Du mock up au stand up, il y a de la distance mais Olivier Guedj, l’a parcourue. Chirurgien-dentiste en exercice au coeur de la capitale, il réalise son rêve d’enfant en montant sur les planches une fois par semaine. Rideau !
À quel moment de votre vie, êtes-vous découvert le don de «show man» ?
J’écris depuis l’âge de 13 ans, âge à partir duquel j’ai commencé à me produire sur scène.
L’effet de surprise des spectateurs voyant ce petit bonhomme si jeune venir leur faire la conversation était forte.
Évidemment je me faisais aider par ma mère dans l’écriture des sketchs .Je parodiais des Fables de la Fontaine notamment mais également je me tournais déjà en dérision, en moquant mon costume de communion et en relatant des anecdotes de mon quotidien d’enfant.
À ce propos, j’ai retrouvé récemment des images d’une prestation en 1983 filmée en caméra super 8, j’affichais une certaine aisance qui dénote d’une insouciance que j’envie aujourd’hui à l’enfant que j’étais.
Pourquoi avoir embrassé la carrière de chirurgien-dentiste plutôt que vous réaliser dans votre passion ?
Mes parents voyant mon enthousiasme et les développements que ça prenait ont eu peur que je dévie d’une trajectoire scolaire qu’ils souhaitaient classique et exemplaire et ont freiné ce début de « carrière artistique ».
Je ne suis plus jamais par la suite remonté sur scène et je n’ai pas le souvenir d’une frustration quelconque.
Votre exercice est-il une source d’inspiration continue pour vos spectacles ?
Une partie importante du spectacle fait allusion à mon métier et seul évidemment un dentiste peut s’inspirer de son quotidien pour traiter sous un angle comique de nos rapports avec nos patients, de leurs obsessions, de leurs angoisses.
Mais je parle également de cette bizarrerie qui consiste aux gens que l’on croise dans la rue, à un mariage, même à la caisse d’un magasin, à s’épancher sur leurs problèmes dentaires en apprenant notre métier.
Les gens se sentent obligés de nous raconter leurs problèmes dentaires en dehors du cabinet, ce qui avouons-le peut occasionner des scènes insolites et drôles que j’aborde au spectacle.
Votre public est-il éclectique ou majoritairement composé de dentistes ?
Mon spectacle aborde des sujets au-delà de mon métier. Il fait largement écho à des scènes de notre vie quotidienne, des problématiques du couple, des problèmes du temps qui passe et de notre angoisse de vieillir, de grossir.
Avoir 40 ans, c’est également peut être, vivre une vie de parents pas toujours facile et donc autant de problématiques qui me permettent d’avoir un public très large avec un spectacle qui ne s’est pas fermé à parler à un public de dentistes mais qui enthousiasme de 7 à 77 ans.
Votre qualité d’humoriste vous permet-elle d’obtenir de nouveaux patients ?
Peu de spectateurs font la démarche de pousser leur curiosité jusqu’à mon fauteuil de dentiste.
Lorsqu’un nouveau patient arrive au cabinet, on lui demande comment il est arrivé jusqu’à nous et en général les critères communs à mes autres confrères prévalent (proximité géographique, recommandations).
En revanche mes patients sont venus m’applaudir sur les bancs feutrés de mon théâtre ce qui me conduit à dire que nous faisons un beau métier et qu’il ne faut pas sous-estimer la reconnaissance qu’ont nos patients qu’ils m’ont exprimée en me soutenant dans ma démarche artistique.
Vous pouvez retrouver Olivier Guedj tous les mardis soir au Théatre Les feux de la Rampe dans « J’ai 2 fois vingt ans ».
2 rue Saulnier 75009 Paris Cadet (ligne 7) ou Grands Boulevards (ligne 8 et 9).
