La réalisation d’une couronne transvissée sur implant permet d’éviter tous risques liés au ciment de scellement en sous-gingival. Dans les secteurs antérieurs, la réalisation d’une armature en zircone permet d’optimiser le résultat esthétique. Néanmoins, nous ne maitrisons pas la longévité de la connexion zircone-implant en titane. Les contraintes mécaniques importantes, au niveau de la connectique implantaire, peuvent entrainer des fractures du matériau. L’idée est d’alors d’associer une embase en titane (fig.1), ou connexion Ti-base, avec une supra-structure en zircone.
Objectifs
- Couronne transvissée monobloc ou « direct implant ».
- Absence de ciment de scellement.
- Faciliter la maintenance.
- Fiabilité mécanique de la connectique.
- Favoriser la biocompatibilité.
- Optimiser l’esthétique.
Principes et mise en œuvre
Un patient s’est présenté pour le remplacement d’une 36. Un implant a été placé deux mois auparavant (fig.2). L’empreinte de l’implant, réalisée en double mélange avec une technique pick-up et du composite flow afin d’enregistrer précisément les limites, est adressée au laboratoire. L’ensemble est alors coulé selon les procédures habituelles afin d’obtenir un modèle de laboratoire. La base en titane est choisie en fonction des caractéristiques de l’implant (fig. 3). Cette dernière est scannée, puis modélisée. On détaille ensuite les limites du pilier, le profil d’émergence et la morphologie globale (fig. 4). Après réduction homothétique de l’ensemble, on obtient le modèle numérique de l’armature (fig. 5). Elle est alors usinée dans un bloc de zircone pré-fritté (galette) (fig. 6). La zircone est ensuite infiltrée puis frittée (fig. 7). Le prothésiste va alors pouvoir céramiser l’ensemble. La couronne obtenue peut ainsi être collée sur la base en titane (fig. 8). Après prise de la colle (autopolymérisante), retrait des excès et polissage soigneux (fig. 9), l’ensemble monobloc est alors vissé en bouche (fig. 10). Lors d’un contrôle ultérieur (environ une semaine), le puit d’accès sera obturé (téflon + composite).
Discussion
La base de la reconstruction prothétique est en titane, gage de sécurité sur le long terme au niveau mécanique, car tout risque de fracture est évité ; de plus, la compatibilité tissulaire du titane est excellente.
L’association du titane et de la zircone est un avantage au niveau antérieur de part ses propriétés esthétiques.
Un matériau type Disilicate de lithium (E.max) peut également être utilisé, à la place de la zircone, en association avec les bases en titane.
Le matériau de solidarisation utilisé est une colle autopolymérisante dual : Multilink Hybrid Abutment ®(Ivoclar).
L’association de deux pièces usinées permet l’obtention d’un joint très précis, ce qui limite l’adhésion bactérienne.
Le rapport coût/efficacité de cette technique est favorable, car les embases titane sont peu onéreuses, et les prothésistes peuvent aujourd’hui usiner directement la supra-structure en zircone au sein de leur laboratoire, ce qui permet un gain de temps.
Différents types de supra-structure sont réalisables :
- zircone monobloc transvissée : la couronne est réalisée d’un seul tenant, puis est maquillée en surface à l’aide de colorants
- zircone + céramique feldspathique stratifiée : l’infrastructure de la couronne est usinée dans un bloc de zircone, puis la céramique feldspathique est ajoutée en surface
- disilicate de lithium monobloc : la couronne est usinée dans un bloc de disilicate, puis maquillée en surface
- pilier hybride vissé et couronne collée : dans les cas où l’axe de l’implant est vestibulé, laissant apparaitre le puit d’accès, on réalise un pilier hybride transvissé, sur lequel est scellé/collé une couronne céramo-céramique (fig. 11 et 12).
Cette technique de réalisation hybride peut être étendue aux bridges : soit en direct implant si les fixtures sont parallèles, soit via des piliers prothétiques si les implants sont divergents. Cela sera l’objet d’un prochain article.
Conclusion
La réalisation de couronne transvissée sur implant est un facteur de sécurité dans le temps. L’association d’une embase en titane et d’une supra-structure réalisée dans un matériau esthétique et biocompatible permet d’optimiser les résultats en combinant les propriétés des matériaux. Le recul clinique insuffisant nécessite de nouvelles études scientifiques avant d’utiliser cette technique régulièrement.
Remerciements au laboratoire Jérôme Le Pan pour la réalisation des prothèses.
Bibliographie
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