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Dentisterie a minima et cavités tunnellisées

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Introduction

Les concepts de dentisterie a minima ont été proposés il y a déjà plus d’une vingtaine d’années et se posent aujourd’hui en alternative aux traitements conventionnels (1).

Au-delà des actions de prévention, basées sur une recherche approfondie et aidée des lésions débutantes, l’intervention précoce permet de limiter les destructions iatrogènes de tissus sains. La restauration des lésions occlusales et cervicales (sites 1 et 3 de la classification de Mount et Hume (2)) est d’un abord aisé cliniquement, et profite pleinement de la miniaturisation des instruments diamantés de mise en forme. En revanche, les sites inter-proximaux (sites 2) sont à la fois plus difficiles à diagnostiquer et engendrent des interventions plus conséquentes en délabrement de tissus sains. L’élimination de la crête marginale entraine immanquablement une perte du point de contact, délicat à restaurer en méthode directe. Aussi, lorsque la lésion carieuse est détectée suffisamment tôt (stades 1 ou 2 de Mount et Hume) l’accès aux tissus altérés peut être envisagé par voie latérale (cas clinique 1) ou occlusale (cas clinique 2), constituant alors une cavité tunnellisée.

Matériaux et Matériels

La résine composite semble être le matériau le plus apte à se modeler dans de telles cavités étroites et en contre-dépouille, même si quelques tentatives ont été proposées avec des matériaux comme les verre-ionomères, moins complexes d’usage (3). Le composite impose un collage aux tissus dentaires. Dans le cadre des cavités tunnellisées, le type d’adhésif à privilégier est étroitement lié au faible volume de composite inséré et au peu de sollicitations mécaniques de celui-ci. Ces caractéristiques permettent d’indiquer aussi bien les adhésifs conventionnels (avec mordançage) que les adhésifs auto-mordançants (4).

Les moyens d’accès, d’éviction carieuse et de mise en forme font appel à des fraises dédiées, dites de « microdentisterie », ou à des inserts ultrasoniques spécifiques (1).

Indications

Les critères cliniques indispensables à la réalisation de cavités tunnellisées sont liés au risque carieux du patient, à son degré d’hygiène bucco-dentaire et à sa compliance au suivi à long terme (5). Pour cela, des tests préalables et une motivation à l’hygiène peuvent s’avérer judicieux (6). Sur un plan plus technique, l’indication clinique doit veiller scrupuleusement à la persistance d’une crête marginale d’au moins 2 mm de largeur, sans quoi le risque de fracture de cette dernière devient important (7, 8).

cas-clinique-dentisterie-a-minimacas-clinique-cavite-tunnelisecas-clinique-cavite-tunnelise-occlusale

Conclusion

Les résultats rapportés par plusieurs études cliniques semblent démontrer un succès similaire entre restaurations conventionnelles et restaurations tunnellisées (8-12). Cependant, le caractère opérateur-dépendant des résultats met en évidence une technique séduisante mais sujette à controverses (13, 14). En conséquence, les préparations tunnellisées doivent être réservées avant tout à des situations cliniques favorables : un accès opérateur large et une hygiène bucco-dentaire maîtrisée. Leurs points faibles sont, en particulier, les risques de fracture de la crête marginale et d’excision carieuse insuffisante par manque de contrôle visuel (15). L’association d’un ciment verreionomère assurant la couche la plus profonde et d’une résine composite assurant les propriétés mécaniques et esthétiques en surface est une alternative particulièrement séduisante au vu des premières évaluations cliniques.

Bibliographie

1. Tassery H, Victor J-L, Coudert G, Brouillet J-L, S. K. Dentisterie restauratrice a minima. EMC. 2006 ;Odontologie(Elsevier SAS, Paris):23- 145-A-05.
2. Mount GJ, Hume WR. A revised classification of carious lesions by site and size. Quintessence Int. 1997 May ;28(5):301-3.
3. Markovic D, Peric T. Clinical evaluation of glass-ionomer tunnel restorations in primary molars : 36 months results. Aust Dent J. 2008 Mar ;53(1):41-5.
4. Toledano C, Etienne O. Les cavités tunellisées à abord occlusal. Dentoscope. 2008(21 janvier).
5. Toledano C. Indications des cavités tunnellisées à abord occlusal. Info Dent. 2006 ;88(31):1847-52.
6. Blique M, Grosse S. Prophylaxie et prise en charge globale des facteurs de susceptibilité à la caire du patient, première étape de l’économie tissulaire amélaire. Rev Odonto Stomato. 2008 ;37(4):249-58.
7. Ji W, Chen Z, Frencken JE. Strength of tunnel-restored teeth with different materials and marginal ridge height. Dent Mater. 2009 Nov ;25(11):1363-70.
8. Strand GV, Tveit AB, Gjerdet NR, Eide GE. Marginal ridge strength of teeth with tunnel preparations. Int Dent J. 1995 Apr ;45(2):117-23.
9. Hasselrot L. Tunnel restorations in permanent teeth. A 7 year follow up study. Swed Dent J. 1998 ;22(1-2):1-7.
10. Holst A, Brannstrom M. Restoration of small proximal dentin lesions with the tunnel technique. A 3-year clinical study performed in Public Dental Service clinics. Swed Dent J. 1998 ;22(4):143-8.
11. Kinomoto Y, Inoue Y, Ebisu S. A two-year comparison of resin-based composite tunnel and Class II restorations in a randomized controlled trial. Am J Dent. 2004 Aug ;17(4):253-6.
12. Strand GV, Tveit AB. Effectiveness of caries removal by the partial tunnel preparation method. Scand J Dent Res. 1993 Oct ;101(5):270-3.
13. Nicolaisen S, von der Fehr FR, Lunder N, Thomsen I. Performance of tunnel restorations at 3-6 years. J Dent. 2000 Aug ;28(6):383-7.
14. Strand GV, Nordbo H, Leirskar J, von der Fehr FR, Eide GE. Tunnel restorations placed in routine practice and observed for 24 to 54 months. Quintessence Int. 2000 Jul-Aug ;31(7):453-60.
15. Wiegand A, Attin T. Treatment of proximal caries lesions by tunnel restorations. Dent Mater. 2007 Dec ;23(12):1461-7.

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A propos de l'auteur

Dr. Olivier ETIENNE

MCU-PH, Strasbourg

Dr. Charles TOLEDANO

Ancien AHU, Strasbourg
Chargé d'enseignement universitaire
Coordinateur du DU d'esthétique du sourire de Strasbourg

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