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Esthétique couleur et lumière

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En dentisterie, le choix de la couleur est crucial. Voir une dent, c’est voir la lumière réfléchie par cette dent. La qualité de la lumière est donc primordiale. D’ailleurs, la plupart des sources d’erreurs qui peuvent faire échouer une reconstruction esthétique sont liées à la lumière, que ce soit au cours de la « prise de teinte » ou de la « détermination de la finition, du maquillage ».

Pour bien comprendre la couleur, un rapide tour d’horizon sur les mécanismes de la lumière et de la vision s’impose.

La lumière blanche est la résultante de la composition de plusieurs couleurs. L’arc-en-ciel en est l’illustration. On y distingue une suite continue de couleurs, de l’indigo au rouge.

Spectre-de-la-lumiere-blanche

Spectre de la lumière blanche

L’oeil humain s’est façonné au fil de l’évolution sous la lumière naturelle et c’est dans ce spectre qu’il voit bien. Ce spectre a pour caractéristique d’être continu et équilibré : chacune des couleurs est de proportion voisine aux autres. Ainsi pour 10 unités du bleu, on a 9 unités de vert, 8 de jaune, et 7 de rouge.

Lumière naturelle 6500K

Spectre-continu-et-regulier

Spectre continu et régulier. Il permet le parfait fonctionnement de l’oeil.

Quasiment aucune source artificielle ne le reproduit et plus il en est différent, moins l’œil humain fonctionne et donc moins on voit couleurs et détails.

Tube fluo. 6500 K

Le-spectre-est-irregulier-et-discontinu

Le spectre est irrégulier et discontinu.

LED froide à 6500 K

Le-spectre-est-irregulier-avec-une-forte-pointe-de-bleu-HEV

Le spectre est irrégulier avec une forte pointe de bleu HEV, une insuffisance des vertjaune et un trou dans les rouges et cyan. L’oeil est trompé.

La rétine comporte deux types de cellules sensorielles.

Les bâtonnets qui forment l’image en nuances de gris, ont pour rôle de percevoir la vision périphérique. Les cônes, qui ont la double fonction de voir la couleur et la forme (acuité visuelle), assurent la vision centrale.

Pour que la vision centrale fonctionne bien, il faut que la vision périphérique soit assurée.

Chaque couleur est plus ou moins bien vue par l’œil humain.

Si nous voyons très bien les couleurs centrales entre 500 à 600 nm (les gilets de sécurité sont jaunes), nous voyons mal les couleurs bleue et rouge sombres.

Sensibilite-de-l-oeil

Sensibilité de l’oeil . Domaine de réactivité de la pupille.

En dentisterie esthétique, on a donc tendance à sous-évaluer la masse d’émail, alors qu’on distingue aisément la moindre différence de teinte dans la dentine. On associe, en général, la luminosité à la définition de l’émail d’une part, la teinte et la saturation à la dentine d’autre part.

L’acuité visuelle est la capacité à distinguer les détails. Ces détails sont fondamentaux en dentisterie puisqu’ils définissent la « forme et surface des dents ». On associe donc la notion de « couleur » à la forme des dents et à leur micro-géométrie.

C’est donc aussi la bonne proportion des couleurs dans la lumière qui détermine la bonne vision des « détails ».

Comme l’identification exacte des masses relatives d’email et de dentine est un élément clé de la réussite, la nature du spectre de la lumière joue un rôle fondamental. Plus le spectre est proche de celui de la lumière naturelle du jour, plus le praticien pourra évaluer justement les masses via la transparence, l’opalescence et la translucidité des matériaux de la dent.

Courtoisie-Rene-Serfaty

Courtoisie René Serfaty

La pupille joue son rôle également. Elle régule le flux lumineux qui illumine la rétine afin de la protéger de l’éblouissement.

le-flux-lumineux

En conditions d’éclairage naturel, quand la quantité de lumière augmente dans les couleurs centrales, la pupille se ferme et l’acuité augmente. Il y a alors corrélation entre la quantité de lumière et la vision des formes. Mais jusqu’à un certain seuil seulement car au-delà, la pupille ne peut pas plus se rétracter et il y a éblouissement. La prise de couleur ne peut donc pas s’effectuer sous lumière trop puissante.

Domaine-de-reactivite-de-la-pupille

Domaine de réactivité de la pupille. Spectre régulier de la lumière naturelle du jour.

en lumière artificielle LeD froide, la part des couleurs « centrales » est très inférieure à la part des bleus HEV. La pupille réagit mal et il y a sur-éclairement rétinien. Outre la toxicité générée pour l’oeil, la luminosité de l’émail sera perçue trop forte et les jaunes-rouges de la dentine seront très mal évalués !

Cela se traduira par une surestimation de la masse de l’émail, à l’inverse de la masse dentine. Les dents reproduites sous lumière LED froide classique seront donc beaucoup plus blanches dehors que les dents naturelles…

Domaine-de-réactivite-de-la-pupille

Domaine de réactivité de la pupille. Spectre irrégulier de la LED 6500K.

La dent est un objet à la structure stratifiée et de forme variable.

Il est fondamental que l’acuité visuelle soit à son maximum lors de son observation pour en déterminer la couleur et la forme, l’épaisseur de l’émail et de la masse dentine, ou ajuster les formes et les lignes de transition. Les conditions d’éclairage doivent être optimales pour le permettre. À défaut, l’observation de la dent sera faussée et l’appréciation des paramètres à reproduire distordus.

Un éclairage est la combinaison de nombreux paramètres : le spectre, l’éblouissement dû tant aux sources d’éclairage qu’à leur réflexion, la puissance, le niveau de contraste dans les champs observés ou environnants. Pour un bon fonctionnement de l’œil, il doit conjuguer :

  • Un spectre lumineux continu et équilibré à l’instar de la lumière naturelle du jour D65.
  • Un éclairement périphérique limitant les contrastes
  • Des niveaux d’éclairement limités au point d’équilibre entre la quantité de lumière et l’éblouissement rétinien.

En Dentisterie Esthétique, l’utilisation d’un plafonnier spécialisé, à éclairage direct/indirect dont le spectre est réellement identique au D65 normalisé, suffit SEUL à la réalisation de tous les travaux sur la face vestibulaire des dents du bloc antérieur de la 4 à la 4.

Conclusion

80 % des informations nécessaires à l’exercice sont recueillies par la vue du praticien. La qualité de la lumière intervient à tout moment dans la perception de la couleur et de la forme des dents.

L’utilisation de sources spectralement conformes au D65, dont la brillance, la puissance et la répartition ont été soigneusement calculées, est un facteur clé de la réussite des reconstructions, un facilitateur du travail et un élément de confort « anti-fatigue » remarquable. Comme en peinture ou en sculpture, il est largement plus facile de réaliser une dent artificielle identique en ayant sous les yeux un modèle naturel « juste ».

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A propos de l'auteur

Jean Marc KUBLER

Expert international AFNOR et ISO pour l’éclairage dentaire

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