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Comment démarrer en implantologie ?

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Franchir le pas et se lancer dans LA discipline de ces dernières années. Tentant ! Oui, mais comment et par où commencer ? Un sujet incontournable pour cet article inaugural du premier cahier de formation continue du Fil Dentaire.

Une patiente que vous soignez depuis de nombreuse années vous consulte, pleine d’espoir. Elle est jeune mais elle porte depuis quelques années déjà un « stellite ». Elle s’est renseignée sur Internet, des amis et des membres de sa famille qui sont déjà passés par là l’ont encouragée et elle franchit le pas. Décidée et motivée, elle vous demande de la débarrasser de cet appareil qui la gène et la complexe, et d’envisager une réhabilitation prothétique implanto-portée.

Problème ! Vous ne posez pas d’implants, vous ignorez les techniques de réhabilitation prothétique implanto-portée et vous ne savez même pas à qui l’adresser ou qui pourrait vous aider. Vous vous défaussez en lui disant que son appareil est encore fonctionnel et très esthétique et que l’implantologie est une discipline récente et expérimentale qui doit encore faire ses preuves mais vous lisez dans son regard de la déception. Vous la raccompagnez à la porte de votre cabinet en sachant qu’elle ira chercher sa solution chez un confrère…
Ce n’était pas la première fois que cela vous arrivait mais aujourd’hui vous décidez que ce sera la dernière. Vous venez de prendre la décision de démarrer une activité implantaire pour ajouter cette corde à votre arc thérapeutique. Mais comment démarrez ?

Comment démarrer ?

Diagnostic

Avant cette question, j’en poserai une autre : par quoi démarrer ? Effectivement, l’implantologie est subdivisée en chirurgie implantaire et prothèse implantaire.
Vous avez le choix soit de réaliser les prothèses après avoir délégué l’acte chirurgical à un confrère, soit de prendre en charge la totalité du traitement, depuis la planification du plan de traitement jusqu’à la pose de la prothèse en passant par la mise en place des implants.

C’est complètement faux ! Tout dépend de vos goûts et de votre expérience professionnelle.

Si la chirurgie buccale vous a toujours passionné, que l’avulsion des dents de sagesses incluses et les traitements parodontaux sont votre tasse de thé, alors la chirurgie implantaire ne vous fera pas peur. Vous pouvez commencer votre apprentissage. Si par contre, depuis le début de votre activité, vous déléguez votre chirurgie à un confrère et que « lever » un lambeau ne vous a jamais transcendé, alors limitez pour l’instant votre activité implantaire à la prothèse. Vous devrez commencer par chercher un confrère implantologiste et apprendre à réaliser la prothèse implantaire. Rien ne s’oppose par la suite à ce que, conseillé par votre confrère, vous vous lanciez dans la chirurgie implantaire.

Commencer en chirurgie implantaire

Les diplômes d’universités (DU)

À mon sens, pour commencer en chirurgie implantaire, la voie royale, c’est le DU. Les DU durent en général deux ans. Ils sont quelquefois précédés d’une attestation universitaire en implantologie. Ils demandent pour la plupart deux journées de formation par semaine pendant 9 mois, soit une année universitaire. Les inscriptions s’élèvent de 1 500 à 2 000 euros par an selon les facultés, auxquels on doit ajouter des frais de scolarité annuels de 400 à 500 euros en moyenne. Ils proposent une formation théorique et pratique en chirurgie et prothèse implantaire. Ils vous permettent d’intégrer, à votre rythme, au fil du temps, cette nouvelle discipline, d’échanger avec des universitaires ayant une grande expérience en implantologie dentaire et de confronter avec eux vos premiers cas cliniques rencontrés au cabinet. Les DU ne sont, théoriquement, associés à aucune marque d’implant : on vous délivrera par conséquent un enseignement objectif sur les différents systèmes implantaires en les comparant les uns aux autres.

Cependant, tous les DU n’ont pas le même niveau. Leur niveau dépendra de l’expérience due à l’ancienneté et de la qualité des enseignants. Dans certains DU, les responsables invitent même des « guest star » étrangers pour animer certain cours. Privilégiez les DU dont vous connaissez les enseignants pour leurs qualités et leur sens de la pédagogie. Il faut vous montrer exigeant et ne pas hésiter à changer de ville pour trouver le DU qui vous corresponde le mieux et où l’enseignement sera le plus profitable.

Dans certains DU, la pratique est quasiment inexistante. Préférez les DU où vous aurez la garantie de poser un grand nombre d’implants. Certains confrères ne posent toujours pas d’implant dans leur cabinet, malgré l’obtention de leur diplôme à cause du manque d’expérience pratique acquise pendant leur cursus.
Revers de la médaille, les DU sont pris d’assaut et le décalage entre l’offre (5 à 10 places par an) et la demande, place les candidats sur des listes d’attente et les contraint à chercher d’autres solutions.

Les sociétés scientifiques

De nombreuses sociétés scientifiques sont venues combler cette carence. Elles ont un programme souvent calqué sur celui des DU, avec un enseignement plus concentré dans la durée, les formations s’étalant de 4 à 5 mois dans leur grande majorité, à raison de deux à trois journée par semaine. Les prix de ces formations tournent autour de 3 000 à 3 500 euros pour un cycle complet, selon les sociétés.

L’intérêt de ces formations est la proximité que vous pouvez avoir avec l’équipe enseignante qui guidera vos premiers pas. Ici encore, il faudra choisir les sociétés dont les enseignants seront connus pour leur expérience et leur pédagogie et où vous aurez la garantie de poser vous-même beaucoup d’implants pendant la formation. Regarder des vidéos, c’est bien. Regarder des confrères poser des implants en « live », c’est mieux, mais poser soit même des implants, assisté par un confrère plus expérimenté : c’est cela l’apprentissage.

Les sociétés commerciales

Toutes les sociétés qui commercialisent des implants ont mis en place des formations allant de l’initiation à la chirurgie implantaire avancée. Leur programme encore une fois est calqué sur celui des DU. Dans la quasi-totali- té des cas, ces formations sont théoriques et vous n’aurez pas d’occasion d’intervenir sur des patients. Mais ces sociétés vous proposent souvent en plus des formations « à la carte » qui vous permettent de choisir ce qui vous intéresse et de progresser à votre rythme selon vos envies : communiquer en implantologie, la première consultation implantaire, la formation de l’assistante, la préparation du bloc, etc.

Il vous est possible de vous former complètement et uniquement dans ce type de société ou de vous former ailleurs et de venir « piocher » des réponses précises à des questions qui restaient en suspens. Le mieux est de choisir des sociétés ayant un grand panel de formations en chirurgie et en prothèse avec une expérience avérée dans le domaine de la formation.

La différence par rapport aux DU ou aux sociétés scientifiques où l’on vous décrira tous les grands systèmes implantaires, c’est qu’ici, on ne vous parlera bien sûr que d’un seul système. Rien n’est jamais définitif et tout peut évoluer mais, malgré tout, si vous suivez toute votre formation initiale dans une société commerciale, votre pratique sera fortement influencée et conditionnée par cette marque. Il est donc évident que vous devez choisir une marque qui corresponde à votre philosophie et à l’idée que vous vous faites de votre exercice. Renseignez- vous sur l’expérience de la société, la qualité de ses produits et de ses formations, la pérennité de la marque, sa rigueur en matière de recherche et développement, le service assuré, et la proximité que vous offre cette marque.

Je ne peux pas clôturer cette partie sans vous dire que « débuter en chirurgie implantaire » demande un certain investissement : Il faut compter environ 12 000 euros pour le moteur, le petit matériel spécifique à l’implantologie, la trousse et les premiers implants. Concernant le « bloc », il n’a pas de caractère obligatoire mais il est préférable (et plus pratique) d’avoir une salle dédiée à l’implantologie.

Commencer en prothèse implantaire

La prothèse implantaire est facile, beaucoup plus facile que la prothèse conventionnelle. Par votre formation initiale et votre activité, vous avez déjà appris toutes les règles et les exigences de la prothèse dentaire conventionnelle. Cette connaissance est le socle de la réalisation de prothèse implanto-portée. Les techniques particulières d’empreintes sur implants sont faciles et rapides à apprendre.

Pour vous lancer en prothèse implantaire, les DU généraux enseignant chirurgie et prothèse ne sont à mon sens, pas obligatoire car souvent très axé sur la
chirurgie. Si vous décidez malgré tout de le présenter, cela pourrait être un plus car ils vous permettent de devenir plus « implanto-conscient » et vous permettent d’améliorer votre communication avec le chirurgien-implantologiste. Il existe des DU limités à la prothèse implantaire qui ciblent leurs enseignements sur ce qui vous intéressent mais là aussi les places sont « chères ». En fait, dans le domaine de la formation en prothèse implantaire, les sociétés scientifiques et les sociétés commerciales jouent un grand rôle et vous permettront au moyen de courtes formations de mettre le pied à l’étrier.

À la différence de la chirurgie implantaire, le matériel pour démarrer en prothèse implantaire n’est pas coûteux. Il vous faut un tournevis prothétique, une clé dynamométrique et des transferts. Selon les marques, ce kit coûte entre 300 et 400 euros.

Une autre façon de se former en prothèse implantaire est de profiter d’un système qui à ma connaissance n’existe en odontologie que dans la discipline implantaire : le « mentorat ».

Le « mentorat »

Le « mentorat » est un système qui a été mise en place par les grandes marques implantaires, il y a de nombreuses années déjà. Il consiste à affecter par secteur géographique et par affinité un « mentor », un praticien plus expérimenté, à un groupe de candidat à la formation implantologique. Ce mentor, qui posera les implants pour ses correspondants, va contribuer à former ses confrères, il pourra les « coacher » en leur conseillant des formations, répondre à leurs interrogations, les aider à réaliser leurs premiers plans de traitement. Il va également les assister dans leurs premières prises d’empreintes et poses de prothèses. Il sera également présent lors d’un échec éventuel pour répondre à leurs interrogations. Le choix de ce correspondant est, bien sûr, primordial dans la stratégie de développement de votre pratique implantaire. Vous devez choisir un correspondant suffisamment expérimenté pour pouvoir répondre à vos attentes et suffisamment disponible pour être joint quand vous aurez besoin de lui.

Comment choisir ce « mentor » ? Si vous avez déjà choisi votre marque d’implant, il suffit de demander au représentant de votre secteur de vous présenter un confrère en lui précisant vos attentes. Vous pouvez également le rencontrer lors d’une formation et apprécier ses compétences et son sens de la pédagogie. Vous pouvez aussi vous renseigner auprès de confrè- res qui ont déjà franchi le cap. Vous pouvez enfin interroger votre prothésiste qui vous connaît sans doute depuis longtemps et qui pourra vous mettre en contact avec un confrère issu de sa clientèle.

Sortez couverts

Quelle que soit le type d’activité que vous allez choisir et donc même pour la prothèse implantaire, la plupart des compagnies d’assurance en responsabilité professionnelle vous demande payer une sur- prime. N’oubliez donc pas de signaler votre début d’activité implantaire.clinic-formation-comment-demarrer-en-implanto-3

Conclusion

L’odontologie moderne « bat » au rythme de l’implantologie. Il n’est plus possible aujourd’hui de faire l’impasse sur cette thérapeutique. Ne pas proposez de réhabilitation prothétique implanto-portée quand c’est justifié représente plus qu’une carence, c’est une faute !
En France, nous sommes en retard par rapport aux autres pays européens. En Espagne, en Angleterre, en Allemagne, l’implantologie s’est développée de façon à répondre aux besoins de la population. Les universités, les sociétés scientifiques et les sociétés commerciales ont développé sur tout le territoire national un réseau de formations qui répond à tous les besoins de la profession. Tout est prévu pour que chacun puisse y trouver la formation qui correspond à son niveau et à ses attentes.
Alors, action !

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A propos de l'auteur

Dr. Norbert COHEN

Rédacteur en chef du magazine LEFILDENTAIRE
Implantologie dentaire
Stomatologue
Docteur en médecine
Diplomé de l'institut de stomatologie et de chirurgie maxillofacial de Paris
Diplômé d'implantologie dentaire
Post graduate de parodontologie et d'implantologie de l'université de New-York
Diplomé de chirurgie pré et peri implantaire
Ex attaché des hopitaux de Paris
Diplômé d'expertise en médecine bucco-dentaire

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