratoire partenaire est équipé de l’Itero Lab, l’envoi de fichier peut se faire depuis l’écran du scanner.

MEDIT i500

Figure 5 : MEDIT i500

Medit i500 : elle a presque tout d’une grande

MEDIT est une société bien connue de nos laboratoires de prothèse. Elle produit des solutions de numérisation depuis de nombreuses années. Elle a fait beaucoup parler d’elle avec l’annonce de la commercialisation d’un scanner intra oral avec une orientation tarifaire plutôt low cost, le i500. La caméra est vendue en version Pod, en connexion filaire uniquement.

Ergonomie matérielle : C’est une des caméras les plus légères de ce test, avec un poids plume de 276 grammes. La construction tout en plastique n’est pas aussi premium que chez 3Shape ou DentsplySirona, mais à l’usage on l’oublie vite. Les embouts autoclavables sont confortables à utiliser et l’absence de vitre sur l’embout permet comme TRIOS de passer facilement les zones distales des molaires. Pendant ce mois de test, la caméra a été transfigurée. Livrée en version 1.x début Février 2019, les prestations laissaient à désirer, mais la mise à jour en version 2.0 puis 2.1 à la mi-février 2019 ont rebattu les cartes et la caméra a révélé son réel potentiel. La numérisation est fluide, mais pas aussi rapide qu’une TRIOS ou une PrimeScan. Une petite période d’adaptation est nécessaire afin de parfaire les différents réglages et d’obtenir des numérisations rapides et sans artefact.

Ergonomie logicielle : Le logiciel Medit Link maintenant en version 2.1 permet la numérisation et la transmission des numérisations au laboratoire. L’accès optionnel au cloud est facturé 20€ par mois au praticien et 40€ mensuel au laboratoire (gratuit en dessous de 10Go). Ce sont les seuls frais facturés par Medit. Il s’agit ici pour le moment que d’un logiciel de création de bon de laboratoire et de numérisation. Ici, pas d’analyse de teinte ni d’occlusion dynamique pour le moment, mais les équipes Medit y travaillent. L’interface est claire et fonctionnelle, mais on ressent l’orientation initiale axée laboratoire de Medit, avec un logiciel qui offre beaucoup de fonctions d’optimisation du scanner, notamment la possibilité de jouer sur les niveaux de filtering pour éviter de scanner des tissus mous. On est sur une solution un peu plus complexe à mettre en œuvre pour un primo accédant au numérique en comparaison à une suite 3Shape ou DentsplySirona qui font figure d’exemple en terme de simplicité. A noter, les temps de post-traitement après prise d’empreinte sont encore très longs, entre 5 et 7 minutes pour une arcade complète avec des catalogues de scanmarkers.

Carestream CS 3600 et CS 3700 : un bon compromis

CareStream CS3600

Figure 6 : CareStream CS3600

Carestream, bien connue pour ses solutions d’imagerie est entrée dans la prise d’empreinte numérique il y a quelques années avec la CS 3500 qui n’était pas dénuée de défauts.

Depuis, la cS 3600 a très largement corrigé le tir. Cette année à l’IDS, une nouvelle itération, la CS 3700 a été annoncée, associée à un design revu par le Studio F.A. Porsche et un nouveau logiciel de numérisation appelé ScanFlow, intégré dans la suite CS Imaging. Les CS 3600 et CS 3700 sont livrées en version Pod uniquement.

Ergonomie matérielle : la conception est de bonne facture, même si de prime abord le côté glossy tout en rondeur fait un peu penser à un jouet. La bascule entre les arcades se fait simplement avec un bouton dédié. La numérisation est surprenante car l’affichage du scan se fait par salves, un peu comme s’il y avait une latence, on retrouve moins cette sensation de fluidité dans l’acquisition comme sur les autres systèmes. La caméra est légère et maniable, 3 embouts sont disponibles : taille standard, embout réduit ou embout pédodontique, ce qui permet de répondre à presque toutes les situations cliniques.

Ergonomie logicielle : Chez Carestream, c’est le logiciel CS Imaging qui fait office de Hub numérique. On y retrouve l’imagerie des capteurs intra-oraux, de la panoramique, du CBCT, mais aussi l’imagerie intra-orale, les scans faciaux et les scans intra-oraux. Ensuite en fonction des besoins, des liens sont prévus vers des logiciels annexes. Par exemple, c’est le logiciel BlueSkyPlan ou SMOP qui gère la partie chirurgie guidée. On retrouve Exocad ChairSide pour la partie usinage au fauteuil.

L’usineuse maison évolue et devient CS 3100. Elle est conçue par Amann Girrbach. A la différence de la chaîne DentsplySirona, ici pas de manipulation de fichiers, les transferts entre logiciels sont automatiques, c’est le CS Imaging qui gère tout, et c’est un point très positif. Par contre on ne peut pas parler ici de workflow numérique totalement intégré comme chez 3Shape dans la mesure ou des logiciels tiers sont ouverts. On retrouve des fonctions intéressantes, comme un mode hybride qui permet de combiner une numérisation intra-orale avec une numérisation d’une portion d’empreinte conventionnelle (en négatif); l’élimination automatique de brackets, ou le mode figé qui permet de « geler » une partie de l’empreinte numérique et de poursuivre la numérisation. Cette fonction est plus un artifice pour palier une lacune de la caméra sur les prises d’empreintes en arcades complètes avec scanmarkers sur implants, car elle se perd assez facilement entre les différents scanmarkers. En fin de numérisation, les temps de calculs sont dans la moyenne, entre 1min30 et 2 minutes. Une fonction est intéressante, c’est la possibilité de remonter le flux d’image enregistré et d’en extraire une photographie, par exemple d’une préparation périphérique.

Planmeca Emerald : une progression constante

Planmeca Emerald

Figure 7 : Planmeca Emerald

Planmeca s’est lancé il y a 5 ans avec la PlanScan, une caméra qui n’a pas rencontré le succès escompté. Depuis, l’Emerald annoncée en 2017 a pris la relève et n’a cessé de progresser. L’IDS de cette année a été l’occasion d’annoncer une évolution de celle-ci, l’Emerald S. Deux fois plus rapide, elle est dotée d’un algorithme d’élimination automatique des données indésirables pendant la numérisation et comporte une fonction de détection de caries grâce à un embout spécifique (Cariosity) et une fonction de détection de teinte.

Ergonomie matérielle : l’Emerald est une caméra légère (185 grammes), c’est même la plus légère de ce test. Elle est confortable à utiliser et les embouts (autoclavables et en 2 tailles) sans vitre de protection sont d’un grand confort dans les zones exiguës. L’équilibre et la prise en main sont excellents. Elle est vendue strictement en version Pod à installer sur un ordinateur en USB.

Ergonomie logicielle : un peu à l’image de la suite Carestream, l’Emerald s’exploite dans le logiciel maison Planmeca Romexis. C’est le concentrateur de contenus numériques de la marque. L’ensemble des possibilités de traitement sont gérées dans la même interface : numérisation, chirurgie guidée, smile design… sauf l’orthodontie qui fait appel à un logiciel spécifique. A ce titre c’est le seul compétiteur à proposer une solution réellement intégrée comme le fait 3Shape. Petit bémol, le logiciel est puissant et les possibilités très étendues, mais cela nuit à la simplicité. L’interface est chargée et manque de clarté, ce qui peut rebuter les nouveaux venus dans le numérique.

Mesure de distorsions

Matériel & méthode

Pour ces essais, 5 tests ont été réalisés : un test in vivo et quatre tests in vitro. L’attention a été portée sur les arcades complètes, car c’est encore sur ce point que les caméras divergent.

L’enregistrement sectoriel est aujourd’hui globalement reproductible pour l’ensemble des acteurs du marché.

Test in vivo

Une arcade complète maxillaire d’une patiente est numérisée avec chaque scanner intra oral – 5 fois, puis les fichiers STL sont exportés. Une empreinte PVS conventionnelle est réalisée sur la même patiente puis numérisée avec un scanner de laboratoire (3Shape E3). Le fichier STL obtenu sert de maître étalon.

Les fichiers sont alignés avec le logiciel de métrologie GOM®.

Une carte de déviations est créée et les valeurs de déviations sont enregistrées pour chaque scanner intra-oral. La meilleure empreinte est retenue pour chaque scanner.

Test in vitro

  • modèle résine avec préparations dentaires et un Scanmarker pour implant

Même protocole que pour le test in vivo. Réalisation d’un maître-étalon sur scanner de laboratoire et comparaison du STL obtenu avec le logiciel de métrologie GOM®.

  • modèle édenté avec 4 implants type all on 4

Même protocole que pour A

  • Prothèse complète

L’utilisation des technologies numériques a modifié la façon de gérer cette étape prothétique. Il est intéressant dans les cas de réfection des prothèses complètes de numériser un ancien appareil complet ou une base d’occlusion rebasée pour le transmettre au laboratoire. C’est un test exigent pour les caméras qui doivent non seulement enregistrer une résine parfois brillante, mais aussi parfaitement s’orienter dans l’espace pour générer in fine un modèle tridimensionnel de la prothèse avec un maillage parfaitement fermé.

  • Prothèses à châssis métallique

Cette technique permet d’enregistrer d’un côté la portion seule du châssis métallique et de l’autre la dent préparée de manière à ce que le laboratoire de prothèse puisse réaliser une prothèse parfaitement ajustée à l’appareil amovible sans priver le patient de celle-ci.

La numérisation d’un crochet métallique est complexe car on associe la problématique de brillance du métal avec un fond peu contrasté et des réflexions aléatoires. Cela met à mal les intelligences artificielles de certains scanners qui considèrent les reflets sur les crochets comme des artéfacts et font tout bonnement disparaître ceux-ci.

Résultats

Test in vivo : mesure des déviations en arcade complète

On retrouve dans le peloton de tête PrimeScan et TRIOS 3 avec des déviations quasi identiques autour de 45 microns. iTero Element 2, Omnicam et Carestream CS 3600 sont dans la tranche des 50-60 microns et Medit i500 et Emerald autour des 80 microns.

carte-de-deviations

Figure 8 : exemple de carte de déviations entre une TRIOS 3 et la Planmeca Emerald – Logiciel GOM Inspect® Figure 8b : mesure de déviations test in-vivo en arcade complète

Test in vitro : numérisation d’un all on 4 maxillaire

PrimeScan et TRIOS 3 sont très proches avec des déviations de respectivement 27,3 et 28 microns. iTero Element 2 est à 34,4 microns, la CS3600 46,1, Medit i500 et Emerald sont au coude à coude avec 63,1 et 63,7 microns respectivement et l’omnicam ferme la marche avec 82,5 microns de déviations.

cartes-de-deviations-in-vitro

Figure 9 : cartes de déviations in-vitro – Arcade édentée type all on 4 Figure 9b : mesure de déviations du test in-vitro all on 4

Test in vitro : numérisation d’une arcade alternant dents préparées et scanmarkers sur implant

PrimeScan(31,1), TRIOS 3(31,8), CS3600(32,2) et iTero Element2(33,4) sont quasi identiques avec des déviations comprises entre 31,1 et 33,4 microns. Medit s’établit à 45,6 microns et Omnicam à 63,3 microns, Emerald ferme la marche à plus de 88microns.

mesure de deviations du test in-vitro

Figure10 : mesure de déviations du test in-vitro arcade complète avec préparations dentaires et scanmarkers

Test in vitro : scan de la prothèse complète

La Trios 3 remporte ce test haut la main en générant une reproduction parfaite de l’appareil complet. PrimeScan réussit environ 95 % du scan mais à cause d’erreurs de stitching laisse la prothèse avec des trous dans le maillage non comblés et des superpositions sur certaines dents. La MEDIT tire très bien son épingle du jeu en ne laissant que quelques zones non fermées. CS3600, Omnicam et Emerald n’ont pas réussi à numériser l’objet correctement.

scan-de-la-prothese-complete

Test in vitro : numérisation d’une portion d’appareil amovible à base métallique

La trios 3 remporte ce test haut la main en générant une reproduction parfaite de l’appareil complet. PrimeScan réussit environ 95 % du scan mais à cause d’erreurs de stitching laisse la prothèse avec des trous dans le maillage non comblés et des superpositions sur certaines dents. La MEDIT tire très bien son épingle du jeu en ne laissant que quelques zones non fermées. CS3600, Omnicam et Emerald n’ont pas réussi à numériser.

Moyenne combinée in vitro in vivo

PrimeScan et TRIOS 3 ont des résultats quasi-équivalents autour de 35 microns de déviation combinée in vivo/in vitro.

Elles sont suivies de près par iTero à 39,7 microns, puis par la CS3600 à 45,8 microns. MEDIT i500, Omnicam et Emerald ont toutes les trois des déviation bien supérieures, de l’ordre de 35% a 70%.

Moyenne combinee in vitro in vivo

Conclusion

S’il est aujourd’hui communément admis que les caméras de prise d’empreinte intra-orales se valent lorsqu’il s’agit d’enregistrements sectoriels, on s’aperçoit à la lumière de ces essais que des divergences subsistent sur les empreintes en arcades complètes, même si au fil des mois ceux-ci se réduisent.

Le passage au numérique permet de repenser les étapes prothétiques et de gagner du temps, à condition de faire le bon choix. Concrètement, aujourd’hui c’est l’alchimie entre l’ergonomie matérielle et logicielle qui doit orienter le praticien dans sa décision.

N’oublions pas que nous sommes avant tout des soignants et non des informaticiens. La prise d’empreinte numérique doit être comme une extension naturelle de nos mains, la taille et le poids de la caméra ont donc toute leur importance et c’est pourquoi l’absence de fil par exemple est un plus indéniable au quotidien.

Enfin, l’ergonomie du logiciel est essentielle et l’avenir est clairement à l’intégration simple et efficace de toutes les fonctions au sein d’une interface unique et accessible à tous, parfaitement connectée avec nos laboratoires de prothèses ou avec une imprimante 3D ou une usineuse pour ceux qui le souhaitent.

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A propos de l'auteur

Dr. CASAS Thibaud

Chirurgien - Dentiste Diplômé de la Faculté de Chirurgie Dentaire de Nantes DU d’Implantologie Orale
Exercice Privé Orvault (44)
Exercice Hospitalier (Service de Chirurgie MaxilloFaciale CHU de Nantes) Nantes (44)

3 commentaires

  1. Merci infiniment Cher Confrère CASAS cela me permet d’avoir une idée plus claire sur ma future acquisition
    je pense au TRIOS 3.
    Bonne continuation et portez-vous bien,
    Bien confraternellement,
    Henri NGUYEN

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