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Lever les freins de la prothèse sur implant

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À une époque où 90% des congrès traitent d’implantologie, où la majorité des articles de la presse professionnelle est orientée vers cette spécialité, où beaucoup de patients franchissent le seuil du cabinet, scanner sous le bras, en réclamant des prothèses sur implant, beaucoup de confrères hésitent encore à franchir le pas. De nombreux freins bloquent leur volonté de démarrer cette nouvelle discipline, revue de détails…

L’habitude est un poison mais son antidote est connu, il s’appelle « formation »

La peur de l’inconnu

Cette peur de l’inconnu, nous l’avons déjà ressentie quand nous avons réalisé notre première endo, notre première céramique, notre premier complet… A la Fac, nous gardons tous en mémoire ces instants où malgré l’encadrement de l’équipe pédagogique, nous étions angoissés par l’idée que nous nous faisions de ces traitements. Plus tard, lorsque nous avons fait nos premières armes dans notre cabinet, confronté seul aux difficultés de réhabilitation complexe, pour notre jeune expérience, cette inquiétude nous a rattrapé. Puis, l’entraînement nous a permis de dépasser ce stade et de vivre sereinement notre exercice.

Pour la prothèse sur implant, cette peur est encore plus grande. Pour la plupart des confrères installés, cette discipline n’a pas été enseignée à la fac et demeure complètement inconnue. C’est pourquoi la plupart des sociétés commerciales fournisseurs d’implants ont créé un nouveau concept en dentisterie, connu sous le nom de « mentorat » ou de « compagnonnage ». Ce vocable signifie la création d’un partenariat entre un confrère chirurgien implantologiste et un chirurgien dentiste « prothésiste ». Le premier posant les implants et le second réalisant les prothèses.

Vous allez me rétorquer qu’il s’agit simplement du choix d’un correspondant ? Pas exactement. Car dans ce concept, le confrère chirurgien, en « grand frère » expérimenté, va assister son partenaire débutant. Il va le former d’une part à la prothèse sur implant en théorie, mais aussi en l’assistant lors de ses première empreintes, se déplaçant à son cabinet si il le faut, afin de le mettre en confiance et de lui permettre de débuter dans les meilleures conditions. Il faudra donc choisir un confrère chirurgien suffisamment expérimenté pour que les patients adressés soient traités correctement, mais suffisamment disponible pour qu’il puisse jouer son rôle de conseil.

Ce système est, à mes yeux, une des meilleures clés pour entrer dans le monde de la prothèse sur implant. Cela permet de sécuriser les débutants, de renforcer la cohésion dans l’équipe « chirurgien/prothésiste ». Selon la relation qui s’établit entre les deux praticiens et la volonté qu’a le « mentor » de s’investir, il pourra participer à la réflexion sur le plan de traitement, assurer un « continuum » scientifique, conseiller des formations à son correspondant. Le mentor permet ainsi à son correspondant d’évoluer à son rythme, lui permettant parfois, après quelques années, de franchir une autre étape : celle de la chirurgie implantaire.

Le système de « mentorat » ne doit pas empêcher de participer à des formations, de s’inscrire à des D.U, bien au contraire. Mais la recherche d’un « mentor » et la création de ce lien privilégié avec ce dernier sont, il me semble, les premières pierres de l’édifice.

On a très souvent vu des confrères ayant fait des formations théoriques de prothèse sur implant se refuser à franchir le pas dans leur cabinet. A contrario, nous n’avons jamais vu des praticiens refuser de se former d’avantage, quand la relation est créée avec le mentor.

 

La facilité de la prothèse sur implant

Théoriquement, j’aurai du nommer ce paragraphe la difficulté de la prothèse sur implant étant donné le titre de l’article, « lever les freins de la prothèse sur implant ». Je n’ai pas pu me résoudre à le faire, tant la prothèse sur implant est facile ! D’abord, il n’y a pas d’endo à réaliser, ce qui, reconnaissons-le, est plutôt bienvenu. De plus, il n’y a pas de rétraction gingivale à faire, de fil de rétraction à poser ni de préparation à réussir. La plupart du temps, deux séances suffisent : une pour l’empreinte et l’autre pour la pose.

Le maniement de l’accastillage prothétique est extrêmement simple. Bien sûr, certaines restaurations de grande étendue, surtout si elles sont réalisées en mise en charge immédiate, demandent un peu plus d’expérience. Mais dans la plupart des cas, la prothèse sur implant est beaucoup plus facile que la prothèse conventionnelle.

« On peut se passer des implants dans notre arsenal thérapeutique »

Les patients sont de plus en plus « implantoconscient » et procéduriers. Sur le plan légal, vous ne pouvez plus faire fi des données acquises de la science et proposer à un patient de remplacer une 21 en dévitalisant 11 et 22, sans avoir préalablement proposé de poser un implant. En France, des confrère ont déjà été condamnés en pénal sur plainte de patient pour « mutilation ».

« La prothèse sur implant n’est pas rentable »

J’entends des confrères me dire qu’ils ne posent pas d’implant car cela est moins rentable de restaurer une édentation unitaire par un implant que par un bridge. Je ne reviendrai pas sur les risques encourus qui ont été évoqué précédemment. Je ne rentrerai pas non plus dans un débat déontologique ou éthique.

Je leur répondrai simplement que l’implantologie nous permet de soigner nos patients comme nous aimerions soigner un membre de notre famille. L’implantologie n’est pas réductrice, elle augmente le champ de nos indications. Elle permet de remplacer des stellites par des bridges postérieurs sur implant, de stabiliser des prothèses complètes ou de les remplacer par des bridges sur pilotis ou des bridges complets sur implants. L’implémentation de cette arme dans notre arsenal thérapeutique est toujours à l’origine d’un contrat gagnant-gagnant avec nos patients. Il augmente leur confort en augmentant la rentabilité du cabinet.

La force de l’habitude

L’habitude est sclérosante dans notre vie personnelle. Elle l’est encore plus dans notre vie professionnelle . Elle nous empêche de progresser ou de nous ouvrir à de nouvelles techniques qui pourraient épanouir notre exercice. L’habitude est un poison mais son antidote est connu, il s’appelle « formation ». Je connais de nombreux confrères qui ne se forment jamais. Ils ne savent pas ce qu’ils perdent. La formation n’est pas seulement une obligation, elle est un véritable bonheur, un enrichissement personnel et professionnel, un moment où on lève le nez du guidon et où l’on s’oblige à faire le point sur son activité. En plus de l’enseignement reçu par des praticiens plus expérimentés, les congrès sont des moments de partage privilégiés avec d’autres confrères venus de tous les coins de France, dans une ambiance souvent très conviviale.

Vous ne ressortez jamais « indemne » d’une formation. Même si vous ne mettez pas immédiatement en pratique ce que vous avez appris, cet acquis transforme imperceptiblement votre activité, renforce votre assurance et change les rapports avec vos patients. Certains confrère se font coacher pour développer leur cabinet, c’est certainement une bonne idée, mais il faut aussi savoir qu’augmenter ses temps de formation augmente sa rentabilité dans une plus grande sérénité.

 

Conclusion

La prothèse sur implant n’est pas une thérapeutique d’avenir. Elle fait déjà partie du présent. C’est une thérapeutique fiable, reproductible, relativement facile à mettre en oeuvre dans un cabinet d’omnipratique. Elle correspond aux données acquises de la science. C’est presque toujours la meilleure solution à proposer à nos patients qui en sont conscients et qui la réclament. La pratique de la prothèse sur implant augmente la rentabilité de notre cabinet. Ne pas l’intégrer dans un cabinet serait plus qu’une carence, ce serait une erreur stratégique.

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A propos de l'auteur

Dr. Norbert COHEN

Rédacteur en chef du magazine LEFILDENTAIRE
Implantologie dentaire
Stomatologue
Docteur en médecine
Diplomé de l'institut de stomatologie et de chirurgie maxillofacial de Paris
Diplômé d'implantologie dentaire
Post graduate de parodontologie et d'implantologie de l'université de New-York
Diplomé de chirurgie pré et peri implantaire
Ex attaché des hopitaux de Paris
Diplômé d'expertise en médecine bucco-dentaire

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