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Je suis un professionnel Grand Public

Monsieur est mort…

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A18 ans j’ai quitté ma Province, bien décidé à faire des études d’odontologie.

Il faut savoir, qu’en ce temps-là, le numerus clausus n’existait pas. Arrivé à Paris au mois d’août, j’arpentais les trottoirs de Saint-Germain-des-Prés où les comédiens avaient élu place pour exprimer leur art. Et moi, j’me voyais déjà, diplôme en poche, dans mon cabinet, soignant mes premiers patients.

Ce métier, je l’avais choisi pour le profond sentiment de liberté et l’autonomie de choix qu’il m’octroyait. J’ai travaillé des années, sans répit, pour réussir, au prix d’une vie de bohème. Mais… je n’ai pas vu le temps passer et voilà ce jour tant attendu : un cabinet just for me, formidable !

Mon complet bleu a laissé place à cette blouse blanche tant espérée. Dent après dent, je soigne, j’extrais, à l’occasion j’anesthésie quand c’est utile.

Mes patients craignent l’aiguille mais ils ont confiance si c’est moi qui le dis.

La trentaine venue, comme tout un chacun, ma vie tournait autour de mes amis, mes amours, mes emmerdes… et surtout mon cabinet. Désormais, il me faut investir ignorant le passé conjuguant au futur : ordinateur, carte bleue, carte vitale, radiographie panoramique, logiciel de gestion…et j’en passe. C’est le prix à payer pour retrouver la baraka…

Mais il semble que le temps des caresses a fait place au temps des loups.

Mes patients ont changé, ils veulent tout savoir, tout comprendre des soins pratiqués dans leur bouche et sont déterminés. Pour accéder à leur demande et leur redonner ce sourire de « star » comme ils disent, il fallait bien que je me forme aux dernières techniques et que j’adopte de nouveaux outils numériques. Et pourtant, au milieu de toutes ces technologies, je me surprends encore, avec un brin de nostalgie, à quelques plaisirs démodés.

Nos dirigeants ont jeté leur dévolu sur notre profession, de règlement arbitral en nouvelle convention. Reste à charge zéro, maitrisé, tiers payant généralisé…on y va on y est. Alors tu as le choix soit tu t’laisses aller soit tu ne cultives pas les regrets car on ne récolte jamais que les sentiments que l’on sème.

Il faudra bien que je retrouve ma raison, mon insouciance et mes élans de joie tout comme mes confrères afin que nos cabinets, jardins de nos merveilles ne deviennent pas le palais de nos chimères.

Ce métier, qui tient tous nos sens en éveil, d’échec retentissant en triomphale route. Qui nous gonfle d’orgueil, ou nous détruit de doute…

Il reste le plus beau car c’est notre métier.

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A propos de l'auteur

Patricia LEVI

Directrice de la publication


Adresse : 95, Rue de Boissy

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