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Troubles musculo-squelettiques

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Avez-vous déjà entendu parler des Troubles musculo-squelettiques, TMS et autres pathologies d’hypersollicitation ?

Focus sur ces maux souvent négligés

Opérer au fauteuil demande de la patience, de la minutie… mais surtout du tonus musculaire et une bonne dose de résistance à l’effort. En effet, rester immobile, quasi figé dans des postures sommes toutes inconfortables est bien souvent éprouvant pour le corps et l’esprit des praticiens. À tel point qu’il n’est pas rare que des micro-traumatismes apparaissent à répétition dans les tissus osseux, les ligaments, les articulations, les nerfs ou les tissus musculaires de certains chirurgiens-dentistes.

Si ces microtraumatismes guérissent habituellement sans problème grâce aux capacités de résilience du corps humain, leur accumulation (à force, par exemple d’adopter au quotidien des poses anti ergonomiques) finit par « noyer la machine ». Ce qui favorise à terme l’apparition de traumas supplémentaires qui aggraveront le phénomène : à mesure que les micro-déchirures se multiplient, les microtraumatismes évoluent en macro-traumatismes et l’on parle désormais de Troubles Musculo-Squelettiques (TMS), un groupement de pathologies que l’Institut National de Veille Sanitaire défini plus savamment comme étant un ensemble d’affections périarticulaires aux causes multifactorielles, évoluant la plupart du temps sur plusieurs années et pouvant affecter diverses structures des membres supérieurs, inférieurs et du dos (les tendons, muscles, articulations, nerfs et le système vasculaire).

Les chirurgiens-dentistes particulièrement exposés aux TMS

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Loin d’être des pathologies rares, les affections musculo-squelettiques compteraient même, à en croire les nombreux comptes rendus d’études disponibles sur la toile parmi les maladies professionnelles les plus répandues au sein de la population active.

Elles seraient ainsi en cause dans plus de 70 % des arrêts maladies indemnisés prescrits en France selon un rapport de l’Inserm daté de l’année dernière, et jouent aussi très probablement un rôle dans le fait que près de 62 % des 118 chirurgiens-dentistes français interrogés par le docteur David Blanc, (auteur d’une étude parue l’année dernière et portant sur les conditions de travail des chirurgiens-dentistes) aient déclaré souffrir quotidiennement de douleurs musculaires ou squelettiques.

Douleur et gêne articulaire, ces cris d’alerte biologique

Si cette proportion importante de praticiens souffrant de Troubles Musculo-Squelettiques est en partie due au fait que la plupart d’entre eux ne soient pas sensibilisés à l’importance de l’ergonomie, elle doit aussi probablement beaucoup au fait que bon nombre de dentistes n’accordent que peu d’importance aux douleurs physiques qu’ils ressentent, considérant parfois celles-ci comme « des broutilles pas si graves allant de pair avec le métier ». Pourtant, le plus bénin des Troubles Musculo-Squelettiques s’il n’est pas pris en charge médicalement, peut conduire à des lésions pouvant atteindre sa dextérité.

Pas de panique. Si comme beaucoup de vos confrères, vous souffrez d’une affection musculo-squelettique, la lecture de la suite de ce dossier vous donnera les clés pour vous prémunir au mieux des effets de ces affections.

L’ergonomie, votre compagnon de pratique

Même si de très nombreuses études pointent la prévalence des Troubles Musculo-squelettiques (TMS) chez les chirurgiens-dentistes, le métier que vous aimez vous expose-t-il indubitablement à ces pathologies ?

Fort heureusement, non : les causes des TMS peuvent souvent être traitées en troquant les mauvaises habitudes et l’équipement ergonomiquement inadapté pour de bonnes pratiques et du matériel adéquat. Entre conseils posturaux et suggestions quant au choix de votre mobilier, tour d’horizon des points sur lesquels agir pour prévenir l’apparition de pathologies musculo-squelettiques.

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1. Ayez vos instruments à portée de main

S’il n’a pas d’assistante, il arrive fréquemment que le praticien doive consulter des informations sur un ordinateur ou saisir des fournitures de soin pendant le travail au fauteuil. Si ces objets ne sont pas facilement et naturellement accessibles, les atteindre forcera souvent l’opérateur à se baisser, se tordre ou se contracter de façon traumatique, et ce au quotidien.

Vous ne voulez pas finir comme ces dentistes d’un autre temps qui à force d’avoir le dos courbé et la nuque baissée arrivaient à l’âge de la retraite avec presque autant de traumas articulaires qu’ils avaient opéré de dents cariées ?

Adoptez donc la politique du « moindre effort ».

Réfléchissez aux consommables et instruments que vous utilisez le plus souvent en fonction de votre pratique et placez-les à portée de main, à mi-hauteur, de manière à ne pas avoir à vous lever, ni vous baisser de votre tabouret d’opérateur pour les atteindre.

2. Le siège opérateur, garant de votre assise

Parlons d’ailleurs des tabourets et sièges opérateurs. Ces assises sur lesquelles vous passez assurément une bonne partie de vos journées méritent au moins autant d’attention que le choix du fauteuil qui trône fièrement dans votre salle d’opération. Or, il existe presque autant de modèles de sièges que de gabarits de praticiens et ce faisant, il est difficile, voire impossible de désigner un modèle idéal.

Toutefois, assurez-vous d’opter pour un siège sur vérin, permettant d’en ajuster rapidement la hauteur. Un modèle disposant d’un repose-dos réglable, à positionner de façon à maintenir les lombaires de l’opérateur, permettra de réduire l’activité musculaire nécessaire au maintien de la posture et diminuera aussi d’éventuelles douleurs dans le dos ou les jambes. De plus en plus de sièges opérateurs disposent d’accoudoirs adaptés.

Ces dispositifs permettent de réduire la tension dans les bras et les articulations du praticien, le faisant indirectement gagner en aisance et précision.

Au travail, adoptez une posture neutre

Car la précision du geste, si elle s’acquiert en partie par l’expérience et la pratique du praticien doit aussi beaucoup à sa posture et sa santé musculo-articulaire. Saviez-vous ainsi que maintenir les bras coudes en extension vous fait inconsciemment mobiliser plus de la moitié des muscles de votre corps dans le seul but de résister à la gravité ? Ne nous mentons pas, le maintien de ce genre de pose statique, contraignante pour les muscles et les articulations est parfois nécessaire à la pratique de la dentisterie, mais doit s’accompagner de mesures visant à en limiter les effets.

La première d’entre-elles étant évidemment de choisir, pour chaque geste, chaque acte chirurgical, la posture la moins « nocive » pour les tissus osseux, musculaires et les articulations ou, comme aimait à le dire le Docteur Amand Malençon, chirurgien-dentiste français né au début du XXe siècle et pionnier dans l’utilisation de l’ergonomie en dentisterie.

S’il ne peut exister de position ergonomique Universelle en raison des différences physionomiques propres à chaque praticien, vous pouvez en revanche trouver votre propre « posture neutre» …

… décrite comme étant la position vous permettant de travailler assis le plus longtemps en ne ressentant que peu ou pas de troubles pathologiques sur la durée, en suivant quelques recommandations.

Ainsi, gardez à l’esprit que votre position de travail doit être ressentie comme confortable, relâchée et qu’elle ne doit pas provoquer de tension ni de compression. Pour ce faire, veillez à maintenir un angle légèrement ouvert entre votre bassin et vos cuisses lorsque vous êtes assis. De même, en gardant les pieds bien ancrés au sol, vous bénéficierez de plus d’aisance et de force qui vous seront d’une grande aide dans vos manipulations. Enfin, organisez votre espace de travail de manière à avoir la tête de votre patient au plus près de votre thorax.

Ce faisant, vous pourrez conserver les coudes le long du corps tout en travaillant les avant-bras à la verticale.

Impossible pour finir d’évoquer les solutions et moyens de préventions pour lutter contre les Troubles Musculo-Squelettiques sans rappeler l’importance du sport et du renforcement musculaire.

Pratiquer une activité physique régulière douce comme la natation aura des effets indéniables sur votre musculature, et donc sur votre résistance à l’effort et la capacité de résilience de votre corps. Pensez aussi à faire des étirements à intervalles réguliers. En plus de décontracter vos muscles, ils vous aideront à maintenir votre concentration intellectuelle.

Ces quelques recommandations peuvent sembler simples, mais n’attendez pas, en définitive, d’avoir mal aux articulations pour suivre ces quelques conseils pratiques qui vous permettront de continuer à exercer pour longtemps votre métier le sourire aux lèvres.

Bibliographie

1. http://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01220550/document (Thèse du docteur Pauline Leroux. Prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) du chirurgien-dentiste) (fr)
2. http://www.posturedontics.com/pdf/JADA%20Pt%202.pdf (Comment se courbe la colonne vertébrale dans les postures les plus utilisées en dentisterie). (en)
3. https://www.asstsas.qc.ca/sites/default/files/publications/documents/Guides_Broch_Depl/GP50A_MSDs_dental_clinics2009.pdf (Traduction d’extraits du Guide de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) en clinique dentaire,” 2007 (276 pages).) (en)
4. http://archiwum.ciop.pl/63027 (revue d’études portant sur les effets de l’ergonomie dans la lutte contre les tms en dentisterie, chez les dentistes et les étudiants) (en) http://medind.nic.in/cab/t11/i4/cabt11i4p308.pdf (Etude portant sur les TMS réalisée auprès de chirurgiens-dentistes indiens)

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