En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.

LEFILDENTAIRE est un site réservé aux professionnels de la santé dentaire.
Si vous n'êtes​ pas un professionnel de santé, vous pouvez obtenir des réponses à vos questions par des experts sur Dentagora.fr en activant le bouton Grand Public.

Je suis un professionnel Grand Public

Passage au crible des aides visuelles en odontostomatologie

0

Protocole photographique simplifie pour des bilans plus pratiques et rapides

Cet article propose en premier lieu de simplifier le jargon technique de la photographie numérique ; il présente ensuite un protocole pratique en 12 clichés que vous pourrez facilement intégrer dans l’activité de votre cabinet dentaire. Enfin, un guide simplifié des réglages est proposé.

Initiation a la photographie numérique dentaire

La photographie dentaire est un merveilleux outil pour apprécier ce qu’un traitement en cours peut permettre d’accomplir, valoriser le clinicien que vous êtes ainsi que votre patient, et contribuer à transformer votre routine quotidienne en une véritable passion.1 La photographie numérique est devenue une technique si simple, que n’importe qui peut apprendre à faire de remarquables photos moyennant une formation succinte.2, 3

Une fois que votre appareil professionnel dit « reflex » (cet article n’abordant pas la photographie avec « smartphone ») sera réglé pour la prise de photographies numériques dentaires, très peu d’ajustements seront nécessaires pour réaliser tous les clichés des interventions chirurgicales et esthétiques requis pour l’exercice de la profession.

1er élément : le boîtier (ou système photographique)

Le système « reflex » présente le double avantage d’être polyvalent et de permettre d’observer dans le viseur exactement ce qui sera enregistré sur l’image capturée (what you see is what you get).4 Un boîtier de base (Nikon ou Canon, par exemple) muni d’un objectif macro de 100 mm (objectif Sigma DG Macro de 105 mm, par exemple) est recommandé.

2ème élément : l’objectif (et ses réglages pour des résultats idéaux)

Étant donné que les appareils photo nécessitent généralement un grossissement de 1,5 (conversion) pour le réglage du fût de l’objectif, le rapport de grossissement de l’objectif se rapproche de :

  • (1:15) pour les photos de portraits.
  • (1:3) pour les photos dentaires, notamment le sourire naturel, ainsi que les clichés pris avec un écarteur de lèvres et les vues occlusales.
  • (1:1,5) pour les photos dentaires, notamment les clichés rapprochés pris avec un écarteur de lèvres.

systeme-photographique

3ème élément : le flash (ou système d’éclairage)

De nombreux praticiens choisissent un flash annulaire par commodité. Ce dernier crée un éclat lumineux uniforme, ce qui est utile pour photographier les dents postérieures, les zones d’accès difficile et les régions intra-orales au moyen de miroirs.

« Ouverture » ou « f/stop » : cet important réglage contrôle la quantité (intensité) de lumière frappant le capteur. C’est en fait une ouverture ajustable dans l’objectif (en mode priorité de l’ouverture, indiquée par Av) (Fig. 2), au travers de laquelle passe la lumière (Fig. 3). La plage d’ouverture est déterminée par les valeurs f qui sont comprises entre environ f/2,8 et f/32 pour la plupart des boîtiers « reflex ». Plus la valeur f est grande, plus l’ouverture de l’objectif est petite. Le f/stop modifie la profondeur de champ.

Profondeur-de-champ

« Profondeur de champ » : elle correspond à la zone où l’image est nette. Contrairement à l’oeil humain qui est capable de voir tout objet avec netteté, les appareils photo ne possèdent pas ce luxe. La profondeur de champ détermine dans quelle mesure l’image située en avant et en arrière des plans délimitant la zone de netteté apparaîtra plus ou moins floue. Dans le cas des photographies rapprochées, elle est généralement réduite (quelques millimètres) et par conséquent la mise au point est déterminante pour l’obtention d’images nettes. La profondeur de champ varie inversement avec le diamètre de l’ouverture.

Un objectif grand ouvert dont l’ouverture correspond à une valeur f/8 a une profondeur de champ réduite, alors que si la valeur diminue à f/22, presque toute la zone de l’avant à l’arrière sera très nette (Fig. 4).5

profondeur-de-champ-reduite

« Exposition » : elle correspond à la quantité de lumière qui vient frapper le capteur pendant un intervalle de temps donné.2 Le temps est contrôlé par la vitesse d’obturation, mesurée en fractions de seconde. La plupart des appareils photo contemporains sont équipés d’un réglage automatique de l’exposition, qui calcule la vitesse d’obturation après que l’ouverture ait été réglée (en mode priorité de l’ouverture, indiquée par Av). Toutefois, la photographie dentaire requiert un certain point d’attention, qui est la garantie d’une profondeur de champ suffisante. Ceci ne laisse pas d’autre choix que de sélectionner un petit diamètre de l’ouverture, généralement f/22 pour tous les clichés dentaires.5 L’utilisation d’une valeur f/8 pour la prise de portraits sera suffisante.2

Portrait-complet-sourire

1 – Portrait complet sourire, naturel, rapport 1 :15, vue de face (Fig. 5) 2 – Sourire complet, naturel, rapport 1 :3, vue de face (Fig. 5)

Un protocole plus pratique

Le bilan photo présenté dans cet article est un exemple avec ses qualités et ses défauts, issu d’images ni retouchées, ni recadrées et prises dans des conditions réelles d’exercice.

Le but initial du bilan proposé est de collecter puis classer facilement le maximum d’informations iconographiques en moins de 5 minutes. 24 prises de vues sont recommandées pour un bilan standardisé complet, dont 12 réalisées avant et 12 après traitement (Fig.5 – 10). Chaque photo doit prendre en compte le cadrage approprié de l’objet photographié (potrait, sourire et macro), des accessoires adéquats (écarteurs et miroir occlusal), un rapport de grossissement précis (1 :15, 1 :3, 1 :1,5) et un angle de prise de vue spécifique (face, trois quarts, occlusal). Les 4 premières photos sont naturelles, les 6 suivantes sont prises avec écarteurs automatiques transparents et les 2 dernières avec un miroir occlusal supplémentaire.6

Tout élément visuel pouvant distraire l’analyse photographique doit être évité : excès de salive, plaque dentaire, tartre, saignements, débris alimentaires, maquillage, talc, matériaux d’empreintes, excès de ciment, etc… Idéalement, l’angle de prise de vue doit être parallèle au plan d’occlusion. La photo doit aussi révéler les éventuelles asymétries dentaires (l’appareil photo ne doit pas être basculé pour compenser l’angulation des dents).6

Sourire-complet-naturel

3 – Sourire complet, naturel, rapport 1 :3, vue de trois quarts droit (Fig. 6). 4 – Sourire complet, naturel, rapport 1 :3, vue de trois quarts gauche (Fig. 6)

Un protocole plus rapide

L’avènement de la photographie numérique nous a permis de visionner/ contrôler/ valider immédiatement les images ; d’où un gain de temps considérable et la certitude du travail bien accompli. Une fois votre appareil “reflex” réglé, comme indiqué dans notre première partie, peu d’ajustements sont nécessaires.

Seuls trois réglages doivent en effet être pris en compte et modifiés pendant les prises : le rapport de grossissement de l’objectif, le système d’éclairage et l’ouverture du diaphragme.

Arcades-legerement-entre-ouvertes

5 – Arcades légèrement entre ouvertes, écarteurs, rapport 1 :3, vue de face (Fig. 7). 6- Arcades légèrement entre ouvertes, écarteurs, rapport 1 :3, vue de trois quarts droit (Fig. 7)

1. Le rapport de grossissement

Les rapports de grossissement étant gravés ou imprimés sur le fût de l’objectif, il est très aisé de passer rapidement d’un rapport à l’autre. Les rapports (1:1,5) pour les clichés rapprochés et (1:3) pour les clichés du sourire doivent être clairement repérés et facilement identifiables. Alors que le rapport (1:15) pour les portraits sera obtenu par mise au point manuelle en fonction de la distance entre l’appareil et le patient. A noter que pour les appareils photo dits « plein format », le coefficient multiplicateur de 1,5 ramène les rapports à 1 :1, 1 :2 et 1 :10.

Bloc-incisivo-canin-maxillaire

7 – Arcades légèrement entre ouvertes, écarteurs, rapport 1 :3, vue de trois quarts gauche (Fig. 8). 8 – Bloc incisivo-canin maxillaire, écarteurs, rapport 1 :1,5, vue de face (Fig. 8)

2. Le flash

De nombreux praticiens choisissent un flash annulaire par commodité. Le flash annulaire crée un éclat lumineux uniforme, ce qui est utile pour photographier les dents postérieures, les zones d’accès difficile et les régions intra-orales au moyen de miroirs.

L’utilisation d’un flash ponctuel sera si possible privilégiée pour les portraits, cette fonctionnalité est parfois accessible sur certains flashs annulaires dits « hybrides » (tubes indépendants).

Bloc-incisivo-canin-maxillaire-ecarteur

9 – Bloc incisivo-canin maxillaire, écarteurs, rapport 1 :1,5, vue de trois quarts droit (Fig. 9). 10 – Bloc incisivo-canin maxillaire, écarteurs, rapport 1 :1,5, vue de trois quarts gauche (Fig. 9)

3. L’ouverture du diaphragme

L’ouverture du diaphragme se règle à partir du mode priorité à l’ouverture (indiqué par « Av »). Il est recommandé une ouverture du diaphragme à 8 pour le portrait et 22 pour toutes les autres photos du bilan.

4. Récapitulatif des réglages à modifier au cours de la prise du bilan standardisé

  • Flash ponctuel (1:15) f/8 pour les photos de portraits
  • Flash annulaire (1:3) f/22 pour les photos dentaires, notamment le sourire naturel, ainsi que les clichés d’arcades pris avec un écarteurs et les vues occlusales avec miroirs,
  • Flash annulaire (1:1,5) f/22 pour les photos dentaires, notamment les clichés rapprochés du bloc incisivo-canin pris avec écarteurs.
vue-de-trois-quarts-gauche

11 – Arcade maxillaire, écarteurs et miroir occlusal, rapport 1 :3, vue occlusal (Fig. 10). 12 – Arcade mandibulaire, écarteurs et miroir occlusal, rapport 1 :3, vue occlusal (Fig. 10)

Pour passer d’une photo latérale à une autre, c’est plutôt au patient de tourner/basculer la tête et non au praticien de se déplacer autour du patient, la saisie n’en sera que plus rapide et plus confortable. Des écarteurs automatiques présentent l’avantage d’écarter les joues de manière symétrique ; un écarteur labial est également recommandé pour les photos avec miroir.

En utilisant systématiquement les réglages standards, il peut apparaître que les photos macro soient surexposées et les photos occlusales légèrement sous-exposées : il est alors judicieux de régler l’ISO et la compensation du flash de votre appareil d’une part et d’utiliser des miroirs de bonne qualité d’autre part.

Le Dr. François Grossetti est conférencier, membre affilié de l’American Academy of Cosmetic Dentistry depuis 2007 et Past Chairman France de l’European Society of Cosmetic Dentistry (2011-2016). Il exerce en pratique libérale à Paris.

Références

1. Ahmad I. Digital Dental Photography, Part 1: an overview. British Dental Journal 2009; 206: 403-407
2. Lowe E. Digital Dental Photography. J Cos Dent. 2010; 26(1): 25-30.
3. Kemp PA. Empowering your dental practice with digital photography. J Cos Dent. 2008; 24(3): 198-202.
4. Ahmad I. Digital Dental Photography, Part 4: choosing a camera. British Dental Journal 2009; 206: 575-581.
5. Ahmad I. Digital Dental Photography, Part 6: camera settings. British Dental Journal 2009; 207: 63-69.
6. American Academy of Cosmetic Dentistry (AACD). A guide to Accreditation photography – photographic documentation and evaluation in cosmetic dentistry. Madison (WI): AACD; 2009.

Partager

A propos de l'auteur

Dr. Michel ABBOU

Exercice en implantologie et parodontologie à Paris
Ex-Enseignant aux DU de Paris VII et Corté
Fondateur et directeur scientifique de Si-Ct MIEUX

Laisser une réponse