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Mon rendez-vous avec le Docteur Bruno Peniguel

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Dr Philippe PIRNAY : Vous dirigez le secteur dentaire d’unité de la force d’action navale : pouvez- vous nous présenter ce secteur dentaire ?

Dr. Bruno PENIGUEL : La force d’action navale représente 12 200 marins. Le secteur dentaire dépend de la chefferie du service de santé de la force d’action navale. Ce secteur comporte six cabinets dentaires embarqués notamment sur le porte-avions «Charles de Gaulle» et le bâtiment de projection et de commandement «Mistral». J’effectue les missions opérationnelles d’une durée de 3-4 mois tandis que pour les missions de plus courte durée, il est fait appel à un chirurgien-dentiste de réserve.

Dr. P.P. : Quels sont les spécificités de l’exercice dentaire dans l’armée française ? Et dans la marine nationale ? Les soins dentaires sont–ils envisagés pour toutes nos forces armées dans toutes les situations de combat ?

Dr. B.P. : Nous sommes amenés à exercer la chirurgie dentaire (malheureusement encore sans assistante dentaire) en tout temps et en tout lieu, d’où une disponibilité 24 heures sur 24 pour faire face, seul en mer ou en opérations extérieures, à l’urgence. Pour assurer le soutien dentaire des militaires, nous disposons de cabinets dentaires complets dotés de matériels sophistiqués, mais aussi de coffres dentaires portables lorsque le patient n’est pas à proximité d’un cabinet. Nous réalisons également de la prévention en statuant sur l’aptitude dentaire des militaires à servir à la mer, outre-mer ou en opérations extérieures et en effectuant ensuite leur mise en condition dentaire. Le statut d’officier de carrière (je suis l’équivalent du grade de capitaine de frégate dans la marine) présente l’avantage d’être affranchi de la relation d’argent avec nos patients, d’avoir la sécurité de l’emploi mais, bien évidemment, le salaire et les horaires ne correspondent pas à ceux d’un chirurgien dentiste civil !

Dr.P.P. : Combien de praticiens comporte le corps des chirurgiens-dentistes des armées ?

Dr. B.P. : L’effectif des chirurgiens-dentistes à temps plein est de cinquante-huit. Le corps comprend un consultant national pour l’odontologie dans les armées qui a le grade de chirurgien dentiste en chef. D’autres chirurgiens-dentistes en chef ainsi que des chirurgiens-dentistes principaux et des chirurgiens-dentistes sont affectés dans les hôpitaux des armées, dans l’armée de terre, dans l’armée de l’air et au niveau de la force d’action navale.

Dr. P.P. : A l’origine, pour quelles raisons avezvous choisi ce mode d’exercice ?

Dr. B.P. : Tout simplement par vocation. Au plus loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours désiré servir mon pays, devenir militaire, mais aussi pratiquer l’art dentaire.

Dr. P.P. : En tant que marin, vous voyagez beaucoup. Vous est-il arrivé pourtant de regretter un exercice libéral ?

Dr. B.P. : Non, mon idéal est de servir la France et à travers le soutien dentaire des militaires que j’effectue, je fais pleinement mon devoir. Cela engendre des sacrifices familiaux du fait des absences répétées (je rentre du Liban après une mission en Océan Indien). Cette vocation doit donc être comprise et partagée par la famille.

Dr. P.P. : Quel est votre plus agréable souvenir dans votre exercice de praticien ?

Dr. B.P. : Deux souvenirs : le premier, alors que je suis en mer sur le porte-avions «Charles de Gaulle» : je suis appelé par le médecin d’un autre bâtiment pour intervenir en urgence. La mer est agitée avec beaucoup de vent. Dès que les conditions sont plus favorables, je rejoins en… hélicoptère le marin à bord qui souffre d’une pulpite aiguë. Vous imaginez son soulagement lorsqu’il me voit être hélitreuillé pour arriver jusqu’à lui ! Le second, toujours en mer, au cours d’une mission au Liban : un caporal ayant perdu une incisive centrale m’oblige à intervenir en urgence à 23 heures pour réimplanter sa dent !

Dr. P.P. : Et celui d’une expérience que vous aimeriez partager avec nos confrères ?

Dr. B.P. : J’ai dix-neuf ans de services et j’ai vécu beaucoup d’expériences toutes aussi passionnantes. Je vis pleinement et quotidiennement ma vocation. Comme pour la chirurgie dentaire traditionnelle, nous avons aussi besoin de montrer toute notre utilité au sein du corps médical militaire. Il est indispensable que le corps des chirurgiensdentistes des armées s’étoffe en praticiens et qu’un inspecteur des services dentaires soit nommé.

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A propos de l'auteur

Dr. Bruno PENIGUEL

Chirurgien-dentiste en chef - Service de santé des armées
Chef du secteur dentaire d'unité de la force d'action navale

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