Dans notre pratique quotidienne, la chaine numérique est devenue omniprésente et incontournable, elle nous aide à simplifier mais surtout à fiabiliser les différentes étapes de nos traitements. Le nombre d’outils digitaux qui constituent cette chaine est considérable : caméras intra-orales, chirurgie guidée statique et/ou dynamique, usineuses, imprimantes 3D, Modjaw… Parmi eux, le Scan facial représente une technologie simple d’utilisation et facilement intégrable dans nos cabinets.
QU’EST-CE QU’UN SCAN FACIAL ?
Qu’il se présente sous forme d’application (Bellus 3D), directement intégré dans le système d’acquisition du Cone Beam (Carestream 9600, Planmeca ProMax 3D Mid) ou sous forme d’appareils spécifiquement dédiés (EinScan Pro 2X Plus, Artec Spider, Vectra-3d, RAYFace Ray medical…) le principe reste relativement similaire.
Par le biais d’une technologie de balayage, le visage du patient va être numérisé en quelques seconde afin d’obtenir un véritable « patient virtuel » en trois dimensions dans des conditions statiques.
Même si la précision de numérisation diffère d’un scanner à l’autre (AMORNVIT, 2019, MaI Hang-Nga, 2022,
TSUCHIDA 2022), le technicien de laboratoire va pouvoir aligner ce fichier avec l’empreinte numérique des arcades dentaires (fig. 1) et s’en servir dans des logiciels de conception assistée par ordinateur afin étudier, planifier et élaborer des solutions thérapeutiques tout en en s’appuyant sur des plans de référence en trois dimensions.
En transférant « l’environnement facial » du patient, cette technologie devient alors un puissant outil de communication :
– entre le patient et le praticien : en impliquant davantage le patient dans le choix et la validation de son projet prothétique,
– mais surtout entre le praticien et le prothésiste : en lui permettant d’adapter ce projet à la physionomie du patient afin de respecter l’équilibre et l’harmonie du sourire.
OUTIL DE COMMUNICATION PATIENT / PRATICIEN
Il est aujourd’hui établi que toute réhabilitation prothétique implanto-portée doit être précédée d’une analyse diagnostique permettant d’élaborer un projet thérapeutique. (VENEZIA 2019, TALLARICO 2020).
Depuis quelques années, le flux numérique optimise ce concept en permettant de concevoir le résultat prothétique final avant même de débuter le traitement (fig. 2).
Rappelons que la demande de nos patients est souvent motivée par des doléances esthétiques et que le meilleur moyen de répondre à cette attente est de pouvoir leur proposer un prévisionnel concret. En intégrant le wax up numérique dans le scan facial, nous offrons à nos patients une nouvelle dimension leur permettant de se projeter plus aisément sur la résultante finale (fig. 3 et 4).
ainsi, les patients deviennent de réels acteurs dans leur traitement et en leur donnant ce pouvoir décisionnel nous renforçons naturellement leur implication.
Ces derniers sont rassurés de voir la puissance de ces outils et la fidélité des résultats obtenus. Cela contribue à renforcer la confiance et la qualité de nos relations. En effet, l’utilisation d’un scan facial conduit à des résultats esthétiques et fonctionnels plus prédictibles (fig. 5a et 5b) (HASSAN, 2017)
OUTIL DE COMMUNICATION PRATICIEN / PROTHÉSISTE
Le développement des outils numériques est en train de littéralement bouleverser notre façon de travailler et d’échanger avec nos prothésistes. Parmi eux, le scan facial apporte une vraie valeur ajoutée en complétant et simplifiant nos traitements assistés par ordinateur (POZZI, 2018).
Afin d’illustrer ce constat, prenons un exemple précis de réhabilitation complète maxillaire au moyen de 4 implants (all on 4) avec réalisation d’une mise en charge immédiate (MCI). a l’issue de l’intervention chirurgicale, une empreinte optique est transmise au prothésiste afin de modéliser puis d’usiner un provisoire qui sera transvissée le soir même en bouche du patient (fig. 6).
En l’absence d’informations complémentaires sur l’enveloppe faciale du patient la MCI semble convenablement conçue, cependant si on défocalise pour apprécier son intégration dans le visage on s’aperçoit qu’une erreur majeure de plan d’occlusion a été réalisée (fig. 7).
Dans ce cadre précis, la composante faciale n’ayant pas été communiquée au laboratoire, le technicien n’a pu s’appuyer sur les plans de références ce qui engendre inévitablement des erreurs de conception.
Une nouvelle empreinte du provisoire en place a été prise, des photos et un scan facial ont cette fois été transmis au prothésiste afin de corriger le montage (fig. 8) et permettre la conception et la pose d’un nouveau provisoire (fig. 9).
Intégrer le flux numérique dans la réhabilitation d’édentés complets, permet de s’appuyer sur un projet prothétique validé en amont par le patient mais surtout de pouvoir s’y tenir durant toutes les étapes de réalisation de traitement afin d’obtenir un résultat fidèle au prévisionnel ou éventuellement de le modifier à la demande du patient. D’où l’importance de transmettre au laboratoire, en plus de l’empreinte optique, des éléments sur les tissus environnants (forme et traits du visage, symétrie et ligne du sourire …) au moyen de photos 2D et d’un scan facial 3D (fig. 10).
A partir de ces quatre informations accessibles à tous et simples à recueillir, nous facilitons les conditions de conceptions de nos prothésistes et améliorons la prédictibilité de nos traitements.
Ainsi, valider un projet numérique en amont et le suivre fidèlement du provisoire post chirurgical jusqu’à la pose du bridge définitif devient tout à fait possible (fig. 11).
CONCLUSION
Ajouter le scan facial à son workflow préimplantaire est un moyen simple et accessible permettant d’améliorer la communication avec son patient mais également de faciliter des échanges avec son prothésiste en lui donnant l’opportunité de travailler sur un véritable « avatar 3D ».
Intégrer l’environnement facial, quand il s’agit de réhabiliter un édenté de grande étendue, est le meilleur moyen d’éviter les grandes erreurs de conception comme un plan d’occlusion erroné, un milieux inter-incisif décalé ou des dents désaxées.
Il permet également de fournir suffisamment d’éléments sur la physionomie pour éviter de tomber dans une « standardisation du sourire » et réussir à préserver l’expressivité de chacun de nos patients.
Nous pouvons même être amenés à penser que tous ces nouveaux protocoles numériques vont continuer de rapprocher les praticiens de leurs prothésistes quelle que soit la distance physique qui les sépare.
BIBLIOGRAPHIE
AMORNVIT, Pokpong et SANOHKAN, Sasiwimol. the accuracy of digital face scans obtained from 3d scanners: an in vitro study. International Journal of Environmental research and Public Health, 2019, vol. 16, no 24, p. 5061.
HASSAN, Bassam, GREVEN, Marcus, et WISMEIJER, Daniel. Integrating 3d facial scanning in a digital workflow to Cad/CaM design and fabricate complete dentures for immediate total mouth rehabilitation. the Journal of advanced Prosthodontics, 2017, vol. 9, no 5, p. 381-386.
MAI, Hang-Nga et LEE, Du-Hyeong. Effects of artificial Extraoral Markers on accuracy of three-dimensional
dentofacial Image Integration: Smartphone Face Scan versus Stereophotogrammetry. Journal of Personalized Medicine, 2022, vol. 12, no 3, p. 490.
POZZI, Alessandro, ARCURI, Lorenzo, et MOY, Peter K. the smiling scan technique: Facially driven guided surgery and prosthetics. Journal of prosthodontic research, 2018, vol. 62, no 4, p. 514-517.
TALLARICO, Marco, SCRASCIA, Roberto, ANNUCCI, Marco, et al. Errors in implant positioning due to lack of planning: a clinical case report of new prosthetic materials and solutions. Materials, 2020, vol. 13, no 8, p. 1883.
TSUCHIDA, Yumi, SHIOZAWA, Maho, HANDA, Kazuyuki, et al. Comparison of the accuracy of different handheld-type scanners in three-dimensional facial image recognition. Journal of Prosthodontic research, 2022, p. JPr_d_22_00001.
VENEZIA, Pietro, TORSELLO, Ferruccio, SANTOMAURO, Vincenzo, et al. Full digital workflow for the treatment of an edentulous patient with guided surgery, immediate loading and 3d-printed hybrid prosthesis: the BarI technique 2.0. a case report. International Journal of Environmental research and Public Health, 2019, vol. 16, no 24, p. 5160.