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Le prix nobel qui souffre

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Claude Olivenstein nous informe dans « Écrits sur la bouche » qu’un « Prix Nobel avec une rage de dents n’est qu’une bête qui gémit ». Voilà une phrase qui fait réfléchir !

En effet, pourquoi vouloir s’évertuer (quelquefois avec acharnement) à faire appel à l’intelligence et au raisonnement des patients alors que ceux-ci sont paralysés (et non pas anesthésiés) par la douleur ? Tant qu’il souffrira, le patient ne sera pas accessible à nos explications, quelles que soient nos excellentes justifications. Peut-être faudrait-il d’abord valider la souffrance – puis la soulager si possible – avant d’expliquer au malade toutes les bonnes raisons qu’il a de se prendre en charge.

C’est peut-être la raison pour laquelle nous avons quelquefois des difficultés à nous faire « comprendre » des patients. À notre tour, ne pas avoir compris (au sens de « prendre avec ») ce que le malade éprouve et que, finalement, il ait décidé de venir nous demander de l’aide, a pour conséquence immédiate une réaction de recul avec le sentiment qu’il n’a pas été « entendu ». Ceci est d’autant plus flagrant lorsque celui-ci souffre d’une maladie « imaginaire » (glossodynie par exemple ou, pour le chirurgien, la douleur fantôme du membre amputé). C’est dans ce genre de situation que le malade met le praticien en état d’échec ou, autrement dit, « hors de lui», hors compétences. Rien de plus pénible que ce sentiment lorsque les études ont oublié de nous apprendre que le docteur ne réussit pas tout – et tout le temps ! Si le sommelier peut dire : « Je vous prie de bien vouloir nous excuser, mais vous avez raison, ce vin est bouchonné » (même si le vin ne l’est pas), il n’est pas envisageable que nous disions : « Je vous prie de bien vouloir me pardonner, mais j’ai commis une erreur. » Peut-être, pour sauver la relation, faudrait-il quelquefois admettre que l’on a tort, alors qu’objectivement, nous avons la preuve d’avoir raison.

À prendre des défenses de front, on ne fera que les renforcer. Certains patients que l’on suit depuis des mois, voire des années, me disent que telle gravure n’était pas à cette place la dernière fois alors qu’elle est à la même place depuis longtemps. Que faut-il dire ?

Pourquoi faire appel à l’intelligence quand la douleur abolit la pensée, la réflexion et la logique ? La recette est peut-être simple : d’abord valider la souffrance, puis la soulager et enfin l’expliquer.

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