Plus connu de nos lecteurs en tant que chirurgien-dentiste spécialisé en paro-implantologie notamment pour ses responsabilités au sein de la faculté de Bordeaux, Yves Lauverjat est également peintre-sculpteur. Portrait d’un passionné de nature…
À quel âge vous êtes-vous découvert l’amour pour la peinture et la sculpture ?
Au départ, ce fut la sculpture qui me captiva. Adolescent, j’ai reçu l’influence du sculpteur sur bois Claude Ripoche qui m’accueillit dans son atelier et m’initia aux rapports des formes, et j’ai participé à son atelier plus de 25 ans !
La peinture et la sculpture sont, comme l’art dentaire, des disciplines qui sollicitent les mains. Vous ont-elles aidé dans votre exercice et réciproquement ?
Oui, absolument. Pour la sculpture, la représentation spatiale acquise et l’aisance manuelle qui en découle ont beaucoup facilité mes études dentaires, m’affranchissant d’une partie de l’apprentissage manuel.
J’ai pu m’orienter rapidement vers la biologie et la parodontologie et plus tard la chirurgie implantaire.
Pour la peinture, très tôt, l’Action Painting a été une révélation par sa liberté d’expression et la rapidité du geste créateur. L’évolution de mon travail vers la peinture s’est faite progressivement en lâchant la représentation spatiale. J’ai toujours eu la volonté de créer des ponts entre les deux arts, et d’incorporer la peinture dans mon travail de sculpteur.
La représentation de l’océan, omniprésent sur vos toiles, est diamétralement opposée au pragmatisme de la chirurgie. Comment l’expliquez-vous ?
L’abstraction lyrique peut être considérée comme un référant dans ma pratique actuelle. Elle évoque des paysages mentaux, des océans, des montagnes, des étendues infinies. Olivier Debré ou Gérard Richter influencent actuellement considérablement mon travail. Peut-être en opposition avec ma pratique chirurgicale d’ailleur : exigeante, méticuleuse, demandant réflexion et patience. À contrario, la peinture d’abstraction lyrique, dans sa vitesse, son improvisation, sa spontanéité du geste et l’émotion du moment sont recherchés dans mes créations L’homme face à la nature infinie et incomprise demeure un de mes thèmes de travail. Cela rejoint mon intérêt pour la biologie et mon émerveillement toujours intact face à l’ostéointégration implantaire ou au gain d’attache parodontale !
J’utilise la peinture comme un matériau sans le souci principal du choix des couleurs me limitant souvent à ce que j’ai sous la main, comme une urgence. La volonté de poser une trace humaine s’y impose.
Vous exposez régulièrement – Comment conciliez-vous toutes ces activités ?
Je n’ai, hélas, plus trop le temps d’exposer, mais j’en garde l’idée !
Il est difficile d’être passionné par son métier et de maintenir une peine activité artistique, mais j’ai toujours ressenti une dimension créative liée à la chirurgie dentaire.
Souvent, le plaisir du soin se rapproche de la joie intérieure donnée par une peinture !