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RENCONTRE AVEC ISTVAN URBAN

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Chaque implantologue utilise des techniques de chirurgie pré-implantaire différentes en fonction de la taille et de la localisation du déficit osseux mais Itsvan Urban, quelle que soit l’importance du défaut osseux et ce même dans les atrophies les plus extrêmes, utilise avec brio un seul chemin : la ROG. Par ce faire, il a élevé la ROG au rang d’un nouvel art au point que son nom est associé à cette technique bien qu’il n’en soit pas l’inventeur. Sa stature de conférencier international, auteur de nombreux articles scientifiques et de 2 ouvrages entièrement consacrés à la ROG font de lui LA référence en la matière. Des centaines voire des milliers de confrères du monde entier se sont succédés dans sa clinique à Budapest pour bénéficier de son savoir-faire. Le Fil Dentaire a participé à l’un de ses séminaires pour recueillir son témoignage. Immersion à Budapest…

Parlez-nous de votre parcours ?

Je suis né et j’ai grandi en Hongrie. J’ai suivi une formation dentaire et médicale à Budapest et poursuivi ma formation au sein des universités UCLA et Loma Linda. Je suis surtout spécialisé en chirurgies régénératives des tissus durs et mous.

Vous travaillez actuellement dans une splendide clinique ultra moderne, un immeuble à plusieurs étages avec plus d’une vingtaine d’employés et une salle de formation pouvant accueillir une quarantaine de praticiens. Mais il y a à peine 5 ans, vous partagiez un cabinet beaucoup plus simple avec un associé et un collaborateur. Que s’est-il passé il y a 5 ans qui a déclenché ce changement radical dans votre entreprise ? Était-ce un projet longtemps réfléchi ?

Il y a 20 ans, effectivement j’avais un petit cabinet avec un seul fauteuil, sur lequel j’ai toutefois réalisé des interventions chirurgicales complexes. Ensuite, j’ai ouvert un plus grand cabinet en association avec un très bon ami. Cependant, nous avons privilégié la formation au détriment de la pratique et nous nous sommes mis à la recherche de nouveaux locaux. A cette époque, de nombreux praticiens souhaitaient venir à Budapest pour se former et le nouvel endroit devait pouvoir abriter une clinique et un centre de formation. La construction du bâtiment a pris environ deux ans, mais il nous a fallu environ 5 ans pour trouver le lieu idéal et réaliser les plans.

Vous avez écrit un livre de près de 400 pages sur votre technique de régénération osseuse guidée et vous proposez des séminaires de 3 jours sur cette approche, donc ma question vous fera sourire mais pourriez-vous nous résumer les principaux points de cette technique en une page ?

Je pourrais facilement résumer en une page. La ROG utilise une membrane. Je considère les membranes comme des outils d’immobilisation de greffes biocompatibles. une membrane moderne devrait être intelligente et permettre la trans-vascularisation tout en gérant la croissance des tissus mous. Le matériau PTFE est également biocompatible, ce qui n’est pas très connu. Je pense qu’aujourd’hui, nous avons une compréhension de la biologie et de l’anatomie chirurgicale. Sur la base de ces principes, nous avons développé des techniques de gestion des lambeaux moins invasives couvrant de manière plus prévisible la greffe osseuse tout au long de la période de guérison. Les défauts des tissus mous que ces types de patients développent souvent peuvent également être reconstruits avec la technique de chirurgie récemment développée, ce qui est moins invasif et les résultats sont beaucoup plus esthétiques qu’auparavant.

C’est Murray en 1957 qui a démontré pour la première fois le principe de la régénération osseuse guidée et depuis lors plusieurs milliers d’articles ont été écrits sur ce sujet mais actuellement votre nom est associé à cette technique, pour quelles raisons d’après vous ?

Peut-être parce que j’aime beaucoup cette technique et qu’elle me rend très enthousiaste (rires). Nous avons beaucoup de réussite avec cette technique et aujourd’hui, nous sommes en mesure d’appliquer ce principe à des défauts plus avancés que nous ne pouvions pas imaginer il y a encore dix ans.

Pensez-vous que la technique que vous décrivez peut être utilisée chez n’importe quel patient et quelle que soit l’importance du défaut osseux ou utilisez-vous une variété de techniques selon le cas et lesquelles ?

Jusqu’à présent, j’ai pu traiter tous les types de patients avec de petites variations dans la technique de ROG. Je fais aussi de la recherche fondamentale pour comprendre les défauts et pouvoir modifier les approches chirurgicales en conséquence. récemment, j’ai traité un patient après un améloblastome qui s’est vu retirer tout le segment osseux, y compris le bas du bord nasal de l’incisive centrale aux prémolaires d’un côté. Ces défauts de discontinuité maxillaire étaient auparavant traités avec des greffes de fibula vascularisées, ce qui constituait une chirurgie très lourde. Avec la ROG, le patient est entré et sorti dans la même journée.

Par rapport à la greffe de bloc 3D, vous considérez que votre technique est peu invasive, mais compte tenu des très gros volumes que vous parvenez à reconstruire et des limites que vous dépassez en termes de structures anatomiques, est-elle minimalement invasive dans tous les cas ?

Je pense que cette technique sera toujours moins invasive que toutes les chirurgies de blocs osseux pour deux raisons. tout d’abord, l’os particulaire a beaucoup plus de volume que le bloc, vous devez donc en prélever beaucoup moins et de manière moins invasive. Vous devriez essayer de mettre un bloc dans un moulin à os, vous seriez surpris de la quantité d’os que vous obtiendrez. Par ailleurs, vous pouvez mélanger l’os particulaire à un autre biomatériau qui rendra la greffe encore moins invasive. Aujourd’hui, nous devrions nous concentrer sur le fait d’être moins invasif et la Sausage technique est la moins invasive de toutes ces chirurgies. Cependant, nous aimerions l’être encore moins lorsque nous traitons de très gros défauts. Dans ces cas, je ne dirais pas que c’est minimalement invasif, mais simplement moins invasif que d’autres techniques. Ce que je constate, c’est que la façon dont nous gérons les lambeaux est beaucoup moins invasive que dans d’autres localisations où la plupart des techniques traditionnelles de déplacement des lambeaux sont pratiquées. Je pense que cela compte vraiment beaucoup.

Vous décrivez qu’après vos régénérations avec de l’os xénogénique, vous observez l’apparition d’une couche de 1 à 2 mm d’os nouvellement formé et perdu, que vous appelez la smear layer. Vous avez travaillé pendant 7 ans avec de l’os autogène, avez-vous rencontré le même phénomène avec ce biomatériau ?

D’après mon expérience, l’autogreffe pure ou mélangée laisse apparaître une couche superficielle que j’appelle smear layer. Nous avons réalisé une étude préclinique récente, qui n’est pas encore publiée. Au cours de cette étude, nous avons observé qu’à l’endroit où les fibres des tissus mous se développent dans la greffe, une couche à l’aspect d’un « faisceau osseux » de 1 mm apparait en surface. Nous pensons que cela pourrait être l’une des raisons de cette smear layer. Cela est probablement vrai pour toutes les greffes osseuses. Nous avons cependant développé une technique qui peut éliminer ce phénomène et qui s’appelle la « Mini Sausage ». Nous utilisons également de nouvelles combinaisons de membranes destinées à éliminer cette couche et faisons des recherches sur une application de microdoses de facteurs de croissance qui pourraient certainement éliminer cela sur la base de notre dernière étude préclinique.

Pour une régénération osseuse majeure, vous utilisez une membrane non résorbable renforcée de titane. Pensez-vous que le même résultat pourrait être obtenu avec des membranes de collagène résorbables ?

Les membranes de collagène sont préférées pour l’augmentation osseuse horizontale, mais pour la verticale, vous avez toujours besoin de la membrane renforcée en titane.

Pensez-vous que nous pouvons effectuer des greffes identiques aux vôtres en termes de volume d’os greffé sous anesthésie locale ?

Théoriquement, j’utilise surtout l’anesthésie locale pour mes chirurgies, mais nous avons le privilège d’avoir aussi un anesthésiste dans notre clinique. Les patients sont tellement satisfaits de l’anesthésie que le bouche à oreille fonctionne et de fait, il y a une grande demande pour ce service. Mais vous n’avez pas besoin d’anesthésie générale pour la plupart de ces procédures. J’ai démarré avec un fauteuil et une assistante et nous avons réalisé toutes nos chirurgies avec succès. J’ai souvent même réalisé des augmentations de maxillaires extrêmement résorbées sous anesthésie locale, mais plus récemment, j’ai recours à l’anesthésie générale pour les cas extrêmes.

Pourquoi utilisez-vous 2 types de guides en même temps pour placer vos implants : un guide anatomique et un guide numérique ?

Parce que je veux vérifier pendant la chirurgie que la planification numérique était parfaite. Le guide anatomique vous donne un bon retour car il ressemble à la restauration finale. Souvent, ce n’est pas moi qui planifie le guide numérique, mais le prothésiste et il peut faire une erreur, ce qui pourrait avoir un effet néfaste sur le résultat. Je veux éliminer cette probabilité, c’est pourquoi j’ai deux guides.

Que pensez-vous du flux numérique dans le présent et l’avenir de l’implantologie dentaire ?

Je pense qu’on est en plein dedans et qu’il prendra le dessus sur beaucoup d’actes que nous réalisons. Nous l’utilisons actuellement et prévoyons d’aller de l’avant avec plus de développements en rapport avec la planification des chirurgies régénératives. Les produits actuels tels que les grilles métalliques disponibles avec la planification numérique sont encore perfectibles.

Quels sont vos projets ? 

Je viens d’achever mon second ouvrage qui est un très bon complément pour ceux qui ont lu le premier et qui ont également suivi nos cours. Ce livre sera révolutionnaire et très pédagogique. Je l’ai réalisé de sorte que le lecteur a le sentiment d’être assis avec moi, de regarder ma chirurgie et je m’arrête à chaque étape pour en discuter avec lui, lui expliquer pourquoi je le fais de cette façon et comment je vois la prochaine étape. Je travaille également sur des études à long terme et des études précliniques, et c’est littéralement génial !

Propos recueillis par le Dr. Norbert Cohen, Rédacteur en chef du Fil Dentaire. Remerciements au Dr. Steve Benero pour son aimable collaboration.

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A propos de l'auteur

Dr. Norbert COHEN

Rédacteur en chef du magazine LEFILDENTAIRE
Implantologie dentaire
Stomatologue
Docteur en médecine
Diplomé de l'institut de stomatologie et de chirurgie maxillofacial de Paris
Diplômé d'implantologie dentaire
Post graduate de parodontologie et d'implantologie de l'université de New-York
Diplomé de chirurgie pré et peri implantaire
Ex attaché des hopitaux de Paris
Diplômé d'expertise en médecine bucco-dentaire

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