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Microabrasion et améloplastie contrôlées

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La couleur d’une dent naturelle dépend de sa composition, de sa structure et de l’épaisseur des tissus dont elle est constituée. Toute altération mécanique, chimique ou biologique d’un de ces tissus entraîne inévitablement une transformation de la couleur de la dent (1). Parmi de nombreuses causes de colorations de dents vitales, il faut distinguer celles qui affectent l’ensemble des tissus comme celles dues aux tétracyclines ou à l’âge et celles qui sont plus superficielles qui se situent essentiellement dans l’émail de la dent comme les fluoroses. Actuellement, nous possédons un arsenal thérapeutique important pour traiter toutes les dyschromies dentaires.

Nous distinguerons dans cet article : les techniques d’éclaircissement chimique au fauteuil et ambulatoire (photo 1) qui nécessitent l’action d’un agent chimique (le peroxyde d’hydrogène).

Ce dernier, après sa décomposition, agira en profondeur, la microabrasion et l’améloplastie (photo 2) qui agissent superficiellement grâce à une action mécanique et chimique.

Pour les cas complexes où l’on retrouve des colorations superficielles et profondes de l’émail avec des colorations plus ou moins importantes de l’ensemble des dents, on peut associer un éclaircissement chimique, une microabrasion et une améloplastie.

Indications

La microabrasion et l’améloplastie permettent d’éliminer de façon non sélective : toutes les colorations externes ( tabac, café, vin…), les colorations superficielles (voiles, tâches blanchâtres…) (photos 3,4,5), les défauts polychromes (brun, gris, jaune…).

Choix du principe actif

Depuis plus d’un siècle, de nombreux auteurs ont proposé, pour éliminer les colorations superficielles de l’émail et particulièrement celles dues aux fluoroses, différents traitements utilisant l’action mécanique d’un abrasif associé à l’action d’un acide fort.

Croll(2) propose actuellement une pâte prête à l’emploi conditionnée en seringue (Optalustre Bisico) qui se compose d’un acide chlorhydrique à 18 %, mélangé à un abrasif micronisé à base d’oxyde de silicium. En 1991, après avoir testé différents acides et des mélanges à base d’hypochlorite de sodium et de peroxyde d’hydrogène à différentes concentrations.

Paul Miara a mis au point un kit de microabrasion composé d’un mélange d’acide chlorhydrique et de peroxyde d’hydrogène associés à une ponce micronisée (Microclean CEDIA). Les résultats se sont révélés excellents (3) mais la stabilisation en seringue de l’acide chlorhydrique s’est montrée particulièrement délicate et c’est une des raisons de l’arrêt de sa commercialisation.

Forts de toute cette expérience, nous utilisons depuis plusieurs années une pâte préparée à la demande qui se compose d’un mélange d’acide phosphorique en gel à 35 % et de ponce micronisée qui donne de bons résultats. Pour éviter toutes projections nous recommandons de ne pas se servir pour la microabrasion d’instruments rotatifs classiques tels que des brossettes, des feutres… même à vitesse lente; nous préférons l’utilisation d’un contre-angle à mouvement alternatif (Prophymatic) à vitesse lente avec des cupules caoutchouc. Pour l’améloplastie, nous utilisons essentiellement des instruments diamantés grain très fin (bague jaune).

Procédures cliniques

Nous allons, à partir de trois cas cliniques, expliquer les possibilités et les limites de ces traitements lorsqu’ils sont utilisés seuls ou en association.

Cas clinique n°1

Ce patient présente au niveau de ses deux incisives centrales des leucômes sous forme de voiles très superficiels (photo 6).

Après avoir mis en place une protection gingivale à l’aide d’une résine photopolymérisable et des écarteurs automatiques, le mélange acide ponce est déposé sur les dents à traiter ; puis, à l’aide d’un contre-angle alternatif (Prophymatic), muni d’une cupule en caoutchouc, on commence la microabrasion (photo 7).

Il faut appliquer une pression assez forte à vitesse lente ; on agit par séquences de 5 à 10 secondes par dent. Au bout d’une minute, on rince abondamment et on sèche la dent ; si les leucômes n’ont pas totalement disparu, on peut renouveler plusieurs fois ce traitement.

Chaque cycle d’une minute élimine environ 5 à 10 microns d’émail; grâce à cette technique, on peut enlever 50 à 100 microns d’émail en une ou deux séances de traitement (photos 7 & 8). Ici, deux séances ont été nécessaires pour supprimer totalement les tâches blanchâtres.

Une fois le traitement terminé et la protection gingivale enlevée, un polissage très soigneux est effectué à l’aide de pâte de polissage adaptée, de brossettes, de feutres… (photo 9).

Il est indispensable de prévoir toujours un traitement de reminéralisation (4) de la surface de l’émail par l’utilisation d’un gel fluoré ou mieux, de produit comme le Tooth Mouth (GC) (5) (Photo 9 bis) ou le Relief (Discus Dental) qui permettent une reminéralisation rapide et très efficace (photo 10 ) (6).

Cas clinique n°2

Il s’agit d’une jeune patiente qui présente une dyschromie complexe (photo 11 ) où l’on retrouve des leucômes très étendus associés à une couleur générale assez foncée. De par son métier de comédienne, elle était décidée à accepter la pose de 20 facettes de céramique pour retrouver enfin un joli sourire.

Nous avons pensé, et à juste titre, que l’on pouvait tenter pour ce type de dyschromies un traitement plus simple et surtout moins invasif en associant un éclaircissement chimique à une microabrasion ; de légères améloplasties viendront compléter ces traitements.

Nous débutons par un éclaircissement au fauteuil (photo 12) à l’aide du système ZOOM (Discus Dental) (7) qui associe l’action d’un gel de peroxyde d’hydrogène à 25 % et d’une lampe à U.V. très puissante. Une fois ce traitement terminé, on constate que les dents ont éclairci mais, une fois séchées, elles apparaissent très crayeuses (photo 13), ce qui permet de bien mettre en évidence les zones à microabraser (8). Une fois les protections mises en place, on dépose le mélange acide phosphorique / ponce (photo 14) sur un groupe de dents et à l’aide du Prophymatic, on réalise une microabrasion (photo 15).

On complétera la microabrasion par de légères améloplasties qui seront effectuées à l’aide d’instruments diamantés à grain très fin.

Pour ce cas particulièrement délicat, nous avons réalisé deux séances au fauteuil suivies d’une microabrasion et d’une légère améloplastie. Entre les deux séances, espacées de huit jours, le patient porte des gouttières une heure par jour (9) avec un gel de peroxyde d’hydrogène à 7,5 % (Day White Discus Dental).

Après un polissage très soigneux (photo 16) et une réhydratation des dents, on constate qu’elles sont beaucoup plus claires, les leucômes ont totalement disparu et la patiente a enfin des dents qui lui plaisent (photo 17).

Cas clinique n°3

Ce patient présente une dyschromie complexe liée à la prise d’antibiotiques et de fluor en excès (10), les voiles ainsi que les tâches blanchâtres et brunes sont associés à une couleur foncée de type C3 (photo 18). Nous allons associer ici trois traitements : un éclaircissement au fauteuil et ambulatoire, une améloplastie et une microabrasion.

Comme pour le cas clinique précédent, le traitement débute par un éclaircissement chimique au fauteuil (photo 19) afin de mettre encore plus en évidence les voiles et les tâches blanchâtres. Après avoir mis en place les protections, on réalise une améloplastie (photo 20) car ici les leucômes sont très profonds. On peut être amené à éliminer jusqu’à 200 voir 300 microns d’émail dans certaines zones comme le bord libre où l’émail est très épais.

Cette améloplastie sera suivie d’une microabrasion (photo 21) afin d’éliminer les derniers voiles blanchâtres et d’obtenir surtout une surface parfaitement lisse. Le port de gouttières, avec un produit reminéralisant (Relif) 15 minutes par jour pendant huit jours, est toujours prescrit après ce type de traitement (11). Deux séances d’éclaircissement au fauteuil avec le système Zoom, huit jours de traitement ambulatoire avec un gel de peroxyde d’hydrogène à 7,5 %, deux améloplasties, deux microabrasions et un traitement de reminéralisation ont été nécessaires pour éclaircir les dents et éliminer presque totalement les tâches blanchâtres (photos 22&23).

Conclusion

La microabrasion et l’améloplastie contrôlées sont deux techniques simples à mettre en oeuvre et peu agressives, elles permettent pour des colorations superficielles de l’émail des résultats très satisfaisants (12). Lorsqu’elles sont associées aux techniques d’élaircissement chimique, les résultats sont souvent spectaculaires et permettent d’éviter des traitements plus invasifs comme les facettes (13) ou les jackets de céramique (14).

Références bibliographiques

1. Touati B, Miara P, Nathanson D. Dentisterie esthétique et restaurations en céramique. Paris : Editions CdP, 1999 : 61-79.
2. Croll TP, Segura A, Donly KJ. Enamel micro-abrasion new considerations in 1993. Pract Periodontol Aesthet Dent 1993 ; 5(8) : 19-28.
3. Miara P, Touati B, Haikel Y. La micro-abrasion contrôlée. Real Clin 1991 ; 2(4) : 395-409.
4. Segura A, Donly KJ, Wefel JS. The effects of micro-abrasion on demineralization inhibition of enamel surfaces. J Dent Rest 1993 ; 72 : 318 (abstr. : 1715).
5. Reynolds EC. Remineralization of enamel subsurface lesion by caseine phosphopeptide stabilzed calcium phosphate solution. J Dent Rest ; 76 : 1587-1595
6. Lasfargues JJ, Ten Cate JM, Millier C. La reminéralisation des lésions carieuses : synergie thérapeutique. Réal Clin 2004 ; 15(3) : 261-275.
7. Miara P. Un nouveau système d’éclaircissement chimique des dents vitales. Inf Dent 2005 ; 87(5) : 168-171.
8. Dosley KJ, O’Neill M, Croll TP. Enamel micro-abrasion a microscopic evaluation of the abrosion effect. Quintessence Int 1992 ; 23 : 175-179.
9. Haywood VB, Leech T, Haymann HO et al. Nightguard vital bleaching : effects on enamel surface texture and diffusion. Quintessence Int 1990 ; 21 : 801-806.
10. Hattab FN et al. Dental discoloration : an overview. J Aesth Dent 1999; 11: 291-300
11. Ting MS, Eichmiller FC. Amorphous calcium Phosphates for teeth mineralization. Compendium 2004 ; 25(1) : 9-13.
12. Livre CdP (13)Faucher AJ, Pignoly C, Koubi GF, Brouillet JL. Les dyschromies dentaires de l’éclaircissement aux facettes céramiques. Guide clinique : 63113. Paris : Editions CdP, 2001. 13. Touati B, Etienne JM. Extensive aesthetic rehabilitation with Cad Cam all ceramic crown restoration. PPAD 2000 ; 12 : 661-665.

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A propos de l'auteur

Dr. Alexandre MIARA

Chirurgien-dentiste
D.U implantologie Chirurgicale et prothétique Paris VII
Post Graduate in Implantology New York University

Dr. Thierry ROUACH

Chirurgien dentiste D.U implantologie Chirurgicale et prothé-tique Paris VII
Post Graduate in Implantology New York University
SFDE

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