Le monde dentaire est confronté aujourd’hui à un changement radical, probablement le plus important depuis des décennies. En effet, les chirurgiens-dentistes doivent faire face à un système schizophrénique dans lequel il leur est demandé d’une part, d’accroître le niveau de qualité et de respecter des normes de plus en plus drastiques, et d’autre part, ils subissent la pression de l’État et des complémentaires santés afin de réduire le niveau de leurs honoraires.
L’annonce du règlement arbitral a été vécu comme un véritable coup de canon dans notre profession.
Cependant, il n’est en réalité qu’une déclinaison particulière d’une tendance de fond. Dans ce cahier, nous allons tenter de présenter de manière simplifiée et non idéologique une situation complexe et sérieuse. Toutefois, un excès de simplification serait de nature à entraîner des erreurs coûteuses pour l’avenir de la profession. Aussi, est-il important de bien comprendre les détails du problème.
C’est pourquoi ce cahier s’attache, au-delà du règlement arbitral et de ses conséquences, à élargir le champ de vision pour remplacer cet événement dans un contexte beaucoup plus large.
C’est l’absence de vision globale de la problématique dentaire qui entraîne de nombreux chirurgiens-dentistes dans la confusion et qui développe chez eux un sentiment d’isolement et d’impuissance.
La conséquence en est une perte de leurs repères traditionnels avec pour nombre d’entre eux une réaction de peur et de colère.
Il s’en est suivi un ensemble de réactions émotionnelles et pour certains un véritable déni. Le déni constitue une réaction naturelle qui précède toutes les autres phases de l’acceptation d’une nouvelle situation.
Toutefois, en tant que chirurgien-dentiste et consultant, il m’est difficile d’accepter avec fatalisme cet état de fait.
Certes, je suis partisan des mouvements de mobilisation et de grève qui sont nécessaires à faire entendre notre voix mais le boycott tel qu’il a été évoqué à l’égard du congrès ADF par exemple me semble inadapté. Ne nous trompons pas de cible ! Plutôt que de chercher un bouc émissaire à l’intérieur de la profession, il vaut mieux se focaliser sur le seul véritable ennemi c’est-à-dire les complémentaires de santé. Contrairement à la morosité actuelle, même si la situation est certes délicate, nous allons dans ce cahier tenter de démontrer que de nombreux et importants points positifs viennent compenser ces éléments négatifs.
Par ailleurs, au-delà des nécessaires actions de protestations en cours, je terminerai ce cahier par une liste de propositions d’actions concrètes pour assurer la transition vers une dentisterie plus moderne, plus adaptée et plus efficace. Pour ceux qui sont prêts à une remise en cause, de nombreuse opportunités peuvent encore s’ouvrir devant eux.
Merci aux Drs Philipe Sebbag et Olivier Ogereau pour leur contribution à ce cahier spécial.