Les problèmes fonctionnels et principalement ceux liés à la déglutition sont une préoccupation majeure pour la majorité des orthodontistes. A l’origine de la plupart des dysmorphoses, la correction des dysfonctions fait partie à part entière du plan de traitement qui intègre de plus en plus une phase de rééducation.
Différentes stratégies peuvent être mis en œuvre :
- pour les plus optimistes espérer que la normalisation de l’occlusion, grâce au traitement mécanique, va modifier les messages proprioceptifs montant vers le cortex et donc modifier les messages efférents provenant des zones motrices comme cela se passe naturellement chez 60% des enfants à l’âge de quatre ans. Il s’agit d’une rééducation qualifiée par les neuro sciences de type bottom-up, sans aucune participation corticale, mais dont la réussite diminue de plus en plus lorsque l’on s’éloigne de la fenêtre physiologique où ce changement se produit naturellement, c’est à dire avant l’évolution des premières molaires définitives.
- le recours à l’orthophonie ou à la kinésithérapie : il s’agira là d’une rééducation de type top- down c’est à dire qu’il faudra dans un premier temps que le patient prenne conscience du geste qu’il effectue puis du geste qu’il doit effectuer.
Modifier un programme moteur passe par des modifications biochimiques.
« L’apprentissage débouche sur une modification de la force des connexions synaptiques entre des cellules spécifiques du circuit nerveux qui véhiculent le comportement » Eric Kandel Ses travaux sur la modification des programmes moteurs ont été récompensés en 2000 par un Prix Nobel.
Il a en effet démontré que dans ce cas d’exercices, il y avait une augmentation des neurotransmetteurs au niveau de la synapse mais que l’on était dans la mémoire à court terme. Seules de multiples répétitions des exercices pouvaient faire passer ce programme dans la mémoire à long terme par une réorganisation du génome du noyau neuronal. (Pimenidis.G)
Le taux de réussite est assez décourageant.
Un nouveau dispositif que l’on porte 15 minutes par jour en regardant la télévision permet d’enregistrer le bon programme très rapidement dans la mémoire à long terme : le Froggymouth qui agit en bottom-up en stimulant la production d’une nouvelle protéine, l’AMPkinase dont c’est le rôle.
Initialement conçu pour les enfants, il a montré son efficacité sur les adultes, ce qui est un avantage majeur pour les omnipraticiens quand on sait que 30 % des adultes sont en déglutition atypique et que leurs activités professionnelles ne leurs permettent pas d’avoir recours à des traitements orthophoniques chronophages.
Le déséquilibre musculaire induit par la dysfonction pénalise l’omnipraticien dans son exercice quotidien aussi bien en prothèse qu’en parodontie.
Par une action de cross talk la modification des circuits neuronaux contrôlant la déglutition entraînera des modifications d’autres circuits neuronaux notamment au niveau de la respiration et de la posture
Bibliographie
1. BEAR Mark .CONNORS Barry. PARADISO Michael. Neurosciences à la découverte du cerveau .4eme éditions. Editions Pradel 2016
2. FELLUS Patrick De la dysfonction à la dysmorphose. Apport de Froggymouth Edition Orthopolis 2016
3. PIMENIDIS Z. The neurobiology of orthodontics Spinger 2009
4. ROSSI Jean-Pierre Les mécanismes de l’apprentissage De Boeck -Solal. 2014.