On n’a presque plus besoin de présenter Bernard Touati au regard de la notoriété qu’a acquise son nom. Il y a pourtant tant de choses à dire sur celui qui depuis ses débuts il y a 46 ans, n’a cessé de se faire l’ambassadeur de la dentisterie esthétique en France.
S’il n’a jamais cessé de se considérer « comme un étudiant », Bernard Touati apprécie aussi de partager les connaissances qu’il a accumulées. Rédacteur en chef d’une revue américaine spécialisée en dentisterie esthétique, auteur et conférencier, il dispense régulièrement des cours à l’international, anciennement au Brésil , à la faculté de Rio de Janeiro et aujourd’hui à la faculté de médecine dentaire Hadassah de Jérusalem, où il est Visiting Professeur.
Difficile aussi de parler de Bernard Touati sans évoquer son amour des arts plastiques, de la peinture et de la photographie en particulier. C’est avec émotion qu’il parle des œuvres qui décorent les murs de son bureau parisien. Peindre est pour lui un exutoire, « un moyen de s’épanouir en dehors de la dentisterie». En effet, les toiles colorées qu’il a réalisées contrastent avec le sérieux et la rigueur qui prévalent chez le praticien au fauteuil. L’une d’elles attire particulièrement l’attention : un tiers de triptyque abstrait, rougeoyant, mélange de couleurs chaudes et de… compresses de gaze apposées sur la toile et recouvertes de peinture pour donner du relief. Un clin d’œil original à son métier. Son enthousiasme artistique ne se limite pas à la peinture sur chevalet et le dentiste globe-trotter profite de chacune de ses escales internationales pour parcourir les rues à la recherche d’artistes Street Art à rencontrer et d’œuvres à photographier.
Bernard Touati revient au cœur de l’actualité dentaire au lendemain du lancement de son concept On1, dispositif pensé pour avantageusement remplacer les moignons de cicatrisation.
Entretien avec ce dentiste star, ou dentiste des stars.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce nouveau concept que vous avez développé, On1 ?
On1 est un concept de dentisterie restauratrice innovant et breveté, conçu pour améliorer l’intégration tissulaire des implants. Mon ami Éric Rompen, parodontiste chevronné, chef du département de Parodontologie à l’université de Liège et moi l’avons conçu en collaboration avec les ingénieurs de Nobel Biocare.
C’est un concept d’abutment novateur qui, à l’inverse des moignons de cicatrisation habituels, qui doivent être déposés, est laissé en place ne blessant pas la barrière muqueuse et permettant toutes les options prothétiques, scellées, vissées, ou les empreintes numériques. Bien accepté par les tissus, On1 permet de stabiliser la gencive et limite par conséquent les risques d’apparition de complications bactériennes comme les mucosites et péri-implantites tout en rendant les manœuvres ultérieures faciles, car au niveau gingival.
L’image de marque est devenue un paramètre essentiel à maîtriser pour les cabinets dentaires, à l’heure où les plateformes de notations et d’avis se multiplient sur internet.
Quels sont pour vous les éléments clés à mettre en avant pour renforcer l’image de marque de son cabinet et en forger la réputation ?
Je ne suis pas un adepte des plateformes de notations. Peu fiables, elles sont souvent remplies de faux témoignages générés par des entreprises spécialisées. Selon moi, la réputation d’un cabinet ne se forge pas, elle se construit d’elle-même.
Sur la durée, et à grand renfort de valeurs comme la rigueur et le goût du travail bien fait. Pour être considéré comme quelqu’un de fiable et compétent, il faut avant tout être honnête et objectif sur sa pratique de la dentisterie. Un bon dentiste doit dire ce qu’il fait et faire ce qu’il dit. Aussi, définissez clairement vos points forts et vos faiblesses et mettez en avant les pratiques dentaires que vous maitrisez le mieux.
Vous êtes très bon en dentisterie restauratrice, mais peinez à réaliser certaines opérations chirurgicales ? N’en ayez pas honte. Cantonnez-vous à vos domaines de prédilection tout en vous formant continuellement pour acquérir de nouveaux savoirs et finir par maitriser les procédures qui vous posaient problème.
Pour finir, ne négligez pas l’aspect relationnel et humain de la profession. L’authenticité et l’empathie sont des qualités essentielles pour nouer de saines et solides relations patient-praticiens. S’il se sent écouté, épaulé et compris, un patient n’hésitera pas à revenir vous voir et sera prêt à vous recommander à ses proches le cas échéant.
Vous comptez dans votre patientèle parmi les stars les plus connues et les personnages d’État les plus influents à travers le monde. Comment vous êtes-vous taillé au fil des ans cette solide réputation à l’international ?
Je pourrais dire que j’ai eu de la chance. Mais comme disait Oscar Wilde, « la chance est un talent ». Encore une fois, tout est dû au bouche-à oreille et aux rencontres que j’ai faites. Les patients à qui j’ai eu affaire m’ont conseillé à leurs proches, qui l’ont fait à leur tour et ce faisant, mon nom est arrivé aux oreilles de personnages importants, des chefs d’états et des patrons de grandes entreprises par exemple.
Comme tout le monde, ces grands noms veulent avoir affaire à quelqu’un de compétent qui sache les mettre en confiance et les traites avec respect.
Ils ne veulent pas d’un dentiste courtisant, mais de quelqu’un qui leur dise les choses quand elles doivent être dites sans être impressionné et bridé par leur position.
Les personnages importants doivent être traités comme des êtres humains normaux !
Surtout, il faut savoir reconnaitre les limites de sa compétence et rediriger les patients vers des confrères plus qualifiés dans des domaines précis. Et pour se faire, il est essentiel de se construire un réseau de praticiens spécialistes fiables avec lesquels collaborer. Certains considèrent encore cela comme un aveu de faiblesse quand c’est en fait un réel gage de professionnalisme.
Vous avez su vous faire une place sous les lumières du secteur de la dentisterie française et mondiale. Vos conférences sont courues par vos confrères et vous êtes entouré d’une aura d’innovateur, voire d’avant-gardiste.
Vous étiez parmi les premiers à sentir l’importance qu’allait prendre le numérique en dentisterie. Quelles sont les technologies incontournables du cabinet d’aujourd’hui et de demain ?
Le numérique et les nouvelles technologies ont bouleversé la dentisterie à tous les niveaux. Aujourd’hui, aidés par les avancées réalisées en matière d’imagerie 3D, nous entrons dans l’ère de la dentisterie du virtuel, qui autorise la planification et l’anticipation.
Cela rend par conséquent les opérations moins invasives et plus prévisibles tout en augmentant leurs chances de succès à long terme.
Le Cone Beam, par exemple, s’est rapidement rendu indispensable à l’exercice de certaines disciplines comme l’implantologie. S’adonner à celles-ci sans système d’imagerie 3D est aujourd’hui un manquement proche de la faute professionnelle au regard des informations sur lesquelles le praticien fait l’impasse. À l’avenir, j’attends beaucoup de technologies comme les moulages par injection ou l’impression 3D qui commencent à se démocratiser.
Attention toutefois, il ne faut pas oublier que ces instruments perfectionnés ne sont que les vecteurs de votre savoir-faire. Tout comme la décoration d’un restaurant ne fera pas oublier aux clients ce qu’ils ont dans l’assiette, le fait que vous soyez équipé en matériel dernier cri n’aura que peu d’influence sur l’image de votre cabinet si la finition des soins ne comble pas les attentes des patients ou que vous n’arrivez pas à les mettre en confiance.
Chirurgien-dentiste en exercice, auteur, conférencier international, peintre et photographe à vos heures et maintenant co-créateur d’un concept innovant en implantologie, présenté à New York le 22 juin dernier, vous avez réussi à faire de la dentisterie une discipline scalable. Avez-vous un message à passer à vos confrères qui souhaitent diversifier leur activité ?
Je ne peux que leur conseiller de se lancer. Poster de belles images dans les réseaux sociaux ne suffit pas ! À condition qu’ils soient prêts à y consacrer du temps, écrire est la base de la transmission des connaissances.
C’est dû à l’époque dans laquelle nous vivons, mais certains collègues ne prennent plus le temps de prendre du recul. Ils pensent dans l’immédiateté en se disant qu’il n’est pas nécessaire de traiter le fond d’un sujet étant donné qu’il sera probablement remis en cause par les avancées de la dentisterie de demain. J’ai participé à l’écriture de 4 livres (2 écrits en auteur principal, 2 en tant que coauteur, NDLR) et chacun d’eux a demandé plusieurs années de travail préparatoire et de recherche.
De même, la conception d’On1 nous aura demandé près de cinq années de travail quasi ininterrompu. Pour autant, les notions fondamentales que nous développions n’ont pas été remises en cause en cours de route.
Aussi, la dentisterie est une discipline aussi stimulante qu’elle est exigeante pour le corps et l’esprit. Il faut rester concentré et précis dans les gestes du début à la fin d’opérations qui peuvent durer longtemps.