En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.

LEFILDENTAIRE est un site réservé aux professionnels de la santé dentaire.
Si vous n'êtes​ pas un professionnel de santé, vous pouvez obtenir des réponses à vos questions par des experts sur Dentagora.fr en activant le bouton Grand Public.

Je suis un professionnel Grand Public

Premiers contacts avec le digital de la faculté de chirurgie dentaire au cabinet full numérique

0

La majorité des cours magistraux enseignés à la faculté de chirurgie dentaire est tournée vers les méthodes conventionnelles. Il existe quelques cours nous présentant les différentes techniques de CFAO, ainsi que les différents logiciels de conception utilisés au cabinet et au laboratoire. Cependant, aucun travaux pratiques sur la prise d’empreinte numérique, ou la conception ne nous sont donnés durant notre cursus.

Les travaux pratiques, réalisés en deuxième et troisième année, ont pour but de nous entraîner à réaliser des actes techniques tels que les préparations de prothèse fixée, ou encore les traitements endodontiques. Les vacations cliniques débutent à partir de la quatrième année, elles nous permettent de réaliser des plans de traitement avec nos propres patients. La place du numérique dans l’enseignement théorique et surtout dans l’enseignement pratique est encore bien trop inexistante.

En clinique, une option CEREC a été mise en place lors d’une vacation spécifique, afin de nous permettre de découvrir et réaliser des cas d’inlay onlay en numérique. Cependant, cela reste une option les places sont donc restreintes et tout le monde ne peut y assister. La présence d’une seule caméra intra-orale dans tout le service limite son utilisation par les étudiants. toutes les empreintes réalisées sur nos patients en clinique sont réalisées avec des matériaux à empreintes conventionnels type alginate, silicone, polyéthers…(fig.1)

Fig. 1 : empreinte conventionnelle

A la suite de la validation de la cinquième année, nous avons la possibilité d’effectuer des remplacements et des stages actifs dans des cabinets libéraux, cela nous aide à découvrir d’autres méthodes, avoir un nouveau regard sur la pratique en libéral grâce à des chirurgiens-dentistes installés ayant de l’expérience.

C’est lors de mon stage actif en dernière année, réalisé dans le cabinet du Dr Thibaud CASAS, que j’ai réellement découvert l’intégration du digital dans la pratique quotidienne et compris le principe de la chaine numérique. Pour rappel, une chaine numérique est constituée de 3 maillons qui sont l’acquisition, la conception et la fabrication.

L’acquisition : première étape essentielle qui permet d’obtenir toutes les données essentielles sur notre patient. L’enregistrement tridimensionnel est réalisé à l’aide de la caméra intra-orale, du CBCT, des scanners faciaux… de plus, il est désormais possible de réaliser un enregistrement dynamique en 4D de notre patient réalisant un nombre illimité de mouvements. (fig.2)

fig2

Fig.2 : la caméra de prise d’empreinte optique 3Shape TRIOS 4 et le logiciel de modélisation Design Studio

La conception : grâce aux données précédemment collectées, et à des logiciels de conception 3D, nous allons créer un élément prothétique, que l’on pourra réaliser entièrement au cabinet, c’est ce qu’on appelle la CFAO modélisation Design Studio directe, ou dans un laboratoire de prothèse, on parle dans ce cas de CFAO indirecte. La fabrication : 2 méthodes, soit par soustraction soit par addition. La méthode soustractive correspond à l’usinage grâce à des machines-outils, la méthode additive correspond à de l’impression 3D ou frittage laser. (fig.3 et 4)

fig3

Fig. 3 : une usineuse destinée aux cabinets dentaires : la VHF Z4 / Fig.4 : l’imprimante 3D NextDent 5100 de 3D System

Premiers contacts avec le numérique : la prise d’empreinte optique

J’ai vu et réalisé une empreinte optique pour la première fois au cabinet. La prise en main de la caméra est considérée, pour la plupart des praticiens, comme facile cependant son usage nécessite tout de même une courbe d’apprentissage. Le chemin de scannage doit être appréhendé et respecté afin d’assurer la reproductibilité des empreintes. La caméra intra-orale possède plusieurs avantages par rapport aux empreintes dites conventionnelles. C’est un véritable confort pour le praticien qui peut en temps réel se rendre compte des défauts de son empreinte, de ses préparations, et peut donc effectuer ses corrections directement sans étape labo. Il s’agit également d’un acte plus confortable et moins stressant pour le patient. En tant que jeune praticien, la prise d’empreinte optique est un outil utile et ludique qui permet de visualiser les préparations des dents avec des détails et défauts qui passeraient inaperçus avec une empreinte conventionnelle. Cela nous aide donc sans cesse à améliorer nos techniques et à se rendre compte de ce que reçoivent les prothésistes et des problématiques qu’ils rencontrent. La visualisation en temps réel des modèles 3D est un outil de communication important avec le patient. Le patient comprend davantage et devient acteur de son traitement, il visualise beaucoup plus facilement la problématique et participe davantage au plan de traitement proposé par le dentiste. La communication avec le prothésiste est également optimisée, il est plus facile d’échanger autour d’un cas, le prothésiste peut en temps réel nous montrer son travail, tout est modifiable sans aller-retour entre le laboratoire et le cabinet. de ce fait, le gain de temps généré par la prise d’empreinte optique est colossal. C’est également un très bon outil de diagnostic pour la détection des lésions carieuses, malocclusions, et peut donc servir lors des contrôles annuels. Des technologies telles que le 3Shape Patient Monitoring permettent un suivi année après année des migrations dentaires ou des usures grâce à un algorithme de comparaison de données scannées. Cela va dans le sens de la systématisation des empreintes optiques à chaque consultation.

Repenser les protocoles

Il est donc fondamental de repenser toute notre pratique autour de ce flux digital. Les bases enseignées à la faculté de chirurgie dentaire sont importantes et nous servent de socle de connaissances, mais il est important d’adapter les protocoles pour tirer la quintessence du numérique et être le plus efficient possible.

Il est important de penser différemment les étapes cliniques qui à l’aide du flux numérique, sont plus courtes et moins nombreuses pour un résultat obtenu souvent identique voire supérieur.

L’Exemple de l’inlay onlay : l’élément de choix pour entrer dans le monde du digital

Dans la même séance que la préparation, nous réalisons l’empreinte optique en enregistrant les deux arcades (fig.5 et 6).

fig4

Fig.5 : empreinte de la préparation / Fig.6 : empreinte des deux arcades en occlusion

une attention particulière est portée sur les détails de la préparation, et sur l’occlusion (fig.7). Certaines caméras permettent une analyse de la teinte des dents adjacentes (fig.8).

fig5

Fig.7 : contrôle numérique de l’occlusion / Fig.8 : l’outil d’analyse de teinte 3Shape TRIOS

une fois les données collectées, vient l’étape de la conception de la pièce prothétique, qui consiste à modéliser le futur inlay onlay à l’aide d’un logiciel de CFAO dentaire. (fig.9 et 10)

fig6

Fig.9 : modélisation à l’aide de 3Shape Design Studio / Fig.10 : contrôle du design de la restauration

Dans cet exemple, nous avons utilisé 3Shape design Studio, qui est un logiciel dédié au travail chairside et permet la modélisation de prothèses unitaires ou de petits bridges simples. La première étape nous permet de préciser les limites de la préparation afin que l’inlay onlay soit parfaitement adapté. Une fois cette étape validée, il est possible de concevoir l’anatomie, de régler les points de contact, l’occlusion (fig.11), jusqu’à la position de l’appendice de rétention (fig.12).

fig7

Fig.11 : contrôle de l’occlusion en dynamique / Fig.12 : modification de la position de l’appendice de rétention

Lorsque la conception est vérifiée et validée (fig.13), nous pouvons passer à l’usinage de la pièce prothétique en plaçant un bloc approprié dans la machine-outil.

fig8

Fig.13 : contrôle du design de la restauration après équilibration fonctionnelle / Fig.14 : positionnement de l’élément dans le bloc avant usinage

La pièce prothétique sortie de l’usineuse est ensuite maquillée pour accroître son intégration esthétique. (fig.15 et 16)

fig9

Fig.15 : le maquillage en sortie d’usinage / Fig.16 : l’inlay en céramique hybride GC Cerasmart® avant séparation du bloc

Il est donc possible de réaliser toutes ces étapes en une seule et même journée, ou au cours d’une même séance si d’autres soins sont prévus pendant le temps de l’usinage.

Conclusion

Le numérique fait d’ores et déjà partie de notre quotidien, il serait donc intéressant que dès la faculté nous soyons plongés au coeur du numérique, qui prendra une part importante de notre pratique dans l’avenir de la profession. Dès aujourd’hui, que ce soit en tant que jeune praticien ou en tant que praticien expérimenté, la transition numérique est une option à envisager sérieusement, afin d’avoir un exercice facilité et plus efficient.

Partager

A propos de l'auteur

Dr. Clémentine CHAILLOU

Collaboratrice du Dr Thibaud CASAS - Orvault (44)

Collaboratrice du Dr Thibaud CASAS - Orvault (44)

Laisser une réponse