Quelles sont leurs motivations ? Qu’attendent-elles de leur métier et de leur employeur ? Quels espoirs fondent-elles dans l’avenir de leur profession ? 20 assistantes d’horizons différents ont accepté de nous livrer sans filtre leurs motivations, leurs aspirations et leur vision présente et future de leur métier. Peut-être pourrions-nous y trouver les prémices du changement.
Question de feeling
Dans le cadre d’une recherche d’emploi, plus d’une assistante sur deux élit les qualités humaines du praticien comme premier critère de choix. Considérant que le binôme qu’elles forment avec le praticien nécessite une parfaite entente et une bonne complémentarité. Le salaire occupe la seconde place car elles considèrent que leurs compétences doivent être reconnues tant humainement que financièrement.
« Je privilégie avant tout l’emplacement et les qualités humaines du praticien ainsi que la rémunération pour les justes compétences. Le fait d’être diplômé en gestion, en hypnose médicale et aromathérapie se rémunère… ». Lyndsay Néanmoins, chez certaines assistantes, on observe que lorsque toutes les « bonnes » conditions de travail sont réunies, le salaire devient secondaire comme en témoigne Valérie : « Le salaire n’est pas primordial pour moi même si bien évidemment, on souhaite tous gagner toujours plus. Exercer un métier passionnant est déjà rare de nos jours et je fais partie de ce petit pourcentage qui travaille avec passion et avec un praticien en or partageant volontiers son savoir-faire et m’impliquant intégralement dans son cabinet. »
En troisième position, c’est l’aménagement du temps de travail suivi de près par l’emplacement du cabinet qui est plébiscité notamment par les assistantes qui ont une famille, des enfants.
Ces dernières sont, à ce titre, favorables à des semaines de 4 jours.
Enfin, la spécialité du praticien est le critère qui ferme la marche même s’il n’est pas négligé par de nombreuses assistantes. On remarque que les assistantes qui exercent actuellement ou ont exercé au sein d’un cabinet dentaire spécialisé classent ce critère dans le top 3 car elles considèrent que les tâches y sont plus enrichissantes et plus valorisantes.
Petites ou grosses structures ?
Cabinets à 1 voire 2 praticiens, SCM ou centre dentaire ? 50 % des assistantes interrogées disent préférer exercer au sein d’une SCM. Plus de polyvalence, moins de routine… « Une plus grande qualité de travail et moins de stress lié à la performance et à la rentabilité » nous confie Marie E. Le travail en équipe, l’échange, le partage, la convivialité, la maîtrise de différentes techniques, la mise en place de projets sont les avantages du travail en SCM selon Noémie mais à condition qu’il y ait un manager et une bonne répartition des tâches. Marjorie, elle, estime que travailler pour un seul praticien nécessite de le connaître parfaitement afin de répondre à ses attentes et l’un des inconvénients majeurs est et de devoir s’adapter à son emploi du temps (vacances, formation…).
40% des répondantes sont cependant favorables à l’exercice au sein d’une petite structure à 1 voire 2 praticiens. Cela permet une meilleure organisation et un meilleur suivi des patients.
Une plus grande proximité relationnelle avec le praticien et moins de conflit selon Maryse. Propos confirmés par Sylvie qui « préfère un cabinet dentaire avec un seul praticien car l’investissement de l’assistante est important et souvent reconnu. Dans une SCM, il existe souvent des divergences entre praticiens ce qui altère considérablement les relations dans l’équipe d’assistantes ».
Les 10 % restant aurons vous l’aurez compris plébiscité le centre dentaire mais pas exclusivement. Hannah, assistante dentaire de remplacement a travaillé dans plusieurs types de structure : « J’avoue qu’à la base, j’appréhendais terriblement de travailler dans un centre dentaire mais finalement, c’était une belle expérience qui depuis se renouvelle. Le centre dentaire qui m’a engagé était bien organisé, chaque salle de soin bénéficiait de sa salle de sté et son espace néanmoins sur le long terme, travailler dans un cabinet privé serait préférable car il ne faut pas se leurrer, les salaires sont dans la moyenne basse en centre dentaire ».
A quel prix ?
Comme nous l’avons vu plus haut, même si le salaire n’est pas le critère majeur, il se situe dans le top 3 avec des variations selon l’emplacement géographique, l’expérience et l’ancienneté.
« Tout dépend du poste que l’on occupe. Une assistante dentaire est formée à 3 postes bien différents (le pôle secrétariat, la stérilisation et le travail d’aide opératoire). En se spécialisant, et en s’impliquant dans son travail, la valorisation passant par la rémunération peut être sacrément différente d’un poste à l’autre. Mais pour moi, tout dépend de l’implication et des responsabilités » nous confie G.
Selon une grande majorité d’assistantes, c’est la spécialité du praticien qui fait la différence.
En fonction des régions d’exercice, elles estiment qu’un salaire décent à l’issue de leur formation doit aller de 1300€ à 1900€ net selon s’il s’agit d’un cabinet d’omnipratique ou de spécialité (implantologie, endodontie..). Pour atteindre 1800 à 2200€ net en moyenne après 10 ans d’exercice. 2200 à 2500€ net après 15 à 20 ans d’ancienneté. Nombreuses sont celles comme Christèle qui estiment que leurs salaires devraient être relatif sà ce qu’elles apportent à la structure : « Aujourd’hui, j’ai négocié un contrat à 1800 euros net par mois, je lui apporte beaucoup de choses : j’ai réorganisé toute sa salle de soins, je suis en train de mettre en place une gestion de stock la plus optimale pour être à flux tendu, j’ai classé tous ses dossiers (et oui cela prend beaucoup de temps), et je forme la personne qui sera sa nouvelle assistante ». Cependant, « Il faut être honnête peu de praticien sont prêts volontairement à augmenter leurs salariés selon leurs compétences et leurs implications. Si vous ne négociez pas régulièrement, votre taux horaire reste la base et cela pendant des années ».
Aujourd’hui, le taux horaire de base d’une assistante est de 11.31€ et pour un grand nombre de répondantes, ajouté à la prime de secrétariat (accordée en fonction des tâches effectuées), c’est un salaire satisfaisant à l’obtention du diplôme mais il faudrait cependant qu’il puisse évoluer en fonction de l’ancienneté et des compétences acquises notamment par le biais de la formation.
Rendez-vous dans 10 ans… et alors ?
De nombreuses réponses à cette question sont à l’image de la situation actuelle des assistantes dentaires : incertaines, bancales…Le manque de visibilité sur l’évolution de leur statut, les faibles perspectives de promotion notamment dans les cabinets à une seule assistante nous placent dans un flou artistique comme le montrent les témoignages suivants :
« Je suis de plus en plus déçue des visions des praticiens quant à l’avenir des assistants dentaires. Je n’ai jamais entendu autant de burn out, de licenciement et de manigances en tous genres…
Mon métier d’assistante dentaire ne me permettra pas d’évoluer. Les instances n’ont pas la même vision des choses et ne semble pas vouloir donner la chance aux hygiénistes.
Pourtant, j’étais une de ses assistantes en première ligne pour défendre l’évolution de notre métier… mais où est la reconnaissance ? ». M-.E
« Dans un autre domaine je pense, j’aime mon métier mais par rapport à l’évolution impossible, la pression et le stress permanent de certains patients ou praticiens !! Difficile de se voir encore au même stade dans 10 ans. » Marjorie
Parfois, la réponse est sans équivoque : « Dans 10 ans j’espère ne plus travailler dans le dentaire voire le médical ». S.
Bien évidemment, il y a critère de l’âge des répondantes. Les quinquagénaires qui totalisent plus de 20 ans d’exercice se verront prendre une retraite bien méritée.
« A la retraite. Mais depuis le début de ma carrière, j’ai eu la chance de beaucoup évoluer, et sans prétention de ma part, parce que je m’en suis donnée les moyens et sûrement parce que j’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment ». S.
Heureusement, le tableau n’est pas entièrement noir. Plusieurs assistantes se sentent la vocation d’exercer leur métier toute une vie, parfois auprès du même praticien sans rien y changer à l’exception du salaire qui serait revalorisé : « Je me vois toujours assistante dentaire (j’adore ce métier, je ne me verrais rien faire d’autre) ; je me verrais bien toujours au même endroit car tout me plaît, sauf le salaire… donc j’espère gagner plus au fil du temps ». Véronique
« J’espère pouvoir évoluer encore, ce qui peut être possible dans un centre dentaire, former de jeunes Assistantes et transmettre les connaissances à des étudiants en dentaire pour l’organisation, la chaine d’asepsie et parfois le travail à 4 mains au fauteuil ». Isabelle
Une relation plus thérapeutique avec le patient ?
La perspective que la profession d’hygiéniste dentaire soit reconnue en France est le rêve de bon nombre d’assistantes dentaires (60 %). Pour certaines, l’idée est de décharger le praticien des actes de prophylaxie pour qu’il se concentre sur son cœur de métier ou renforcer la proximité avec les enfants ou les adolescents.
Pour d’autres, cette alternative symboliserait la libération, la levée d’un sentiment de frustration de ne pouvoir exécuter des actes qu’elles maitrisent déjà fort de leur expérience.
« Imaginez un patient qui descelle un pivot sur une 11 … il se présente mais le praticien n’est pas là … nous, on est là mais on est impuissant alors que nous pourrions simplement au moins nettoyer et mettre un point de colle…» nous confie Marie. Ou encore tout simplement le besoin de reconnaissance et de valorisation au travers de l’exécution d’actes complexes tant de la part des praticiens que des patients.
« Tout à fait, cela valoriserait les compétences de l’assistante, elle serait davantage reconnue comme une collaboratrice qu’une assistante. Les qualités humaines et les connaissances thérapeutiques des assistantes méritent d’être exploitées.
Beaucoup d’assistantes sont dans l’ombre, en stérilisation, installation et désinstallation du plateau technique alors qu’elles sont les meilleures collaboratrices du chirurgien-dentiste et peuvent apporter beaucoup de sérénité aux patients et une vraie valeur ajoutée au cabinet ». Noémi
Parmi celles qui ne nourrissent pas l’espoir de devenir hygiéniste, on perçoit nettement 2 tendances. La première, concerne les assistantes fidèles à leur motivation de départ qui ont choisi ce métier pour ses aspects de gestion plus que pour la relation thérapeutique avec le patient ou encore, comme Sylvie, celles qui préfèrent conserver une variété d’actes et se sentent déjà dans une relation très impliquée avec le patient notamment en orthodontie. « J’en ai longtemps rêvé, mais aujourd’hui je me dis que faire des détartrages toute la journée ça ne vend pas du rêve ! On peut faire de la motivation d’hygiène, avoir des tâches très intéressantes en administratif, on a un vrai rôle à jouer, comme en orthodontie où la relation avec le patient est plus impliquée ».
La seconde tendance observée est la perception de la profession d’hygiéniste comme un métier à part ou encore comme le dit Christèle une fausse évolution du métier d’assistante. « Devenir hygiéniste, c’est une fausse évolution de notre profession. J’aimerais une relation directe plus thérapeutique avec le patient mais je souhaiterais plutôt: pouvoir me spécialiser ; implanto, paro, pédo… (formation et salaire en conséquence bien sûr) ».
La notion de spécialité, récurrente dans plusieurs témoignages, est une évolution qui paraît davantage coller à la réalité du marché d’aujourd’hui.
« Je regrette surtout que l’on n’aborde pas la dimension de spécialité chez les assistants dentaires. Nous savons aujourd’hui, avec le R.A.C zéro, que des postes d’assistantes dentaires spécialistes « administratifs » sont extrêmement prisés sur le marché de l’emploi … » Marylin
D’autres, comme Sylvie, plus impatientes, n’ont pas attendu que la France tranche et entament une demande d’immigration pour préparer le diplôme d hygiéniste au Québec.
Le cabinet idéal ?
Elles le voient lumineux, ergonomique et fonctionnel avec une organisation structurée, protocolaire où tout le monde (équipe et patients) trouve son compte. Mais avant tout, elles décrivent un cabinet où l’on respecte les personnes (personnel et patients) et les règles (déontologie, code du travail…). Elles sont unanimes à penser que c’est la bonne humeur, l’ambiance chaleureuse et l’entraide qui sont à privilégier. Certaines assistantes placent en première intention le bien-être du patient dans le cabinet idéal : elles plébiscitent une grande salle de stérilisation avec une traçabilité irréprochable, des huiles essentielles, la pratique de l’hypnose et de Meopa et un petit jardin pour une attente agréable.
Les idéaux portent tantôt sur la dimension humaine : « Avoir du temps pour un debrief le matin avec le praticien devant un café où tous les sujets seraient abordés (horaires, vacances, cas de certains patients, etc.), nous dit Karine.
« Un cabinet où chaque personne du cabinet est contente de venir travailler »
« Pour moi le cabinet dentaire idéal et celui où les gestes du chirurgien-dentiste et de l’assistante sont coordonnés et fluides. Chacun sait ce qu’il doit faire. La communication entre eux est simple, certaines fois il n’y a même pas besoin de mots, un regard suffit et l’assistante exécute ce que le dentiste attend d’elle. Tout cela dans la joie et la bonne humeur ». Hannah Tantôt sur la dimension matérielle et c’est souvent très « tranché » :
« Une salle de repos avec frigo et micro-onde, des wc pour le personnel, une machine à laver pour nettoyer nos tenues de travail tenues de travail. Des récompenses pour le travail effectué, une participation aux bénéfices… » Sandra
« Un cabinet récent, ergonomique, avec du matériel étendue (cone beam, pano, voir prothésiste). 1 prat/1 AD, 1 a 2 secrétaires pour laisser les AD au fauteuil et faire les devis ». Karine
Certaines l’ont même déjà trouvé :
« Le cabinet idéal, je pense déjà y travailler. J’ai un patron et des collègues avec qui je m’entends très bien, la patientèle est (la plupart du temps) agréable. J’ai un cabinet avec vue sur le jardin. Une collègue assistante avec qui je peux m’arranger et un patron sur qui je peux compter et qui sait aussi qu’il peut compter sur moi en cas de besoin. Pas besoin de plus pour être bien dans mon boulot. ». B.
Leurs impacts positif sur le développement du cabinet
« Une augmentation du chiffre d’affaires grâce à une modification de l’agenda. Mon boss s’est associé et ils ont construit un nouveau cabinet pour lequel j’ai été concertée pour tous les futurs matériaux. Mon implication a été soulignée et mon patron me dit toujours que le cab sans moi c’est impensable ! » Karine
« J’ai mis en évidence les incohérences nombreuses auprès du praticien directement. J’ai été très franche: son stress faisait fuir les patients. Depuis mon arrivée, le praticien a investi dans une formation pour augmenter le chiffre car il dit avoir trouvé l’équipe qu’il cherchait. En 2 ans, son exercice a connu une très belle évolution ». Céline
« Quand je suis arrivée, les 2 praticiens utilisaient encore les agendas papier alors que leur logiciel dentaire a une fonction “agenda” extrêmement bien faite ! J’ai créé tous les courriers automatiques (plus de 20) sur le logiciel, parce qu’avant, tout était fait à la main ! J’ai acheté des boîtes de rangement pour les porte-empreintes, car toutes les tailles étaient mélangées ! ». Véronique
« Quand j’ai commencé j’ai dû être maladroite mais j’étais déterminée à vouloir bien faire, mon sens de la communication m’a permis d’apprendre et de m’adapter rapidement au système, et au fur et à mesure j’ai pu m’organiser et organiser le cabinet. J’ai su expliquer le plan de traitement car cela m’intéresse beaucoup, le praticien a pris conscience de cet atout et depuis je m’occupe majoritairement des projets prothétiques ». Delphine
« J’ai commencé dans un cabinet ou le praticien venait de succéder à un praticien parti à la retraite. Premier cabinet pour le Docteur, et premier emploi d’assistante dentaire pour moi.
L’organisation était archaïque, j’ai du tout mettre en place, changer la signalétique, réorganiser les placards, les meubles.
Le praticien, très surpris, m’a remerciée et aujourd’hui j’ai carte blanche dans l’organisation. Chacune de mes initiatives est saluée. Pour le moment… » V.
« Je suis arrivée en remplacement d’un long congé maladie.
J’ai tout créé au niveau du secrétariat et de l’organisation de la stérilisation. J’ai permis au praticien, qui n’osait plus dire non à ses patients quitte à finir très tard, de retrouver une vie personnelle en encadrant la prise de rendez-vous. Ayant suivi l’évolution de libéral en SELARL je maîtrise énormément d’aspects sur la société du coup il se repose sur moi pour
beaucoup de choses en dehors de mes tâches d’assistante dentaire. Je trouve juste dommage que cette reconnaissance envers moi, il l’a évoqué auprès des patients mais ne me l’a jamais dit directement ! ». Delphine
« On me l’a dit plusieurs fois. Je suis une personne hyper empathique et toujours de bonne humeur, je ris beaucoup. On m’a remercié d’avoir beaucoup détendu l’ambiance du cabinet (3 praticiens et 3 assistantes). Notre chef de service a aussi loué mon « efficacité » car le chiffre de ma praticienne a évolué depuis mon arrivée (j’ai d’ailleurs eu une prime cette année pour cette raison) ». Virginie
La vérité, toute la vérité ?
Nous avons demandé aux assistantes les raisons qui pourraient les pousser à quitter leur poste actuel et dans cette hypothèse, donneraient-elles le vrai motif de leur départ ?
Nous restons dans une logique fidèle à celle des critères de recherche d’un emploi à savoir les qualités humaines. Le manque de respect envers les salariés ou les patients, une entrave à l’éthique, une dégradation des relations et une communication devenue impossible sont les raisons de rupture les plus couramment évoquées. D’ailleurs, ce n’est pas toujours le praticien qui est mis en cause : « J’effectue actuellement un remplacement dans un cabinet avec plusieurs praticiens, et le plus difficile ce ne sont pas les praticiens avec qui j’entretiens de vraies relations professionnelles, par contre les assistantes ne sont pas professionnelles entre elles. Depuis mes 38 années dans la profession, ce problème est récurrent. » Sylvie
En second lieu, c’est l’impossibilité d’évolution professionnelle (absence de projets, de formations, non revalorisation du salaire…) qui donne des envies d’ailleurs : un poste en chir exlusive avec un meilleur salaire à la clé pour Mathilde ou encore un job à l’étranger pour Sylvie.
Mais parfois, l’idée de quitter leur emploi est tout simplement liée à l’organisation de leur vie personnelle : recherche d’un aménagement de temps de travail ou meilleure proximité du domicile pour leurs enfants.
Enfin, le stress lié au résultat et à la rentabilité dans certains cabinets est également évoqué comme un facteur déclencheur d’un départ.
Dans leur immense majorité, les assistantes prônent l’honnêteté, la transparence et donneraient les vraies raisons de leur départ le cas échéant. D’une part, pour que l’erreur, si erreur il y a, ne se reproduise pas. S’il s’agit d’un problème financier, Céline donnerait le vrai motif : « Dans mon cas, ce serait de ne plus pouvoir vivre avec 1500 € avec presque 20 ans d’expérience ».
« J’ai toujours été transparente avec eux ; quand je cherche ailleurs, je leur dis pourquoi, c’est une question de correction.
Cela fait 5 ans que je travaille dans ce cabinet et à plusieurs reprises j’ai cherché ailleurs ; une fois pour avoir un temps plein, ils ont fini par me le donner ; une autre pour avoir un salaire plus important ; ils me l’ont un peu augmenté (mais pas encore assez !) » Véronique
Certaines assistantes tempèrent leur réponse. Dire la vérité pour un départ lié à des raisons personnelles ne leur pose aucun problème. Par contre, si c’est lié à l’entente avec le praticien, elles ne trouveraient pas le courage. Si V. devait partir pour un meilleur salaire ou pour un ras le bol, elle ne pense pas pouvoir dire la vérité par gêne et par reconnaissance : « Ce docteur m’a tout appris, il m’a donnée ma chance… ».
Pour V., « Il est important de donner le motif exact de son départ afin de partir en bon terme et d’être comprise car malheureusement tout se sait dans notre milieu professionnel et cela peut jouer en notre défaveur par la suite si nous nous séparons en mauvais terme. Et chaque dialogue peut aussi permettre de se remettre en question et d’évoluer. »
La communication…on en parle ?
Et si les assistantes souhaitaient changer quelque peu les choses au cabinet, apporter des évolutions, le dialogue avec leur binôme praticien est-il possible, facile ? Eh bien pour la majorité d’entre elles, la réponse est à deux niveaux : possible oui, facile pas toujours !
D’abord, par manque de temps, le dialogue s’ouvre mais il est vite interrompu par la réalité du quotidien, timing oblige :
« Mon patron est extrêmement gentil mais très mal à l’aise en terme de communication, il est plutôt fuyant et écoute “parfois”, de plus, nous souffrons crucialement de temps, par conséquent, le dialogue est difficile mais je respecte sa personnalité » nous confie DNoémi.
Les assistantes travaillant au sein d’une SCM ou d’un centre dentaire quand bien même parviendraient-elles à ouvrir le dialogue rencontrent souvent la difficulté de la décision collégiale. Les associés de SCM ne sont pas toujours d’accord sur les termes du changement. Dans les centres mutualistes, la décision n’appartient pas au praticien mais au conseil d’administration.
Certains cabinets parviennent à mettre en place une organisation propice à cette communication par le biais de briefing le matin accompagné d’un café et ces moments sont particulièrement appréciés par les assistantes. Et cette « bonne communication » semble avoir un effet très positif sur le moral des troupes : « Tout à fait ils sont très à l’écoute et disponible pour échanger et construire et faire évoluer le cabinet ensemble. C’est un vrai bonheur d’aller au travail. Il ne faut pas se laisser aller dans une monotonie mais être force de propositions et d’améliorations constantes pour le bien être du patient mais aussi et surtout celui de l’équipe soignante au cabinet dentaire » nous confie Jérôme.
A contrario, et fort malheureusement, certains praticiens réfutent toute communication : « Jamais de conversation ouverte malheureusement, impossible d’avoir des réunions et des réponses claires, il faut savoir négocier les choses sur la longueur…». Ils sont retors aux changements surtout s’ils sont suggérés par l’assistante. « Mon ancien employeur était demandeur d’idées pour faire évoluer son cabinet mais tout changement devait être négocié et justifié quitte à ce que je fasse plus d’heures pour en démontrer le bien-fondé… ». Ou si le contexte est mal choisi : « Avec la conjoncture actuelle (Règlement arbitral) et le décès de l’associé, le praticien n’est plus ouvert au dialogue ». M-.E.
« Lorsque j’ai créé la page du « club assistante dentaire » j’avais comme volonté d’instaurer un espace de parole et d’échange.
En cabinet dentaire : on court, on gère, on speed …mais on prend rarement le temps pour se parler. Comment peut-on envisager de faire un métier sans avoir de vision globale sur ce qu’on attend de vous ? Si la démarche qualité m’a appris une chose : c’est que le temps accordé aux salariés en entreprise n’est jamais vain. Lorsque les éléments moteurs demandent à parler …c’est souvent trop tard ! …on a vu naître cette relation « leadership » qui permet à travers la capacité d’écoute, de faire confiance à ses équipes. Le cabinet dentaire de demain, sera sans doute le cabinet où la place à la parole, ainsi qu’à l’écoute permettront à chacun de retrouver le plaisir de travailler ensemble ». Marylin
Anecdotes et histoires insolites
« Je suis photographe amateur, et les praticiens adorent ce que je fais ; récemment, ils ont décidé de refaire toute la déco du cabinet avec mes œuvres ! Il y en a déjà une qui trône dans une salle de soin ; la classe, non ? » Véronique
« Un patient qui nous informe que depuis que nous lui avons conseillé d’utiliser une brosse à dents, ses gencives saignent, et qu’il pense que cela abîme ses dents…heureusement pour les fous rires, nous avons des masques… » Myriam
« Lorsqu’une patiente m’offre un pot de confiture « maison » devant le praticien et qu’elle lui dit : « ben c’est elle qui fait tout le boulot !!! » Sylvie
« Un patient nous a promis de revenir tous les 6 mois si on travaillait en bikini » H.
« Le jour où une patiente tellement stressée a enlevé ses habits pour mettre ses huiles essentielles avant de commencer les soins. Comment rester sérieuse dans une telle situation. » M.
« Un patient victime d’un AVC est arrivé allongé sur un brancard. Aucune possibilité de le déplacer sur le fauteuil. Ma praticienne est montée pieds nus debout sur une chaise et elle l’a soigné comme ça… et ça c’est vraiment une chance pour moi de travailler avec quelqu’un qui a de telles qualités… » Virginie
« La chasse aux oeufs de pâques surprise dans les tiroirs du cabinet 🙂 » J.
« Lorsque je suis entrée dans le métier, j’ai demandé à faire un stage d’observation, puis par la suite, j’ai postulé, comme beaucoup à des offres sur pôle emploi notamment à une offre pour une AD QUALIFIÉE (je ne l’étais pas encore) …je fus quand même convoquée pour un entretien.
Mon recruteur m’a demandé : – Mais pourquoi je vous prendrai vous …et pas une autre ? – J’ai répondu avec un grand sourire : – Parce que je fais très bien le café et les photocopies -.
J’ai démarré le lundi suivant. Ne jamais baisser les bras et se servir de l’humour …
Parce que nous sommes amené à travailler ensemble huit à dix heures par jour, il faut s’entendre, se comprendre, se soutenir, s’épauler, se motiver … » Marylin
Conclusion
Répondre au téléphone, accueillir, informer, rassurer, installer, transférer, spatuler, aspirer, débarrasser, nettoyer, stériliser, rédiger, saisir, classer, archiver, imprimer… autant d’actions qui illustrent le quotidien de nos assistantes. Un métier multitâche qu’elles doivent accompagner de sourires et de mercis. Pour autant, curieusement, à la lecture de leurs témoignages, elles ne rechignent pas à la tâche et n’expriment aucune animosité envers leur binôme praticien : ce qu’elles veulent, c’est de la communication, de l’organisation, de la valorisation, de la reconnaissance…et elles sont quasi-unanimes.
Même s’il est vrai que la stratégie managériale ne fait pas partie du cursus du chirurgien-dentiste, le cabinet dentaire d’aujourd’hui, qui s’apparente désormais à une entreprise ne peux pas faire l’économie de cette dimension. En commençant peut être par définir le champ d’action de son assistante, à l’aide d’une fiche de poste et de mettre en place en place des réunions quotidiennes brèves pour permettre les échanges et évacuer les tensions.
Chacun retrouve ainsi le goût du travail bien fait et la fierté de mener à bien sa mission dans des conditions propices à l’épanouissement de toute l’équipe. Et tout le monde retrouve le sourire !