En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.

LEFILDENTAIRE est un site réservé aux professionnels de la santé dentaire.
Si vous n'êtes​ pas un professionnel de santé, vous pouvez obtenir des réponses à vos questions par des experts sur Dentagora.fr en activant le bouton Grand Public.

Je suis un professionnel Grand Public

Gestion des Complications et échecs en implantologie

0

L’activité implantaire est gratifiante, donne des résultats très prévisibles et a connu en une trentaine d’années des progrès décisifs. Cependant, l’examen attentif des données de la littérature et de ses propres cas cliniques montre au clinicien que l’optimisme affiché par les publications ou les sociétés distribuant les implants est sans doute excessif. Il suffit de regarder la liste des actes référencés dans la CCAM pour remarquer que celle-ci comporte autant d’actes liés à la dépose des implants qu’à leur mise en place. Etrange.

Quelques faits semblent établis :

  • les échecs en implantologie sont plus fréquents que les données de la littérature (souvent basées sur des suivis cumulés) ne le laissent entendre,
  • le praticien se retrouve souvent SEUL pour régler le problème face à un patient vite exaspéré et bien préparé à l’attaque par les medias et les avocats (voire même par ses propres confrères…),
  • la plupart des problèmes rencontrés ont heureusement une solution,
  • enfin, les degrés de gravité observés sont très divers.
    Mais le plus souvent, les travaux bien conduits au départ auront des complications moins graves.

Cet article a pour but de présenter quelques exemples d’échecs pouvant se produire au cours de l’activité implantaire et les moyens de les éviter ou de les traiter.

Conduite à tenir devant une infection post-opératoire immédiate (traitement, prévention) ?

Une infection imprévue fait partie des complications post-opératoires précoces ou différées. Elle peut avoir pour conséquence des douleurs plus ou moins importantes, un œdème parfois spectaculaire (rare) et/ou une perte d’ostéo-intégration. Il faut parfois savoir déposer l’implant ou au contraire attendre mais modifier les prescriptions postopératoires pour les ajuster aux symptômes cliniques.

Cas n°1

oedeme-post-operatoire

Fig. 1 et 1 bis : aspect clinique face et profil de l’oedème post-opératoire à 4 jours.

Un implant unitaire (ETK® Aesthetica WP) a été mis en place chez une femme de 56 ans, en bon état général, en position de 46 sur un os de type 1 à 2. L’intervention a été rapide et s’est déroulée normalement. La patiente rappelle après 4 jours et signale un œdème important, peu douloureux et une rougeur s’étendant vers la base du cou (fig.1 et 1 bis).

controle-radiographique

Fig. 2 : contrôle radiographique montrant l’absence de lésion suspecte au niveau de l’implant 46.

controle-de-la-cicatrisation

Fig. 3 : contrôle de la cicatrisation après 7 jours.

Une consultation le jour-même permet de réaliser une désinfection locale (ultrasons avec embouts titane et irrigations de chlorhexidine), de contrôler l’absence de lésion osseuse (fig.2) et d’adapter la prescription : Amoxicilline 2 g/jour prolongée à 10 jours, Prednisolone (Solupred® 40 mg/jour) et gels à la chlorhexidine en application locale. Une nouvelle consultation après trois jours (fig.3) permet de vérifier l’efficacité de ce traitement et la disparition des symptômes.

La cause de cette infection n’a pas pu être déterminée. Mais il est souhaitable de revoir avec l’équipe chirurgicale le script afin de déterminer à quel moment une erreur a pu se produire (fig.4).

script-pour-l-implantologie.

Fig. 4 : exemple de script pour l’implantologie.

Aabsence-d-integration-de-l-implant

Fig. 4 : Aabsence d’intégration de l’implant 15. Fig. 5 : mise en place de la coiffe 14 – vue occlusale

Comment gérer un défaut d’intégration au moment de la mise en charge ou comment transformer un échec en succès ?

Certains implants placés au cours d’une même séance, dans le même secteur, ne s’intègrent pas de façon identique. Le patient trouve normal le succès, anormal l’échec. Il faut expliquer (parfois longuement) qu’il existe un pourcentage inévitable d’échecs et proposer la reprise après dépose de l’élément défectueux.

Cas n°2

mobilite-prothetique-sur-un-implant

Fig. 6 : mise en place de la coiffe 15 sur le nouvel implant Fig. 7 : mise en place de la coiffe 15 sur le nouvel implant – vue occlusale. Fig. 8 : contrôle radiographique après 1 an

Deux implants Biotech® Smilea en position de 14 et 15 chez une femme de 49 ans. Au moment du dévissage des piliers de cicatrisation, 14 est intégré, 15 n’est pas intégré et l’implant est déposé avec le pilier (fig.4).

Il faut cureter soigneusement l’alvéole, suturer, laisser cicatriser (la coiffe 14 peut être réalisée pendant ce temps (fig.5) puis reprendre après six mois – l’utilisation d’un implant dont l’ancrage primaire est important peut se révéler utile (exemple Naturactis® ETK, ici Biotech® Kontact).

Après intégration, la prothèse est réalisée (fig.6 et 7) et un contrôle radiographique final (fig.8) permet de clore l’incident et de passer à la phase de maintenance implantaire.

Mobilité prothétique sur un implant : causes possibles, conséquences, conduite à tenir.

C’est souvent le patient lui-même qui perçoit la mobilité de l’élément prothétique implantaire. Un diagnostic différentiel s’impose comprenant un examen clinique (palpation, contrôle de l’occlusion) et radiographique pour déterminer la cause de la mobilité. Il peut s’agir :

  • d’une perte d’intégration : une alvéolyse en cratère confirme la péri-implantite; l’implant devra être déposé dès que possible.
  • d’une fracture de vis : en général l’élément prothétique tombe de lui-même et la partie fracturée de la vis doit être déposée avant toute remise en place de la prothèse.
  • d’un dévissage : la prothèse doit être déposée – en perçant la coiffe si nécessaire – puis la vis changée.
  • d’une usure de l’hexagone (cas d’hexagone externe) si le dévissage est passé inaperçu ou a été négligé pendant longtemps. L’implant devra être déposé et repris après reconstruction osseuse (greffe, biomatériau, ROG).
demontage-de-la-coiffe-implantaire

Fig. 9 : démontage de la coiffe implantaire 36 mobile 12 ans après la réalisation de l’implant

Cas n°3

Un implant ETK® Universal 2 à hexagone externe de diamètre 4,75 mm a été mis en place depuis 12 ans chez un patient de 63 ans. Lors d’une des visites de maintenance le patient signale une mobilité de sa coiffe implantaire, sans aucune gêne et mentionne «qu’il sentait une légère mobilité depuis longtemps ».

La dépose de la coiffe (fig.9) montre un hexagone complètement usé par le discret mouvement de va-et-vient lié au dévissage (fig.10), rendant indispensable la dépose de l’implant (fig.11) puis la mise en place d’un nouvel implant après cicatrisation, suivi de la réalisation d’une coiffe (fig.12).

depose-de-l-implant-integre

Fig. 10 : usure de l’hexagone externe liée au mouvement du faux-moignon (dévissage partiel). Fi. 11 : dépose de l’implant intégré à l’aide d’une tréphine. Fig. 12 : nouvel implant 36 et coiffe.

Conclusion

L’implantologie présente un taux de succès élevé. Les résultats à long terme sont très satisfaisants. Mais le praticien doit garder à l’esprit que les échecs sont parfois assez difficiles à gérer et plus fréquents dans la réalité clinique que ne l’indiquent les données de la littérature. Il ne faut surtout pas sous-estimer les problèmes psychologiques chez le patient

implantaire ni la judiciarisation actuelle de notre société. Mais pour finir sur une note optimiste, rappelons-nous la devise des Shadocks : « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème »…

Bibliographie

1. Al-Sabbagh M et Kutkut A. – Immediate Implant Placement: Surgical techniques for prevention and management of complications. Dent Clin North Am. 2015 Jan; 59(1):73-95. doi: 10.1016/j.cden.2014.09.004.
2. Camargo IB, Van Sickels JE. – Surgical complications after Implant placement. Dent Clin North Am. 2015 Jan;59(1):57-72. doi: 10.1016/j.cden.2014.08.003. Epub 2014 Sep 16.
3. Lamas Pelayo J, Peñarrocha Diago M, Martí Bowen E, Peñarrocha Diago M.
– Intraoperative complications during oral implantology. Med Oral Patol Oral Cir Bucal. 2008 Apr 1;13(4):E239-43.
4. Sadid-Zadeh R, Kutkut A, Kim H. – Prosthetic Failure in Implant Dentistry. Dent Clin North Am. 2015 Jan;59(1):195-214. doi: 10.1016/j.cden.2014.08.008. Ed. Elsevier 2014 Sep 22.

Partager

A propos de l'auteur

Dr Michel Jean-François

Chirurgien-dentiste Maître de Conférences à la Faculté dentaire de Rennes
Docteur d’Etat en Odontologie

Laisser une réponse