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Prendre en charge la continuité d’un traitement orthodontique suite à un litige

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Il est toujours délicat confraternellement et source de difficultés d’accepter de poursuivre un traitement d’orthodontie commencé par un autre confrère. Celles-ci sont amplifiées si le patient est en litige avec ce dernier.

Le nouveau praticien devra faire face à de nombreux problèmes qu’il devra gérer :

  • le problème de déontologie avec le praticien précédent
  • la difficulté d’obtenir les documents de début de traitement
  • l’obligation de prescrire de nouvelles radiographies et de réaliser de nouveaux moulages
  • la méfiance du patient
  • le plan de traitement
  • le matériel
  • la durée du traitement
  • la prise en charge par la Sécurité Sociale
  • l’augmentation de temps passé au fauteuil.

Le problème de déontologie avec le praticien précédent

Il est préférable de prendre contact avec le praticien précédent, d’une part pour éclaircir les causes du litige, d’autre part pour obtenir des renseignements concernant le traitement et la coopération du patient.

La pratique de l’expertise nous apprend que beaucoup de patients non satisfaits des résultats obtenus, sont souvent des patients qui ont insuffisamment collaboré à leur traitement (appareils fonctionnels ou tractions inter maxillaires peu portés).

Il est important d’avoir ces précisions pour éviter un nouvel échec et insister auprès du patient sur l’importance de porter avec assiduité ces dispositifs.

La difficulté d’obtenir les documents de début de traitement

Il est nécessaire pour l’orthodontiste qui prend la suite d’un traitement, de connaître l’état du patient avant de traitement, d’une part pour apprécier si le plan de traitement était adapté à la malocclusion, d’autre part pour évaluer les résultats obtenus par le premier traitement.

Or, ces documents (radiographie panoramique, téléradiographie de profil et moulages) sont souvent perdus ou inexistants.

Cela prive le nouvel orthodontiste d’éléments qui auraient facilité la prise de décision concernant l’élaboration du plan de traitement et la détermination de la durée du nouveau traitement.

L’obligation de prescrire de nouvelles radiographies et de réaliser de nouveaux moulages

Le nouveau praticien a l’obligation avant tout acte, de prescrire de nouvelles radiographies pour constater l’état des dents, même si des radiographies ont été réalisées peu de temps auparavant. En effet, il est indispensable de vérifier si le patient ne présente pas de résorptions radiculaires pouvant apparaitre à tout moment en cours de traitement et dont le nouveau praticien peut être rendu responsable s’il n’a pas fait les investigations nécessaires avant traitement.

Le praticien doit établir également, particulièrement chez l’adulte, un bilan parodontal avant de reprendre le traitement car l’état parodontal, peut se dégrader pendant le traitement et doit faire l’objet d’une surveillance rigoureuse à la fois clinique et radiologique.

La méfiance du patient

Un patient déçu par un début de traitement qu’il juge non satisfaisant, est souvent un patient méfiant. Le nouvel orthodontiste devra faire preuve de beaucoup de patience pour vaincre cette méfiance et il y a des risques que le moindre de ses actes soit discuté, et qu’il ait beaucoup plus d’explications à fournir que pour un autre patient.

Le praticien devra être très clair et précis dans l’exposé de son plan de traitement, et sur la durée du traitement.

Il devra également expliquer la nécessité de la contention, fixer sa durée et son coût dans le devis initial.

La plupart de ces patients a besoin d’être rassurée à chaque rendez-vous. Pour certains, le praticien doit expliquer, ce qu’il fait et pourquoi il le fait et cela lui prendra plus de temps à chaque rendez-vous.

Le plan de traitement

Le plan de traitement établi et réalisé par le précédent orthodontiste peut être différent de celui que le nouveau praticien aurait proposé, dans les pires cas, il peut être totalement inadapté.

Cette situation est très difficile à gérer, pour plusieurs raisons :

  • déontologiques, il n’est pas possible de révéler au patient que le plan de traitement proposé et exécuté par le précédent praticien était inadapté en particulier, si le traitement dure depuis deux ou trois ans ;
  • psychologiques, pour le patient qui pourrait être choqué par certaines révélations, (exemple d’une jeune fille, vue en expertise, qui s’est enfermée chez elle pendant 6mois, atteinte d’une grave dépression nerveuse parce qu’un dentiste lui avait affirmé, qu’à la suite de son traitement d’orthodontie, elle allait perdre une douzaine de dents !)
  • techniques, pour le praticien qui devra, quand cela est acceptable, endosser et assumer un plan de traitement qui ne lui convient pas (exemple d’un patient qui a subi un traitement avec des extractions de prémolaires aux deux arcades, alors que le nouveau praticien considère que ce cas ne nécessitait pas surtout pas d’extraction !) ou élaborer un nouveau plan de traitement à partir d’une occlusion perturbée par un traitement erroné (exemple d’un patient qui a subi des extractions de prémolaires supérieures, bien qu’il présente une occlusion de classe III).

L’élaboration de ce nouveau plan de traitement sera souvent un véritable “casse-tête” pour le nouveau praticien, qui devra parfois se contenter d’un compromis, qu’il devra assumer intellectuellement.

Le matériel

Lorsque le patient est déjà appareillé, l’appareil posé par le précédent praticien est rarement identique à celui habituellement utilisé par le nouvel orthodontiste.

Il existe de nombreuses techniques en orthodontie (Damon, Ricketts, Hilgers, Tweed, etc.), le nouveau praticien possède rarement dans ses tiroirs les mêmes attaches que celles posées au patient. Il devra alors, s’il doit compléter l’appareil, “se débrouiller” pour identifier les attaches en place, retrouver le fournisseur qui les distribue et en obtenir au détail, ce qui souvent, n’est pas simple, et demande beaucoup de temps.

L’autre solution consiste à déposer entièrement le multi attaches en place et le remplacer par son système attitré, solution qui demande également du temps et qui n’est guère appréciée voire parfois refusée par le patient.

La durée du traitement

Le précédent traitement, parfois a duré 18 mois à deux voire trois années.

Il va alors être très difficile de faire accepter au patient un nouveau traitement Le patient risque de se lasser très vite de ce nouveau traitement, parfois au bout de quelques mois et ceci même, s’il a été prévenu, que le nouveau traitement devrait durer 18 à 24 mois. Certains patients affirment subitement “qu’ils n’en peuvent plus” et exigent de déposer l’appareil, même si le traitement n’est pas terminé, ce qui n’est guère satisfaisant pour le nouveau praticien qui ne peut mener à bien son traitement.

La prise en charge Sécurité Sociale

Dans le cas d’un traitement concernant un enfant, la prise en charge étant au maximum de trois ans, si 2 ou 3 années ont déjà fait l’objet d’un remboursement, le patient ne pourra que peu ou plus bénéficier de prise en charge de la Sécurité Sociale et dans la plupart des cas, de remboursement de sa mutuelle, ce qui peut poser un problème pécuniaire qui va obligatoirement retentir sur le traitement. Généralement, les parents insistent, dès lors que les remboursements n’interviennent plus, pour que le traitement soit terminé au plus vite et cela même s’ils ont été avisés avant le début du traitement.

L’augmentation de temps passé au fauteuil

Pour certains patients, il sera nécessaire de passer davantage de temps à chaque consultation afin de les rassurer, pour d’autres, le temps passé pour les réglages sera plus long qu’habituellement, parce que le nouveau praticien ne connaît pas le matériel posé par le précédent.

Le nouvel orthodontiste devra en tenir compte dans son planning et éventuellement dans son devis.

Conclusion

Même si la tentation légitime serait de refuser de poursuivre un traitement dans ces conditions, l’éthique oblige le praticien à ne pas laisser errer un patient appareillé sans surveillance .Ce qui pourrait avoir des répercussions délétères sur l’état de sa denture, et accroître sa perte de confiance dans le personnel médical.

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A propos de l'auteur

Dr Marie-Claude Tricot-Blestel

Chirurgien-Dentiste qualifiée en ODF
Expert près la Cour d’Appel de Paris

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