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L’anesthésie ostéocentrale au quotidien

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Quid de la peur de la douleur, principale cause de cette maladie couramment répandue qu’est la phobie du dentiste ? Indolore, efficace, simple à réaliser et économiquement viable, l’anesthésie ostéocentrale semble s’imposer comme la solution qui comblera à la fois les attentes du patient et celles du praticien.

Un constat

La phobie du dentiste est une maladie listée par l’OMS. Cette phobie est essentiellement liée à la peur de la douleur et c’est cette dernière qui amène le plus souvent le patient à consulter.

Des progrès importants au cours de ces dernières années ont fait évoluer la pratique de la dentisterie dans toutes les disciplines. Les coûts horaires d’un cabinet dentaire moderne ont augmenté en proportion. Si l’on veut avoir accès aux technologies modernes, nous devons piloter la gestion de nos cabinets comme des entreprises, et non faire du « vol à vu ».

Dans le livre (1) paru en 2008, 40 ans de chirurgie dentaire. 1968-2008. dont l’introduction est rédigée par le professeur Edmond Pierre Benqué, curieusement l’anesthésie n’est pas évoquée. L’anesthésie n’aurait-elle pas évoluée en 40 ans ? C’est peut-être pourquoi de plus en plus de cliniques dentaires proposent leurs services sur Internet réalisant des soins sous anesthésie générale.

L’évolution de la gestion de la douleur de notre patient ne nous intéresse-t-elle pas ou serait-elle figée à jamais ? Seulement, quelles que soient les technologies high tec et les qualités de traitement que nous maîtrisons, notre patient phobique a toujours peur d’avoir mal : il ne remet pas en cause nos compétences, mais attendra la douleur pour franchir la porte de notre cabinet.

Par contre, si nous lui prouvons que la douleur est notre première préoccupation, alors il sera prêt à faire ce qu’il faut pour entretenir sa santé buccale. Les patients sont de plus en plus consommateurs de soins dentaires de qualité pour leur confort et leur esthétique, une tendance qui ira à la hausse dans les années à venir.

Une solution

Pour répondre à l’attente des patients, la première clé de la réussite d’un cabinet dentaire moderne est de se donner les moyens de réaliser en première intention une anesthésie indolore sans suite post-opératoire. Nos patients craignent les anesthésies pour deux raisons :

  1. la peur de la douleur pendant la réalisation,
  2. l’engourdissement des tissus mous pendant plusieurs heures, après un soin qui n’a pris que quelques minutes.

Pour répondre à l’attente du praticien, une anesthésie simple à réaliser, immédiate et efficace quelle que soit la pathologie va lui permettre de piloter l’activité de son cabinet sans stress. La suppression des risques d’échec permettra de proposer des rendez-vous longs pour réaliser différents types de soins dans plusieurs secteurs (absence d’engourdissement des tissus mous) et d’assurer la gestion des urgences. L’anesthésie ostéocentrale répond à la demande du patient et du praticien.

L’anesthésie ostéocentrale

Elle débute par une anesthésie de la gencive attachée réalisée avec l’aiguille qui servira à pénétrer le septum. (Aiguille spéciale ostéocentrale 30 centièmes 16 mm DENTAL HI-TEC France). Cette anesthésie sera indolore si on respecte deux critères :

  • utilisation correcte du biseau de l’aiguille (Fig. 1). Biseau bien orienté à plat sur la muqueuse, pénétration superficielle de la gencive attachée pour éviter le contact avec le périoste ;
  • injection lente (goutte à goutte) jusqu’à obtention d’une lentille blanche de la muqueuse attachée (2).

Puis, l’aiguille sera positionnée sur le sommet de la papille parallèlement à l’axe des racines avec une angulation de 30 à 45° vestibulolinguale. La mise en rotation de cette aiguille va permettre de descendre profondément dans le septum (Fig. 2). L’aiguille sera enfoncée si possible jusqu’à la garde.

Injection-muqueuse-indolore

Fig. 1 : Injection muqueuse indolore. Fig. 2 : Anesthésie ostéocentrale.

Cette pénétration est totalement indolore, car l’os n’est pas innervé. Lors de la pénétration, le praticien aura la sensation que l’aiguille traverse des paliers successifs qui sont le passage de mini-corticales horizontales formées par les trabéculations. La dernière étape consistera à injecter la quantité de solution anesthésique qui sera déterminée en fonction de la durée ou du nombre de dents que l’on veut anesthésier.

Des avantages

Les désagréments de l’anesthésie après les soins sont oubliés. Et si l’on compare l’ostéocentrale à toutes les autres techniques, on se rend compte qu’elle regroupe tous leurs avantages sans avoir leurs inconvénients. L’anesthésie ostéocentrale est immédiate (4). Les praticiens utilisant l’anesthésie intraligamentaire ou intraseptale connaissent bien le confort de l’immédiateté de l’anesthésie (surtout pour la gestion rapide des urgences).

Position-de-l’aiguille

Fig. 3 : Position de l’aiguille en anesthésie ostéocentrale

Il n’y a pas de suite post-anesthésique, nous pouvons oublier les arthrites et les problèmes de nécroses (même lors de l’utilisation de solutions adrénalinées à 1/80 000 conseillées lors de pulpite aiguë ou de dent en voie de nécrose). Nous pouvons aussi oublier les risques de morsures fréquentes chez l’enfant, car nous n’avons pas d’engourdissement des tissus mous avec l’anesthésie ostéocentrale (Le confort post-anesthésique est très important pour le patient.).

La réalisation de l’anesthésie ostéocentrale est très facile et supprime les quelques difficultés rencontrées avec la technique trans-corticale (aiguilles bouchées, corticales impénétrables, balcons osseux, accès difficiles au niveau des molaires mandibulaires).

L’anesthésie ostéocentrale va nous permettre de soigner jusqu’à six dents avec une seule injection, voire anesthésier un maxillaire avec trois points d’injection ; cela nous ouvre de nouvelles perspectives lors de la réalisation des plans de traitements et de la mise en place des rendez-vous longs.

Enfin, l’anesthésie ostéocentrale est redoutablement efficace car la solution anesthésique est déposée le plus prêt possible de la cible à atteindre que sont les apex (Fig. 3).

Nous savons que les échecs en anesthésie sont souvent liés à une distance injection-cible trop importante qui entraîne la trop grande dilution de notre solution anesthésique et son inefficacité. La quantité de solution anesthésique injectée va pouvoir être diminuée du fait d’une meilleure efficacité (4).

L’impact financier

La rentabilité des soins, non revalorisés à leur juste valeur, est possible à obtenir, à condition de bien planifier son travail. Les stages de management en témoignent par leur fréquentation croissante et leurs résultats. De plus en plus de praticiens rentabilisent leurs soins en réalisant des soins multiples sur plusieurs cadrans au cours de la même séance. Cela permet d’être plus rentable, mais aussi de soigner nos patients sur des durées de traitement plus courtes et ainsi faire de la place dans nos planning surchargés (une des causes principales du stress du praticien qui fini par le démotiver).

L’anesthésie ostéocentrale est l’anesthésie de choix pour ce type d’exercice, car elle supprime l’échec.

Les 15 à 20 % d’échecs, lors d’anesthésie du bloc mandibulaire (3), seront oubliés, car les rameaux nerveux inconstants seront obligatoirement anesthésiés ; les rappels linguaux et palatins sont eux aussi oubliés, car l’anesthésie ostéocentrale, par l’intermédiaire des canaux intercommuniquants ou canaux de Volkman, anesthésie tous les tissus attachés périphériques aux dents anesthésiées. Le fait de ne pas anesthésier les tissus mous nous permet d’envisager de réaliser des soins multiples sur les secteurs 1-2-3 et 4 au cours de la même séance sans causer de troubles moteurs et sensitifs. Le patient est souvent surpris et trouve cette technique anesthésique très confortable.

Conclusion

Nous avons tous un jour réalisé une anesthésie intrapulpaire en dernière intention. La douleur « syncopale » que nous avons infligée à notre patient marque notre incompétence face à certaines pathologies. Une technique anesthésique qui supprime l’échec et la douleur en permettant d’améliorer la rentabilité des soins est certainement une des plus grandes évolutions de la dentisterie depuis 40 ans.

Bibliographie

1. Pierre Fabre Oral Care : 40 ans de chirurgie dentaire. 1968-2008. Ed. Privat
2. Sixou J.-L. Du Bon usage du biseau. L’Information dentaire n° 37, nov. 2006
3. Malamed S.F. Handbook of local anesthesia. 5e éd. Mosby, Saint-Louis, 2005
4. Greaud P.-Y., Pasquier E., Villette A. L’Anesthésie ostéocentrale, une nouvelle technique en anesthésie dentaire. L’Information dentaire n° 14, avr. 2008

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A propos de l'auteur

Dr. Pierre-Yves GREAUD

Docteur en Chirurgie Dentaire

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