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Comment venir à bout d’une déglutition dysfonctionnelle

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La déglutition dysfonctionnelle est un mode de fonctionnement archaïque qui permet d’avaler la salive par différence de pression entre la bouche antérieure et la bouche postérieure. Elle nécessite donc l’existence d’un joint d’étanchéité généralement situé entre la lèvre du haut et celle du bas mais qui peut aussi se situer en arrière des incisives supérieures.

Elle est la prolongation du programme de succion déglutition qui s’était établi in utero permettant au nouveau-né de pouvoir subvenir à ses besoins nutritionnels dès la naissance. C’est la présence de la denture lactéale puis définitive qui va faire passer ce mode de fonctionnement, physiologique au départ, en mode dysfonctionnel.

appareil-deglutitionEntre l’âge de 3 et 4 ans, parallèlement à l’instauration d’une mastication unilatérale alternée, le mode de déglutition se modifie, les arcades dentaires étant au contact, la langue va pouvoir s’élever contre la voute palatine par la mise en jeu du styloglosse et façonner les maxillaires supérieures. L’occlusion dentaire permettra à la mandibule d‘adapter sa croissance, facilitée par l’abandon de la contraction de la musculature mentonnière.

Correctement stimulée par l’acquisition d’une déglutition de « type sujet denté » la croissance faciale de l’enfant devrait lui éviter de se retrouver dans le lot des 50 % d’enfants nécessitant un traitement orthodontique.

A l’inverse la persistance d’une succion déglutition avec contraction de la musculature labio mentonnière et jugale empêchera le développement transversal de l’arcade supérieure et retiendra la mandibule dans une position rétrusive ou au contraire une position basse de la langue nécessitée par une respiration buccale stimulera la croissance mandibulaire d’une manière excessive.

Mais les répercussions peuvent aussi se manifester plus tardivement sur la denture définitive, récidive des dysmorphoses corrigées orthodontiquement, usures prématurées ou mobilité des éléments dentaires, instabilité des restaurations prothétiques ou implantaires.

avant-après-froggymouthL’instauration d’une déglutition physiologique intéresse donc tous les praticiens, mais les solutions proposées pour y parvenir efficacement ne sont pas évidentes.

Certains choisiront le recours à une orthophoniste, mais une étude récente de la CNAM fait ressortir un taux très élevé d’échec. Les rééducations orthophoniques font appel à la prise de conscience par le patient du geste habituellement effectué, puis du geste à effectuer. Le contrôle du programme sera donc d’origine corticale, stimulant les connections synaptiques des réseaux neuronaux gérant le déroulement du programme de déglutition et faisant appel à une mémoire immédiate, sans systématiquement atteindre les circuits de la mémoire à long terme.

froggymouth-et-orthodontieD’autres praticiens préféreront recourir à la pose d’un appareil intra buccal type “gouttière” mais sans forcément en contrôler tous les paramètres.

De plus, le port prolongé nécessaire à l’efficacité de ces dispositifs (2 heures par jour et toute la nuit) sera rarement suivi à moyen terme par le patient.

Froggymouth est un dispositif qui se place entre la lèvre supérieure et la lèvre inférieure. Il doit être porté quinze minutes par jour de manière à stimuler les circuits neuronaux qui gèrent les mouvements automatiques et devant un écran de télévision ou de console de jeu, pour bénéficier d’une prévalence positive reconnue par le système limbique qui en facilitera l’engrammation .

radio-froggymouthComme l’a démontré Eric Kandel, prix Nobel de médecine en 2000, nous aurons non plus une excitation des synapses mais une multiplication des synapses.

Le nouveau programme de déglutition s’enregistrera automatiquement sans effort pour le patient.

Il disposera alors de deux programmes pour avaler sa salive : l’ancien et le nouveau, car tout comme dans un ordinateur, il est impossible d’effacer définitivement un programme moteur. Si l’on ne souhaite plus utiliser un programme, il suffit de ne plus cliquer sur l’icône qui l’appelle, or l’icône qui appelle le programme de succion déglutition c’est « j’ai les lèvres contractées »et celle qui appelle la déglutition physiologique c’est « j’ai les dents serrées ». L’attention des patients n’aura plus à se concentrer sur le déroulement du programme mais seulement sur la contraction ou la détente de ses lèvres.

Ce programme se mettra en place d’autant plus rapidement que l’on sera proche de l’âge physiologique de son engrammation, mais il est tout à fait accessible aux adolescents voir aux adultes.

On apprend bien à conduire après l’âge de 18 ans.

Bibliographie

1. Couly G. Les oralités humaines. Doin, 2010.
2. Deffez JP, Girard C, Fellus P. Rééducation de la déglutition salivaire. Éditions CdP, 1995.
3. Fellus P. Orthodontie précoce en denture temporaire. Éditions CdP, 2003.
4. Guyton A. Basic neurosciences: anatomy and physiology. Philadelphia: Saunders Company, 1991.
5. Kandel E. À la recherche de la mémoire. Une nouvelle théorie de l’esprit. Odile Jacob Sciences, 2007.

Conflit d’intérêt
P.F. est président de la société Orthopolis SAS, détentrice du brevet Froggy Mouth

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A propos de l'auteur

Dr. Patrick FELLUS

Spécialiste qualifié en orthopédie dento-faciale
Docteur en sciences odontologiques
Attaché consultant au CHU Robert Debré, Paris
Président de la Société Française d'Orthodontie Pédiatrique

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