Rencontre avec le Dr François Marle, expert en réhabilitations chirurgicales, implantaires et prothétiques, installé au Cannet (Alpes-Maritimes). Il revient sur sa transition vers le numérique il y a dix ans, un tournant qui a révolutionné son approche et optimisé ses pratiques au quotidien.
Comment s’est déroulée votre transition vers le numérique ?
J’ai vraiment commencé à m’intéresser au numérique dans la dentisterie il y a une dizaine d’années… A ce moment, nous avions déjà pléthore de solution logicielles pour la gestion quotidienne de nos cabinets, nous étions déjà entrés dans l’ère numérique en radiologie depuis longtemps et la photographie avait déjà subi l’évolution numérique. Les scanner intra-oraux étant à ce moment de plus en plus fiables, faciles d’utilisation et abordables et c’est la solution iTero qui s’est présentée à moi comme la plus complète et la plus facile d’usage.
La transition s’est faite au moment de l’introduction de la chirurgie implantaire guidée au sein du cabinet en 2019. La nécessité d’obtenir des empreintes d’étude rapidement, de manière fiable et reproductible s’est avérée indispensable plutôt que de passer par un processus d’empreintes physiques scannées par mon laboratoire, avec autant d’intermédiaires que de sources d’erreurs possibles (conservation et transport des empreintes, coulée du plâtre, qualité du scanner de table…).
L’obtention immédiate de fichiers STL fiables et partie intégrante du trio DICOM/STL/JPEG m’ont décidé à acquérir un scanner iTero au cabinet. La mise en place d’une acquisition systématique pour tout plan de traitement m’a permis de développer cette notion de clone numérique du patient qui introduit aux workflows disponibles auprès de nos laboratoires et de certains logiciels.
Rapidement, l’utilisation d’iTero à complètement remplacé l’empreinte physique dans tous les cas de traitements implantaires, restauratifs et prothétiques. iTero m’a également permis d’introduire les traitements d’alignement Invisalign dans mes plans de traitement, souvent dans le cadre pré-prothétique avec l’Invisalign Smile Architect.
Evidemment, une courbe d’apprentissage est nécessaire mais le pas est vite fait si on accepte de vider nos placards de toute pâte à empreinte. Le scan intra-buccal nécessite un protocole rigoureux, une pratique régulière pour obtenir des résultats fiables et reproductibles, mais le gain de temps et de précision est énorme.
Quelle expérience vivent vos patients pour les traitements en chairside ?
La première réaction des patients est l’étonnement face à une empreinte numérique. Ils sont, pour la plupart, habitués aux empreintes physiques et s’attendent à tous les inconvénients que cela comporte.
L’empreinte numérique apporte un réel outil de communication avec le patient, avec la possibilité pour lui de visualiser précisément les éléments importants ou nécessitant une intervention. L’iTero Lumina est particulièrement efficace, entre autres, pour cela grâce au photoréalisme et au rendu de l’empreinte sur l’écran. La suite OralHealth, présente depuis les dernières générations de scanner iTero, est un outil particulièrement intuitif qui permet de classer les éléments à montrer au patient, tels que les éléments de sa santé gingivale, les lésions carieuse grâce à la visualisation Niri, l’occlusogramme ou même l’alignement. Depuis peu, le patient a la possibilité de repartir chez lui avec un compte rendu de scan grâce au QR Code affichable en fin d’analyse.
J’utilise fréquemment, au fauteuil, l’outil TimeLaps, qui permets de comparer visuellement deux empreintes espacées dans le temps. Cela permet de visualiser et de montrer au patient l’évolution, favorable ou non, d’une situation bucco-dentaire, comme l’aggravation d’une récession gingivale, l’accentuation des abrasions dentaires, ou encourager le patient en lui montrant des évolutions positives grâce à l’observance de nos conseils et recommandations d’hygiène et de suivi.
Cette expérience-patient au fauteuil crée une relation de confiance et une réelle compréhension de nos thérapeutiques.
Quel impact a eu l’intégration du numérique sur le workflow de votre cabinet ?
Un impact considérable ! L’empreinte numérique est un gage de reproductibilité et de précision si les protocoles sont respectés. La passerelle entre notre scanner et le laboratoire est particulièrement intuitive et permet de compléter des formulaires très complets d’informations primordiales pour nos laboratoires.
Le mode « Restaurations » permet de renseigner tous les scénarios de commande des prothèses dentaires, allant du type d’empreinte pour tel type de prothèse, fixe ou amovible, selon les matériaux choisis et les références indispensables, comme dans la prothèse implanto-portée. Le gain de temps est notoire puisque l’empreinte est transmise au laboratoire en direct, et que nous pouvons y ajouter, en pièce jointe, tout type de fichier nécessaire comme des photos de nos patients, extra et intra buccales, voire des vidéos.
Le prochaine évolution dans les cabinets sera surement basée sur cette intégration complète de l’empreinte numérique dans nos traitements, et sur la communication rapide est précise avec nos laboratoires. Les solutions de design restauratifs à distance sont de plus en plus utilisés pour designer une prothèse provisoire, par exemple, dans la journée et délivrance le jour même au patient avec une solution de production in-situ comme l’impression 3D.
Autre avantage, cette fois en amont de nos traitements, lorsque nous pouvons prévoir nos traitements avec les solutions d’anticipation. Les logiciels sont nombreux maintenant et une modélisation est toujours possible en amont de nos séances pour préparer une série de provisoires, un rendu cosmétique ou une validation d’objectifs thérapeutiques avec notre équipe de laboratoire et le patient. L’intégration des empreintes numériques est naturelle dans ces environnements, et il est devenu aisé de planifier nos traitements avec ces solutions.
Il est, par exemple, très utile pour moi d’avoir une intégration complète des empreintes iTero dans certaines suites Exocad, notamment Exoplan que j’utilise pour mes planifications implantaires et design des guides chirurgicaux.
Comment votre équipement vous permet de travailler avec d’autres praticiens ?
La communication avec mes confrères est depuis longtemps basée sur un support numérique. J’adresse mes patients dans les cas de traitements orthodontiques et pédodontiques avec un support de consultation, de diagnostic et de demande de soins spécialisés, généralement complétés de photographies et d’une empreinte numérique de situation initiale.
En retour, s’il peut m’arriver de réaliser des formations ou informations pour mes confrères, j’entends donner aux praticiens une représentation complète de l’outil numérique dans les propositions thérapeutiques qu’ils peuvent offrir à leurs patients, en intégrant simplement ces outils au sein de leur cabinet dans l’omnipratique quotidienne.
La communication avec mes confrères est devenue simple, précise et efficace, y compris à travers les différents groupes de travail que nous pouvons rencontrer sur les réseaux sociaux professionnels, les séminaires et conférences.
