En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.

LEFILDENTAIRE est un site réservé aux professionnels de la santé dentaire.
Si vous n'êtes​ pas un professionnel de santé, vous pouvez obtenir des réponses à vos questions par des experts sur Dentagora.fr en activant le bouton Grand Public.

Je suis un professionnel Grand Public

Traitements d’une béance antérieure d’origine fonctionnelle chez l’enfant – Résultats d’un sondage.

0

A partir d’une enquête réalisée auprès d’orthodontistes, les différentes options du traitement orthodontique d’une béance antérieure d’origine fonctionnelle observée à l’âge de 7 ans ont été recherchées.

Les béances antérieures relèvent de plusieurs étiologies dont les plus fréquentes ont une origine fonctionnelle en rapport avec une posture linguale et une déglutition atypique, une ventilation buccale ou une succion digitale. A l’âge de 7 ans, lors de la mise en place des incisives permanentes maxillaires et mandibulaires, quel est le traitement le plus approprié pour corriger une telle béance antérieure d’origine fonctionnelle ?

Les béances antérieures correspondent à une pathologie fréquente, dont la prévalence est estimée à environ 15% de la population en denture mixte (4).

Les étiologies des béances sont diverses mais pour la plupart l’origine est fonctionnelle. Notre travail concerne la prise en charge des béances antérieures d’origine fonctionnelle vers l’âge de 7 ans, et nous avons réalisé pour cela une enquête auprès de 117 orthodontistes qualifiés de la région parisienne. La majorité des praticiens s’accordent à dire que la recherche de l’étiologie est l’élément primordial pour la réussite du traitement, et préconisent surtout le dialogue et des dispositifs simples pour aider l’enfant à abandonner ses mauvaises habitudes. Le comportement de l’enfant, sa motivation et son environnement familial apparaissent essentiels. Classiquement, face à cette dysmorphose, quatre possibilités s’offrent au praticien (10, 12) :

– Appareils orthodontiques dits « passifs » tels que la grille anti-langue ou le pique langue (9)
Appareils orthodontiques dits « de rééduca- tion » tels que la perle de Tucat ou l’enveloppe linguale nocturne de Bonnet (2) pour permettre à la langue de se repositionner correctement ;
– Soit mettre en place un programme d’exerci- ces de rééducation de la fonction linguale (posture, déglutition et phonation) et de suppression des habitudes néfastes (5,6), en général pris en charge par l’orthophoniste ou le kinésithérapeute.

  • Soit coupler les appareils orthodontiques et la rééducation ;
  • Soit s’abstenir de tout traitement et surveiller l’évolution de la malocclusion dans l’attente de la maturation neuro-musculaire du patient, avant d’entreprendre le traitement orthodontique (3,4, 7, 8).

Pour connaître la position des praticiens sur ce sujet, nous avons réalisé une enquête auprès d’orthodontistes. Les résultats de cette enquête seront discutés et permettront de mieux com- prendre et analyser l’attitude thérapeutique des praticiens face à cette dysmorphose.

Qu’est-ce qu’une béance antérieure d’origine fonctionnelle ?

L’infraclusion ou béance antérieure est une « anomalie orthodontique alvéolaire du sens vertical, localisée au secteur alvéolo dentaire antérieur et caractérisée par une insuffisance ou une absence de recouvrement incisif » (1). A l’âge de 7 ans, l’enfant est en denture mixte. Le sujet en denture mixte se caractérise par une grande aptitude à tout apprentissage permettant la mise en œuvre de rééducations myofonctionnelles et une bonne coopération autorisant un traitement orthodontique précoce (11,13). Pour discerner le traitement le plus approprié face à une béance antérieure d’origine fonctionnelle à 7 ans, une enquête auprès d’orthodontistes qualifiés a été réalisée afin de connaître l’attitude à adopter face à ce type de malocclusion.

L’enquête

Au mois de mai 2005, un questionnaire a été envoyé par courrier postal à 95 orthodontistes qualifiés de la région parisienne et à 22 orthodontistes qualifiés travaillant à l’Institut de Prophylaxie Dentaire Infantile de Paris (IPDI). Sur 117 orthodontistes interrogés, 81 ont répondu, soit environ 70%. Le questionnaire comportait cinq questions à choix multiples. Les réponses des praticiens ont été recueillies et analysées à l’aide d’un programme informatique.

Résultats

 En présence d’une béance d’origine fonctionnelle chez un enfant de 7 ans, quelle est votre attitude en première intention ?

  • Traitement mécanique
  • Traitement par rééducation
  • Abstention, le problème sera envisagé ultérieurement

12% des praticiens s’abstiennent, ils envisageront le problème ultérieurement.

16% des praticiens traitent mécaniquement.

53% des praticiens traitent par rééducation.

Si vous prenez l’option de traiter, de quelle manière procédez-vous ?

  • Mécanique seule
  • Mécanique puis rééducation
  • Rééducation puis mécanique
  • Rééducation seule
  • Vous maintenez l’abstention

16% des praticiens traitent par rééducation seule.

21% des praticiens traitent mécaniquement, puis par rééducation.

32% des praticiens traitent par rééducation puis mécaniquement.

Quel appareil mécanique vous paraît le plus adapté ?

  • Appareils passifs :
  • grille anti-langue
  • pique langue
  • autres
  • Appareils de rééducation :
  • enveloppe nocturne linguale de Bonnet
  • perle de Tucat
  • autres

71% des praticiens interrogés utilisent des appareils de rééducation.

Parmi ceux qui utilisent des appareils passifs, 62 % utilisent la grille anti-langue.

Parmi ceux qui utilisent des appareils de rééducation, 83% utilisent l’enveloppe linguale nocturne de Bonnet.

Si vous prescrivez une rééducation, que mentionnez-vous sur l’ordonnance ?

Rééducation de :

  • Posture linguale
  • Déglutition
  • Ventilation
  • Habitudes néfastes

La ventilation et les habitudes néfastes ne sont mentionnées que dans un tiers des cas.

60% prescrivent une rééducation de la posture linguale seule ou en association.

75% des praticiens interrogés prescrivent une rééducation de la déglutition seule ou en association.

Au bout de combien de temps pensez-vous atteindre vos objectifs ?

  • 2 mois
  • 3 mois
  • 6 mois
  • 1 an

48% des praticiens interrogés estiment atteindre leurs objectifs en 6 mois.

Sur 117 orthodontistes interrogés, 81 ont répondu au sondage, soit environ 70%. Cela correspond à un taux élevé et très satisfaisant de réponses par rapport au ratio de réponses habituellement observées. Par rapport à l’analyse des réponses obtenues, nous constatons que plus de la moitié des praticiens interrogés (53,2%) utilisent en première intention un traitement par rééducation (séances chez l’orthophoniste notamment). Nous remarquons également que la rééducation est souvent associée à un traitement mécanique.

D’autre part, les appareils mécaniques de « rééducation » sont plus souvent utilisés que les appareils mécaniques dits « passifs » et c’est à l’enveloppe linguale nocturne de Bonnet que les praticiens ont le plus souvent recours. Nous constatons aussi que la déglutition et la posture linguale sont les plus fréquemment citées comme fonctions à rééduquer. Les orthodontistes interrogés ont d’ailleurs évoqué l’intérêt de réaliser un bilan des fonctions lors de la prise en charge du patient afin de mieux comprendre l’étiologie de la béance, et donc de mieux la traiter. Enfin, la grande majorité des praticiens interrogés estiment atteindre leurs objectifs en 6 mois. Finalement, la recherche systématique de l’étiologie, le dialogue avec l’enfant, l’abandon des mauvaises habitudes et la rééducation des fonctions par divers moyens est l’attitude la plus souvent préconisée, ce qui est parfaitement en accord avec la littérature à ce sujet.

Voici deux cas cliniques pour illustrer nos propos :

  • Justine B. présentait une béance antérieure d’origine fonctionnelle (figure 1,3), due notamment à une succion digitale (figure 2). Elle a été traitée sans aucun appareil. Le traitement a consisté à l’encourager à arrêter la succion de ses doigts, à réaliser la résection du frein de sa langue et à rééduquer sa fonction linguale. La béance s’est alors corrigée spontanément sans autre traitement (figure 4).
  • Sophie P. présentait également une béance antérieure d’origine fonctionnelle mais chez elle associée à une endoclusion asymétrique (figure 5). Cette malocclusion a été corrigée à l’aide d’une plaque palatine d’expansion avec surélévation au niveau des molaires et une grille anti-langue (figure 6). La béance s’est corrigée progressivement ainsi que l’endoclusion (figure 7).

Discussion

L’objectif était d’enquêter auprès d’orthodontistes afin de connaître leurs attitudes et leurs choix thérapeutiques face à une béance antérieure d’origine fonctionnelle vers l’âge de 7 ans.

Il existe de façon unanime chez les praticiens la même volonté d’aider l’enfant à abandonner les mauvaises habitudes acquises, responsables de la béance. Pour cela, ils préconisent d’abord le discours avec l’enfant mais également l’utilisation de moyens permettant de rééduquer les fonctions, notamment par des appareils orthodontiques dits de « rééducation », dispositifs agissant sur les fonctions et permettant ainsi la correction spontanée de la béance. L’enveloppe linguale nocturne de Bonnet étant citée le plus souvent.

Les attitudes décrites dans la littérature et par les orthodontistes sont assez semblables. La recherche de l’étiologie apparaît comme primordiale, l’ensemble des béances d’origine fonctionnelle se corrigeant spontanément dès que l’on supprime le trouble fonctionnel ou les habitudes néfastes en causes.

L’attitude de l’enfant, sa motivation ainsi que son environnement familial sont également essentiel dans la réussite du traitement. Il serait également intéressant, lors d’une prochaine étude, de prendre également en compte la quantité de béance observée (en mm) et d’évaluer la stabilité des résultats à long terme ou du moins jusqu’à la seconde étape du traitement orthodontique.

Test d’autoévaluation

1) Le traitement de la béance antérieure d’origine fonctionnelle nécessite toujours le port d’un appareil d’orthodontie ?

  • Vrai
  • Faux

2) Un appareil d’orthodontie peut aider à rééduquer la fonction linguale?

  • Vrai
  • Faux

3) Le traitement de la béance antérieure d’origine fonctionnelle peut se corriger en aidant l’enfant à abandonner ses habitudes néfastes ?

  • Vrai
  • Faux

Réponses : F,V,V.

Références bibliographiques

1. Bassigny F. Manuel d’Orthopédie Dento Faciale Paris, Masson Ed 1982.
2. Bonnet B. Un appareil de reposturation : l’Enveloppe Nocturne Linguale ; Rev Orthop Dento Faciale 26:329-347, 1992.
3. Burford D, Noar JH. The causes, diagnosis and treatment of anterior open-bite. Dent Update 2003 Jun; 30(5):235-41.
4. Champagne M. The anterior open bite problem J Gen Orthod 1995 6:5-10.
5. Chauvois A, Fournier MY, Girardin F. Rééducation des fonctions dans la thérapeutique orthodon- tique. Ed. SID, 1991.
6. Da Silva Filho OG, Gomes Goncalves RJ, Maya FA. Sucking habits : clinical management in dentistry. J Clin Pediatr Dent 1991; 15:137-56.
7. Fraudet JR. Un appareil dans la bouche de votre enfant : du bon usage de l’orthodontie pour un sourire. Paris, Guibert, 1994, (Ecologie Humaine).
8. Klocke A. Does an anterior open bite in the early mixed dentition cause you to consider any form of orthodontic treatment? Am J orthod Dentofacial Orthop. 2003 Mar; 123(3).13A.
9. Langlois J. Mécanisme d’action du « pique langue » en orthopédie dento facial Rev Orthop Dento Faciale 1978 ; 13 173-186.
10. Ngan P, Fields HW. Open bite: a review of etiology and management. Pediatr Dent 1997; 19:91-8.
11. Pelosse J-J. Relations entre denture mixte, équilibre musculaire et âge biologique. Orthod Fr 2001 ; 72 : 55-60.
12. Raberin M. Pathologies et thérapeutiques de la dimension verticale en denture mixte. Conséquences sur l’équilibre musculaire. Orthod Fr 2001 ; 72 :143-154.
13. Tausche E, Luck O, Harzer W. Prevalence of malocclusions in the early mixed dentition and orthodontic treatment need. European J of Orthod 26(2004)237-244.
14. Article écrit à partir d’un travail de thèse : OHANA I. Béance antérieure d’origine fonctionnelle à 7 ans : faut-il traiter mécaniquement, rééduquer, ou attendre ? Th : chir.Dent : Paris 7 : 2005.
15. Ilana Ohana-Toledano : Docteur en chirurgie dentaire Claude Chabre : Maître de Conférences des Universités – Praticien Hospitalier (Département d’Orthopédie Dento-Faciale de Paris VII)

Partager

A propos de l'auteur

Laisser une réponse